Partout au Canada, la pratique du sport, amateur ou professionnel, reprend peu à peu après de longues semaines d’arrêt. Depuis la mi-mai, plusieurs associations sportives du pays ont d’ailleurs demandé aux gouvernements provinciaux de procéder au déconfinement des sports extérieurs en premier, et ensuite, de ceux pratiqués dans des espaces clos.
En effet, dès le début du mois de juin, les clubs appartenant à la fédération Gymnastique Québec ont lancé la campagne #NousSommesPrets expliquant aux autorités que suivant leurs recommandations, des comités d’experts avaient mis au point un plan de relance détaillé afin de recommencer ce sport dans un environnement sécuritaire, « réinventé et adapté à toutes ses clientèles »
La fédération a également insisté sur le fait que le sport est essentiel pour le bien-être des jeunes et les aide également à réduire le stress, l’anxiété et les symptômes de dépression.
Nous avons demandé à Nicolas Moreau, professeur à l’école de service social de l’Université d’Ottawa, et à Brice Favier-Ambrosini, docteur en Sciences de l’activité physique et coordonnateur du RÉSEAU – Pour un développement psychosocial par le sport et le plein air, de répondre à nos questions en lien avec la reprise des sports. Ils l’ont fait ensemble.
Les deux chercheurs accordent une importance majeure à la reprise des activités sportives.
Les sports en équipe permettent quant à eux de réapprendre à socialiser après une longue période de confinement, ce qui est un apprentissage essentiel puisque nous sommes avant tout des êtres sociaux.
Les chercheurs se posent même la question à savoir si notre santé sociale, assurée par les sports d’équipe notamment, n’a pas été la grande oubliée de cette pandémie. Pour eux, la reprise des sports extérieurs en équipe a certainement un impact sur cette dimension spécifique de la santé.
Le jeu et la santé
On a souvent dit que les enfants apprennent par le jeu. Après ce long confinement, le sport et les jeux deviennent indispensables à la santé mentale des jeunes, croient Nicolas Moreau et Brice Favier-Ambrosini.
Cette dimension est d’autant plus importante chez l’enfant et l’adolescent, notamment du point de vue des questions de santé mentale que de nombreux travaux en psychologie soulignent. Un des aspects les plus saillants concernant la problématique liée aux périodes de confinement et de déconfinement s’inscrit dans la nature profondément sociabilisante des jeux sportifs et de l’activité physique en général.
Plusieurs études sociologiques notamment, ont montré que la logique interne du sport (et entre autres en équipe) permettait de développer une sociabilité chez les pratiquants, à la fois dans le moment de la pratique, la communication verbale et non verbale engagée pendant les activités physiques et sportives par exemple, mais également dans les périodes qui entourent l’activité en tant que telle, les moments de regroupement pré ou post-activité.
Selon ces deux chercheurs, les activités sportives permettent aussi de créer un espace-temps particulier qui encourage le développement d’une sociabilité nécessaire au développement psychologique de l’enfant et de l’adolescent.
Ainsi, disent-ils, l’effet le plus positif du déconfinement en ce qui concerne la santé mentale des jeunes s’inscrit très probablement dans un retour du lien social spécifiquement permis par le jeu sportif collectif, qui a été suspendu pendant la période de confinement.
Et les adultes, ont-ils besoin de jouer ?
En ce qui concerne les adultes, la dimension sociale du sport est également fondamentale et le déconfinement a permis de retrouver ce lien social important pour la construction psychologique globale de l’individu, croient Nicolas Moreau et Brice Favier-Ambrosini.
Alors, disent-ils, accepter que le retour doive se faire de façon progressive sera également important sur le plan de la santé mentale.
Bien vivre la différence de niveau de performance entre l’avant et l’après confinement aidera le bien-être psychologique, particulièrement l’estime de soi.
Reprise des sports : avoir hâte et être inquiet, en même temps
Un récent sondage de la firme Abacus Data a montré que plus d’un adulte canadien sur quatre (27 %) participait régulièrement à un sport organisé ou à une activité physique de groupe avant la pandémie. Comme on pouvait s’y attendre, les jeunes Canadiens étaient beaucoup plus nombreux à y participer : 43 % des 18 à 29 ans et 32 % des 30 à 44 ans ont déclaré avoir pratiqué un sport organisé ou une activité physique en groupe avant la pandémie.
Ce même sondage suggère que bien que les Canadiens souhaitent reprendre les sports organisés et les activités physiques de groupe après la pandémie, il faudra peut-être du temps pour que certains se sentent à l’aise de le faire.
Les personnes interrogées ont fait part d’une certaine hésitation à revenir aux sports organisés, mais la plupart se sentiraient à l’aise de le faire dans les mois qui suivent.
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