L'analyse génétique des restes d'anciens chiens montre qu'ils étaient domestiqués depuis au moins la dernière ère glaciaire, et probablement même avant, selon l'archéologue Robert Losey de l'Université de l'Alberta. (Photo : Université de l'Alberta)

La génétique révèle des liens encore plus profonds entre les chiens et l’humain

La relation particulière qu’entretiennent les chiens et les humains remonterait à la dernière ère glaciaire, selon une nouvelle étude internationale qui met en lumière les origines du meilleur ami de l’homme.

Malgré qu’il s’agisse du premier animal domestiqué de l’histoire, les origines de cette espèce et de notre lien avec lui sont longtemps restées méconnues.

Pour tenter d’y répondre, des scientifiques ont réalisé des analyses génétiques des restes de 27 anciens chiens provenant de multiples sites où l’on a également trouvé de l’ADN humain.

En analysant ces génomes, ainsi que d’autres de chiens anciens et contemporains, ils ont démontré qu’au moins cinq grandes lignées ancestrales se sont développées il y a 11 000 ans, « démontrant une longue histoire génétique des chiens au paléolithique », écrivent les auteurs de l’étude publiée récemment dans Science.

En comparant ces génomes à ceux d’humains, les chercheurs ont notamment découvert que certains aspects de l’histoire de la population canine reflétaient celle de l’homme, ce qui pourrait expliquer ces cinq grandes lignées.

« Juste après la fin de la période glaciaire, il y a déjà une certaine différenciation chez ces chiens, ce qui signifie que la domestication a commencé bien avant la période glaciaire, il y a probablement 15 000 ans ou plus tôt encore », explique par voie de communiqué Robert Losey, archéologue à l’Université de l’Alberta et l’un des 57 auteurs de l’étude.

L’archéologue Robert Losey avec son chien Guinness. « Les gens ont nettement entretenu des liens affectifs avec leurs chiens dès le début », explique M. Losey. (Photo : Université de l’Alberta)

Un lien unique

Selon l’archéologue, ces découvertes viennent alimenter les preuves selon lesquelles le chien et l’humain entretiennent une relation spéciale depuis des millénaires. M. Losey a une vaste expérience dans le domaine pour avoir déterré des ossements de chiens en Amérique du Nord, dans l’Arctique sibérien et en Russie orientale.

« Dès que nous découvrons des restes de squelettes qui ressemblent au chien moderne datant d’environ 14 000 ans, nous constatons que les chiens ont été enterrés », a-t-il précisé, ajoutant qu’il y a plus de sépultures préhistoriques de chiens que de tout autre animal, y compris les chats et les chevaux.

« Les chiens étaient traités comme des personnes quand ils mouraient. Ils étaient soigneusement placés dans une tombe, certains d’entre eux portant des colliers décoratifs, ou encore avec des objets comme des cuillères, l’idée étant qu’ils avaient une âme et une vie après la mort. »Robert Losey, un des auteurs de l’étude

La comparaison des génomes avec ceux d’humains a d’ailleurs révélé que les changements dans la génétique des chiens suivaient ceux des humains, « en particulier en ce qui concerne les grands mouvements de population ».

Cela prouve que lorsque les humains migraient, ils prenaient leurs chiens avec eux. Les chiens servaient certainement à des fins pratiques, telles que la chasse, la garde de troupeaux et la sécurité, mais « les gens avaient clairement un attachement émotionnel pour leurs chiens dès le début », a-t-il ajouté.

« Il n’est donc pas vraiment surprenant que lorsque les populations humaines se sont déplacées, elles aient souvent emmené leurs chiens avec elles. Cela témoigne de ce lien. »Robert Losey
Mieux comprendre les origines du chien moderne

Les résultats de l’étude ont également révélé que les chiens modernes sont probablement issus d’une population de loups aujourd’hui disparue.

Les auteurs pensent que les chiens modernes descendent du loup gris d’Eurasie, dont une sous-espèce s’est ramifiée et a commencé à interagir avec les humains il y a entre 30 000 et 40 000 ans.

Cette découverte a été possible grâce à la mise en place d’un projet collaboratif international au sein duquel toutes les données archéologiques sur les chiens ont pu être rassemblées. Des archéologues d’Europe, d’Asie, d’Afrique du Nord et des Amériques ont envoyé leurs trouvailles à des généticiens qui ont pu corréler les résultats.

« Nous commençons désormais à obtenir des informations très précises sur l’évolution des chiens », a souligné M. Losey.

Toutefois, l’archéologue rappelle que malgré les résultats de cette étude, l’origine précise du chien reste encore incertaine.

« Où sont-ils apparus en Eurasie? Quelles populations de loups ont fondé les chiens à l’origine? Nous ne le savons toujours pas. »

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Catégories : Environnement et vie animale, Société
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