Les voyageurs de retour au Canada doivent effectuer une quarantaine de 14 jours. (Photo : Ivanoh Demers/Radio-Canada)

Ottawa devrait annoncer de nouvelles restrictions aux frontières sous peu

Le gouvernement fédéral serait sur le point de mettre en place de nouvelles mesures aux frontières, a confirmé vendredi Dominic LeBlanc, ministre des Affaires intergouvernementales.

Lors d’une entrevue à l’émission Tout un matin de Radio-Canada, le ministre a évoqué plusieurs types de mesures.

« Il n’y a pas de doute qu’on va renforcer, et de beaucoup, les mesures de quarantaine et la question par exemple des tests de dépistage à l’arrivée », a déclaré M. LeBlanc.

« On peut centraliser l’endroit où les avions arrivent, éviter que les charters arrivent à Québec ou à Halifax », a-t-il ajouté.

Le ministre LeBlanc a notamment expliqué que le sujet a déjà été abordé à la conférence des premiers ministres provinciaux et fédéral et à la réunion du comité du Cabinet sur la réponse fédérale à la COVID-19, qu’il préside. 

Il a ajouté que l’annonce pourrait être faite en début de semaine prochaine.

« On va avoir des mesures accrues, je pense, au début de la semaine prochaine au plus tard. »

Dominic LeBlanc, Affaires intergouvernementales

Lors d’une entrevue à l’émission Tout un matin de Radio-Canada, le ministre LeBlanc a évoqué plusieurs types de mesures aux frontières. (Photo : Adrian Wyld/La Presse canadienne)

Lors de son point de presse quotidien vendredi midi, le premier ministre Justin Trudeau n’a toutefois pas annoncé de mesures supplémentaires.

Il s’est contenté de lancer un énième avertissement aux Canadiens pour qu’ils évitent de voyager.

« Mon message aux Canadiens reste clair. Personne ne devrait prendre de vacances à l’étranger en ce moment. Si vous avez encore des projets de vacances, annulez-les. Et ne réservez pas de voyage pour les vacances de printemps », a-t-il déclaré.

Le premier ministre fédéral a également demandé à ses citoyens de ne pas prendre de vacances au sein même du Canada.

« N’oubliez pas que partout au Canada, on dit aux gens de rester chez eux. Alors, si vous pensiez voyager à travers le pays pour les vacances de printemps, ce n’est pas le moment. »

Justin Tudeau, premier ministre du Canada
Des suggestions québécoises

Jeudi, le premier ministre québécois a de nouveau demandé au gouvernement fédéral d’agir pour interdire les voyages non essentiels. 

Une telle mesure a notamment été annoncée en Belgique. Le gouvernement belge a décidé d’interdire à sa population les voyages non essentiels hors des frontières à compter de mercredi, et jusqu’au 1er mars.

Sont interdits « les voyages de loisirs ou d’agrément, il y aura des contrôles aux frontières avec des amendes », a précisé à la chaîne RTBF Elio di Rupo, président de la région wallonne.

Si Ottawa décide de ne pas opter pour une interdiction de vols, François Legault a suggéré d’utiliser les hôtels vacants afin d’obliger les voyageurs à y effectuer leurs 14 jours de quarantaines à leurs frais. 

Ces quarantaines seraient ainsi mieux observées, car plus surveillées, a ajouté le dirigeant québécois, et les dépenses à prévoir pourraient décourager les voyageurs.

Le premier ministre québécois, François Legault, a demandé à plusieurs reprises au gouvernement fédéral de mettre en place des mesures plus strictes aux frontières. (Photo : Jacques Boissinot/La Presse canadienne)

Cette mesure est notamment déjà en place depuis plusieurs mois en Australie et en Nouvelle-Zélande, où les cas de COVID-19 sont bien moindres qu’au Canada.

L’idée est soutenue par plus de 100 experts de la santé qui ont signé une pétition plus tôt cette semaine demandant à Ottawa d’agir.

Dans la matinée de vendredi, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a également appuyé le concept d’imposer une « quarantaine ferme » dans des hôtels pour les voyageurs de retour au pays.

En réponse à cela, le premier ministre Trudeau a indiqué qu’il s’agissait d’une des « possibilités » étudiées. « On va en avoir plus à dire dans les jours à venir », a-t-il rapidement ajouté.

« Comme je l’ai dit aux premiers ministres, on est prêts à prendre des mesures encore plus strictes s’il le faut. Ensemble, on a discuté de la gamme d’options sur la table présentement. Parce que quand il est question de sécurité, on n’exclut aucune possibilité. »

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

M. Trudeau a également rappelé que les mesures en places aux frontières canadiennes étaient « parmi les plus strictes au monde« .

Il a toutefois cherché à rassurer les Canadiens en expliquant que « ces mesures devraient ne pas être nécessaires pour plus que quelques mois encore », sachant que l’arrivée de vaccins au printemps devrait changer la donne.

Des variants du virus particulièrement dangereux

L’argument principal des personnes demandant des mesures plus strictes aux frontières est la crainte de voir les nouveaux variants du coronavirus se répandre au Canada.

Apparus au Royaume-Uni, au Brésil et en Afrique du Sud, ils sont connus pour être plus contagieux que le virus de la COVID-19 initial.

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a d’ailleurs indiqué vendredi que le variant apparu sur son territoire serait plus mortel que le virus de base.

« Nous avons été informés qu’en plus de se propager plus rapidement, il y a certaines preuves que la nouvelle variante pourrait être davantage associée à un degré de mortalité plus élevé », a déclaré M. Johnson lors d’une conférence de presse.

Une nouvelle étude de l’Université Simon Fraser a d’ailleurs réalisé une estimation dans le cas où le variant britannique viendrait à s’implanter au Canada.

Les experts britanno-colombiens ont cherché à savoir ce qu’il se passerait si un variant qui augmenterait de plus de 40 % le taux de transmission venait à se répandre au Canada avec les mesures en place dans les provinces. 

La conclusion de l’étude estime que le variant « ne serait probablement pas contenue avec les mesures que nous avons en place aujourd’hui ».

« La conclusion est que si l’on ne parvient pas à empêcher ou à contenir ce variant, ce sera la catastrophe en mars. »

Auteurs de l’étude

Graphique représentant l’évolution des cas de COVID-19 si un variant qui augmenterait de plus de 40 % du taux de transmission venait à se répandre au Canada avec les mesures en place actuellement dans les différentes provinces. La courbe rouge représente le nombre de cas compte tenu de l’introduction du nouveau variant. (Source : Elisha Are, Caroline Colijn/Simon Fraser University)

Les auteures, Elisha Are et Caroline Colijn, ajoutent qu’on ne devrait pas observer de différence pendant les six premières semaines environ, mais que lorsque le variant se fera sentir, « ce sera de manière abrupte, avec un délai de dédoublement de 1 à 2 semaines, comparé à des délais de dédoublement de 30 à 40 jours récemment dans des provinces comme l’Ontario ».

Afin d’éviter d’en arriver là, les deux expertes suggèrent de tout faire pour prévenir l’entrée du virus sur le territoire « en renforçant les règles relatives aux voyages, en définissant la notion de voyage essentiel et en mettant fin aux voyages non essentiels ».

Elles préconisent également de renforcer les mesures de quarantaine et d’isolement des voyageurs et d’améliorer nos moyens de détection des nouveaux variants.

Avec les informations de Radio-Canada. 

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Catégories : International, Politique, Santé, Société
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