La sénatrice canadienne Lynn Beyak, qui a été expulsée du caucus conservateur pour ses commentaires et qui avait par la suite été suspendue temporairement sans salaire du Sénat en mai 2019, pourrait de nouveau faire face à une sanction de ses collègues sénateurs.
La sénatrice manitobaine Mary Jane McCallum entend déposer une motion à la Chambre haute pour expulser Beyak de nouveau, car la première suspension s’est « terminée prématurément » avec la prorogation du Parlement en août dernier et ne constituait donc pas, selon elle, une punition suffisamment sévère.
Un comité d’éthique du Sénat avait recommandé en juin que la suspension d’un an de Lynn Beyak de la Chambre haute soit tout simplement levée parce qu’elle avait suivi une formation antiraciste et s’était excusée d’avoir publié des lettres qualifiées de racistes sur les peuples autochtones du pays qu’elle avait publiées sur son site web de sénatrice.
Mme McCallum, membre d’un groupe de sénateurs indépendants qui ne sont donc ni libéraux ni conservateurs, affirme que tout cela a permis « le rétablissement discret » de Beyak en tant que sénatrice en règle, sans que ses collègues ne décident clairement de son sort.
La sénatrice McCallum présentera formellement mercredi une motion demandant l’expulsion de Beyak.
« Si l’on estime que la sénatrice Beyak a mérité son retour, elle devrait avoir le droit de revenir au Sénat par une décision de ses pairs, et non pas simplement parce que le temps de sa suspension est écoulé », a dit la femme d’origine crie dans un communiqué.
L’erreur des lettres racistes de Lynn Beyak
Le conseiller sénatorial en éthique, Pierre Legault, a conclu en mars 2019 que cinq des lettres publiées sur son site de sénatrice et qu’elle a refusé de retirer contenaient un contenu raciste en suggérant que les Autochtones sont des paresseux, des pleurnicheurs chroniques qui exploitent la question des pensionnats pour obtenir de l’aide du gouvernement.
La sénatrice y maintenait que les pensionnats avaient eu des effets positifs dans la vie des enfants autochtones. Dans ses lettres, elle décrivait les Autochtones comme étant inaptes.
Mme Beyak, qui avait été nommée par l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper, avait été expulsée d’abord du caucus des sénateurs conservateurs en janvier 2018 pour avoir mis les lettres racistes sur son site web financé par les contribuables.
En février 2020, elle avait été suspendue par ses collègues pour le reste de la session parlementaire après avoir échoué à une formation antiraciste qui lui avait été imposée après l’affaire des lettres au contenu raciste.
Elle s’est présentée comme une défenseure de la liberté d’expression et une victime de la rectitude politique lorsque ses collègues sénateurs s’apprêtaient à voter en bloc pour la suspendre sans salaire. Dans un discours au sénat de 15 minutes, Mme Beyak avait assimilé sa suspension au cauchemar totalitaire décrit par George Orwell dans son roman dystopique 1984.
Elle a refusé pendant près d’un an de supprimer les lettres, se présentant comme une championne de la liberté d’expression et une victime du politiquement correct. Elles ont finalement été supprimées de son site web par l’administration du Sénat.
Elle a fini par s’excuser et a accepté de suivre une formation de sensibilisation culturelle, mais le comité d’éthique a jugé que les premières excuses étaient superficielles et la formation un fiasco.
Elle n’en est pas à sa première controverse
En octobre dernier, la sénatrice Lynn Beyak avait de nouveau fait la une de tous les médias canadiens en raison d’un don qu’elle avait fait à la campagne de réélection de Donald Trump.
Lynn Beyak avait fait ce don au Comité national républicain, en mai dernier, malgré une loi électorale américaine qui interdit les contributions aux campagnes électorales provenant de ressortissants étrangers. Ceux qui s’engagent sciemment et délibérément dans ces activités peuvent faire l’objet d’une action en justice par la Commission électorale américaine.
Le bureau de la sénatrice de l’Ontario avait affirmé que ce don avait cependant été fait par « erreur ».
Les informations livrées en ligne accompagnant ce don comportaient des mensonges concernant la sénatrice. Elle indiquait que son lieu de résidence principale était dans la ville de Dryden dans l’État de New York. Elle fournissait même un code postal valide dans cette ville.
Mme Beyak habite bien la ville de Dryden, mais celle se trouvant en Ontario, dans le nord-ouest de la province. Les deux villes du même nom sont séparées par 2116 kilomètres.
En offrant sa contribution, Lynn Beyak avait répondu à la question quelle est votre profession en disant qu’elle était à la retraite. Pourtant, elle est membre de la Chambre rouge et touche un salaire de base de 157 600 $.
RCI avec CBC News et La Presse canadienne
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