Le ministre de l'Environnement et du Changement climatique, Jonathan Wilkinson, a présenté un projet de loi qui vise notamment à forcer le gouvernement fédéral à fixer des cibles nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada.(Photo : Adrian Wyld/La Presse canadienne)

Le Canada présente un cadre pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050

Le gouvernement fédéral a déposé jeudi un projet de loi pour encadrer la lutte contre le réchauffement climatique et s’assurer que le Canada atteindra la carboneutralité d’ici 2050.

Le projet déposé par le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Jonathan Wilkinson, vise à forcer le gouvernement à fixer des cibles nationales de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour 2030, 2035, 2040 et 2045 afin d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Aucune cible n’a été dévoilée pour l’année 2025.

Ce cadre s’applique au gouvernement Trudeau ainsi qu’à tous les gouvernements fédéraux à venir. Celui qui sera au pouvoir lors de ces échéances devrait rendre un rapport sur ses progrès au Parlement à chaque étape. Toutefois, le projet de loin ne prévoit ni mesures contraignantes ni indications claires pour que le pays n’émette plus de GES en 2050.

La seule indication est que le ministre Wilkinson établira les premières cibles de réduction des GES pour 2030 dans les six mois suivant l’entrée en vigueur de la loi-cadre.

Le premier ministre libéral Justin Trudeau a fait de l’environnement une priorité depuis son arrivée au pouvoir en 2015. Durant son premier mandat, il a réussi à imposer une taxe carbone fédérale même si certaines provinces continuent de s’y opposer.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau participe à une conférence de presse aux Jardins ornementaux d’Ottawa, le 19 novembre 2020. (Photo : Blair Gable/Reuters)

Chose promise, chose due. En plus de mettre sur pied des mesures pour arriver à cet objectif de manière transparente, la Loi canadienne sur la responsabilité en matière de carboneutralité sera une étape fondamentale vers une relance durable et une économie compétitive à long terme, a déclaré le premier ministre lors d’une conférence de presse au centre-ville d’Ottawa.

Rappelons que le Canada, grand exportateur de pétrole, est l’un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre par habitant du monde. Au cours des 30 dernières années, le Canada a fait part de plusieurs objectifs pour réduire les émissions polluantes, mais aucun d’entre eux n’a été atteint.

« Nous n’avons pas à choisir entre l’air pur et les bons emplois », a ajouté M. Trudeau, en précisant que le Canada devait suivre le rythme de ses concurrents qui prenaient des mesures plus énergiques.

Des réactions mitigées

En réponse à ce projet de loi, le Parti vert du Canada s’est dit déçu, reprochant au gouvernement d’attendre, encore, avant de fixer une cible de réduction des gaz à effet de serre pour 2030

« Nous n’avons pas vu un plan qui est crédible et c’est très décevant de voir le gouvernement ne pas saisir cette opportunité », a déclaré la chef du parti, Annamie Paul, ajoutant que son parti ne voterait pas en faveur de ce projet dans sa forme actuelle.

Le Nouveau Parti démocratique qualifie également cette approche environnementale de « timide » et d' »insuffisante » malgré que ce soit un « pas dans la bonne direction ».

Le Parti conservateur, opposition officielle, a quant à lui déclaré que les Canadiens craignaient que M. Trudeau ne prévoie d’augmenter considérablement les taxes sur le carbone et que ce projet manquait de transparence.

Pour les organismes environnementaux, le fait que ce projet de loi met en place un comité d’experts qui fixera les cibles à atteindre et les mesures à prendre est positif, car il pourrait conduire à la prise de décisions moins politiques. 

Ils se réjouissent également du fait que ce cadre continuera après le gouvernement Trudeau.

Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace Canada (Étienne Côté-Paluck/Radio-Canada)

Greenpeace Canada, Équiterre ainsi que Réseau Action Climat Canada, une coalition d’organismes environnementaux, salue cette décision attendue depuis longtemps. 

«Cette loi est un important pas en avant pour que le gouvernement respecte des cibles climatiques basées sur la science, a déclaré Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie pour Greenpeace Canada. Mais ses mesures d’application devront montrer leur mordant bien avant 2030. »

Cette nécessité d’en faire plus est partagée par les trois organismes qui demandent notamment qu’une cible soit établie pour 2025 et que des mesures plus contraignantes soient mises en place pour respecter les engagements de réduction des GES.

« Les prochaines années sont cruciales pour affronter l’urgence climatique et nous ne pouvons nous permettre d’attendre. La reddition de comptes devrait commencer dès maintenant, pas en 2030 », a dit Marc-André Viau, directeur des relations gouvernementales d’Équiterre.

« Le projet de loi met aussi l’accent sur l’obligation du ministre de faire rapport, plutôt qu’une obligation à respecter ses engagements en matière de climat », a ajouté Réseau Action Climat Canada.
« C’est une autre chose que nous travaillerons à changer à travers le processus d’amendements. »
Avec les informations de Radio-Canada et Reuters. 

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Catégories : Environnement et vie animale, Politique
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