La mine de TMAC Resources à Hope Bay au Nunavut. PHOTO PAR TMAC RESOURCES

Le Canada rejette le rachat d’une mine d’or de l’Arctique par la Chine

L’ambassade de Chine rejette le geste d’Ottawa qui bloque la prise de contrôle par les Chinois d’un projet de mine d’or au Nunavut pour des motifs de sécurité nationale.

Les actionnaires de TMAC Resources dans une proportion de 97 % et ceux de Shandong Gold Mining Co. Ltd. avaient déjà approuvé le rachat, pour 230 millions de dollars, de l’entreprise qui possède le site de la future mine.

En réponse aux questions du quotidien canadien National Post, l’ambassade de Chine a déclaré que cette décision équivalait à une « politisation de la coopération économique normale » entre la Chine et le Canada.

Sur fond de dispute diplomatique entre les deux pays, les investissements chinois au Canada ont diminué sensiblement depuis trois ans, passant de 9,9 milliards de dollars en 2017 à moins de 2 milliards jusqu’à présent en 2020.

(TMAC Resources)

Dernier coup de pioche dans une relation déjà tendue entre les deux pays

Chose certaine, la décision du gouvernement canadien envoie un signal fort à la Chine que ses activités commerciales sont scrutées à la loupe dans le contexte d’une dégradation politique aiguë entre les deux pays depuis l’arrestation arbitraire de deux hommes d’affaires canadiens en Chine.

Ces arrestations ont déclenché une guerre de mots entre les deux pays et ont creusé un fossé commercial qui a pris au piège toute une série d’exportations canadiennes, du canola au porc.

La transaction a été soumise à un examen de sécurité nationale des investissements en vertu de la loi sur l’investissement au Canada.

Un porte-parole du ministère fédéral responsable de la loi a déclaré à la CBC qu’en raison des dispositions de confidentialité, le gouvernement ne peut pas offrir d’explications détaillées.

Un pion dans une confrontation géopolitique internationale?

La nouvelle du rejet de l’offre et la décision du gouvernement de ne pas faire de déclaration officielle n’ont pas surpris Mark Warner, avocat principal du cabinet d’avocats d’affaires internationales MAAW Law.

Dans une interview accordée à CBC News, il a dit que les investissements chinois potentiels dans l’Arctique sont compliqués par les relations tendues entre les États-Unis et la Chine, dans lesquelles le Canada se trouve impliqué en raison de l’extradition possible de la directrice financière de Huawei, Meng Wanzhou, et de l’emprisonnement des deux Canadiens en Chine.

« En plus du durcissement du climat sur une base bipartite en termes de relations entre les États-Unis et la Chine, je ne voyais pas comment nous pourrions approuver l’acquisition d’un mineur chinois […] dans l’Arctique, au Nunavut. Je ne voyais pas comment cela pourrait se produire », a affirmé M. Warner.

« Même si l’or n’est pas un minéral essentiel en soi, l’Arctique est un objectif stratégique essentiel de la Chine, et ce serait certainement un coup de pouce pour les Américains. »

La Chine s’oppose

Les représentants du gouvernement chinois à Ottawa affirment que le Canada a eu « tort » de rejeter le projet de rachat d’une mine d’or de l’Arctique par une société d’État chinoise.

Les responsables de l’ambassade ont déclaré au National Post que le blocage de la transaction interfère avec les relations « mutuellement bénéfiques » entre les deux pays, affirmant que « l’ingérence politique sous l’excuse de la sécurité nationale est erronée ».

Ce n’est pas la première fois que le gouvernement canadien bloque une prise de contrôle chinoise. En 2018,Ottawa avait invoqué la sécurité nationale pour bloquer le rachat de la société de construction et d’ingénierie Aecon Group par une entreprise publique chinoise, pour un montant de 1,5 milliard de dollars.

RCI avec CBC News et National Post

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