Le prix record du bois d’œuvre vient ajouter des milliers de dollars aux coûts de construction des maisons. Il pousse les entreprises du secteur du bois au pays vers de nouveaux sommets sur les marchés boursiers. Tout cela vient ajouter de la pression sur les épaules des constructeurs et des acheteurs.
Une planche de bois Photo : Radio-Canada/Martin Thibault
Au cours des six dernières semaines, on a assisté au Canada à une hausse de 60 à 100 % des prix des produits de bois de base. Ces prix continuent d’augmenter chaque semaine. Les petits entrepreneurs craignent que les grandes entreprises de construction ne viennent aggraver les pénuries en utilisant leur plus grand pouvoir d’achat pour faire des réserves de bois. Cela aurait un effet inflationniste.
Pour le moment, les constructeurs estiment que les augmentations du prix pour le bois d’oeuvre canadien et des panneaux de construction provoquent un bond de 8000 à 10 000 $ pour construire une maison individuelle typique au pays.
Cela pourrait avoir des conséquences sévères pour les acheteurs de nouvelles maisons également aux États-Unis. Les principaux acheteurs du bois d’oeuvre canadien sont américains. Ce marché représenterait près de 75 % de toutes les exportations canadiennes de bois d’oeuvre.
Rob Fordham, président de Kilrich Building Centres à Whitehorse, dans le nord du Canada, estime que la situation est sans précédent, du moins dans sa carrière. (Philippe Morin/CBC)
Une demande insatiable pour le bois canadien
Un employé de Carpenter’s Construction mesure une pièce de bois pour une maison en bois rond à l’extérieur de Whitehorse au Yukon. (Philippe Morin/CBC)
Cette flambée des prix du bois qui sera probablement transférée aux consommateurs est la conséquence d’une forte demande pour les rénovations et les nouveaux logements qui dépasse l’offre.
L’augmentation de la demande est alimentée par les personnes travaillant à domicile pendant la pandémie et par la vigueur du marché du logement au Canada et aux États-Unis qui est elle-même alimentée par le fait que les consommateurs apprécient davantage être propriétaire de leur environnement en cette période difficile. La demande est également attisée par des taux d’intérêt extrêmement bas.
L’offre de nouvelles résidences a quant à elle chuté, car plusieurs usines de bois d’oeuvre en Colombie-Britannique et en Alberta ont été fermées au cours de la dernière année en raison d’une pénurie de fibres de bois après une infestation d’insectes s’attaquant au pin et à de récents incendies de forêt. Or, il est peu probable que ces usines rouvriront bientôt. Aussi, de nombreuses usines nord-américaines ont temporairement réduit leur production depuis mars à cause de la pandémie de COVID-19.
La production canadienne de bois d’œuvre a ainsi diminué de 18,9 % en mai. Aux États-Unis, la production a chuté de 6,8 %.
La pénurie de contreplaqué pourrait ralentir les projets de construction de nouvelles maisons cet automne. (Paul Palmeter/CBC)
Des producteurs incapables de répondre à la demande
La production de bois d’œuvre a donc été inférieure d’environ 1,6 milliard de pieds-planche en avril et mai par rapport aux mêmes mois en 2019, selon un rapport de RBC Dominion Securities. Cela équivaut à retirer environ 4,5 % de la production totale de 2019 en Amérique du Nord.
Les prix record poussent le secteur du bois vers de nouveaux sommets sur le TSX. Vendredi de la semaine dernière, la société West Fraser Timber Co. Ltd, Interfor Corp. et Canfor Corp. ont tous atteint un nouveau record de 52 semaines à la Bourse de Toronto.
Mercredi de cette semaine, cinq entreprises du secteur du bois cotées à la Bourse de Toronto ont atteint de nouveaux sommets, soit West Fraser Timber Co. Ltd, Interfor Corp, Canfor Corp, CanWel Building Materials Group Ltd et Norbord inc. Sans atteindre un sommet annuel, le titre de la société québécoise Produits forestiers Résolu prenait pour sa part presque 14 %, ou 68 ¢, pour se négocier à 5,55 $.
Selon les analystes, les prix du bois d’œuvre SPF (épicéa-pin-sapin) de l’Ouest ont augmenté de 5,9 % entre vendredi et mardi pour atteindre un nouveau record de 805 $ US par millier de pieds-planche.
Dans le même temps, les panneaux à copeaux orientés, un type de panneau de bois utilisé dans la construction, ont augmenté de 15 $ pour atteindre une fourchette comprise entre 605 et 620 $ par millier de pieds carrés au cours des quatre mêmes jours.
Un rapport de la Banque CIBC note que le prix pour le bois est maintenant 23 % plus élevé que le précédent record de 655 $ au début de juin 2018 et dépasse le record historique de novembre 1996 de 480 $ ou 775 $ en dollars d’aujourd’hui, après ajustement pour l’inflation.
Tout cela va vraiment nuire à la capacité des consommateurs et des constructeurs à mener à bien les projets qu’ils ont sur la table en ce moment. (Philippe Morin/CBC)
RCI avec CBC News et La Presse canadienne
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