Des scientifiques présentent un nouveau modèle de prévision du réchauffement planétaire qui, selon eux, réduit considérablement les incertitudes. (Photo : Miguel Villagran/Getty Images)

Un modèle plus précis pour établir les limites du réchauffement climatique

Si nous continuons à vivre comme nous le faisons aujourd’hui, le réchauffement climatique pourrait devenir particulièrement dangereux entre 2027 et 2042, selon une nouvelle méthode de prévision du réchauffement planétaire.

Cet intervalle est bien plus court que l’estimation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), selon laquelle nous franchirons ce seuil, soit une augmentation de 1,5 degré Celsius de la température mondiale, entre aujourd’hui et 2052.

Il a été obtenu à l’aide d’un nouveau modèle permettant de prédire les températures de la Terre avec une plus grande précision. Cette méthode novatrice a été mise au point par une équipe de chercheurs internationaux qui se sont principalement basés sur des données historiques. 

L’étude publiée dans la revue Climate Dynamics remet notamment en doute la précision des modèles actuels.

Des estimations trop incertaines

Afin de prédire l’évolution des températures, les scientifiques utilisent des modèles climatiques.

Il s’agit de simulations mathématiques prenant en compte différents facteurs qui interagissent entre eux et influent sur l’atmosphère, les océans, les glaces, la surface terrestre et le Soleil.

Selon les auteurs de l’étude, la faiblesse des modèles actuels réside dans le fait qu’ils sont trop incertains.

Les auteurs expliquent notamment que les estimations étaient tellement larges « qu’il était difficile de déterminer les conséquences dans les différents scénarios d’atténuation ».

Le GIEC estime que nous franchirons le seuil d’un réchauffement climatique dangereux, soit une augmentation de 1,5 degré de la température mondiale, entre aujourd’hui et 2052. (Photo : Denis Balibouse/Reuters)

Ils prennent l’exemple des modèles de circulation générale (MCG) utilisés par le GIEC. Ces derniers prédisent que la température moyenne mondiale augmentera de 1,9 à 4,5 degrés, si la concentration de CO2 présente dans l’atmosphère double. 

Cette fourchette donne, d’un côté, un scénario « aux changements climatiques modérés » et de l’autre un scénario laissant « présager des bouleversements catastrophiques », souligne l’étude.

« Les climatosceptiques soutiennent que les prévisions du réchauffement climatique ne sont pas fiables, car elles reposent sur des modèles défectueux de supercalculateurs », indique Bruno Tremblay, coauteur de l’étude et professeur à l’Université McGill à Montréal. 

« Ces critiques, aussi injustifiées soient-elles, mettent en évidence la nécessité d’utiliser des méthodes de prédiction des températures indépendantes et différentes. »

Bruno Tremblay, coauteur de l’étude
Une méthode novatrice

« La nouvelle méthode que nous utilisons pour prédire la température planétaire s’appuie sur des données climatiques historiques, plutôt que sur les relations théoriques mesurées de façon incomplète par les MCG », précise Raphaël Hébert, coauteur et membre de l’Institut Alfred-Wegener à Potsdam, en Allemagne, dans un communiqué.

« Cette méthode permet d’évaluer la sensibilité climatique et son incertitude à l’aide d’observations directes, et ne relève qu’un faible nombre d’hypothèses. »

Le Scaling Climate Response Function (fonction de calcul de l’ampleur de l’action contre les changements climatiques ou SCRF) a été créé afin de faire des projections quant à l’évolution de la température mondiale d’ici 2100.

Ses auteurs avancent que « ce modèle réduit de moitié environ les incertitudes prévisionnelles obtenues à l’aide de la méthode utilisée actuellement par le GIEC ».

Il prévoit notamment que le seuil de 1,5 degré sera dépassé entre 2027 et 2042 en opposition avec les estimations du GIEC qui estiment le passage de ce seuil entre aujourd’hui et 2052. 

Selon les prédictions du SCRF, le réchauffement climatique attendu devrait également être inférieur d’environ 10 à 15 %, comparé à celui annoncé par le groupe onusien. 

En octobre 2018, le GIEC a publié un rapport spécial sur les effets du réchauffement planétaire de 1,5 °C. Il met en exergue un certain nombre de conséquences des changements climatiques qui pourraient être évitées si le réchauffement était limité `1,5 °C. Photo du président du GIEC, Hoesung Lee (à droite), et les coprésidents. (Photo : Fabrice Coffrini/AFP/Getty Images)

Les chercheurs tiennent toutefois à rappeler que « la fourchette d’un réchauffement « très probable » établie à l’aide du SCRF était comprise dans celle obtenue à l’aide des MCG » et que cela rejoignait ainsi les préconisations du groupe de travail international. 

Au contraire, ce nouveau modèle a pour objectif de rendre compte de l’urgence d’agir et d’ainsi influencer les hommes et femmes politiques au pouvoir à travers le monde.

« Les gouvernements s’apprêtent enfin à agir sur la question du changement climatique. Nous devons par conséquent éviter de fournir aux dirigeants des prétextes dont ils se serviront pour affirmer que même les politiques les plus timides suffiraient pour éviter des conséquences dangereuses », a ajouté par voie de communiqué Shaun Lovejoy, coauteur de l’étude et professeur à l’Université McGill.

« Notre modèle climatique de nouvelle génération et ses améliorations rendent plus difficile la tenue de tels propos. »

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Catégories : Environnement et vie animale, International
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