Si aujourd’hui, 60% des doctorants canadiens en archéologie sont des femmes, elles ne sont plus que 46% dans le corps professoral, souligne le papier. (Photo : Lisa Overholtzer)

Discrimination : bien plus de femmes diplômées en recherche qu’embauchées

Les doctorantes en archéologie auraient plus de difficultés à être titularisées que leurs homologues masculins, révèle une étude de l’Université McGill à Montréal.

Si 60 % des doctorants canadiens en archéologie sont des femmes, elles ne sont plus que 46 % dans le corps professoral, souligne le papier. 

Catherine Jalbert, archéologue et coauteure de l’étude, précise que “nous pourrions penser que 46 %, c’est bien. C’est près de 50 % après tout, mais nos attentes en matière de ratio hommes/femmes ne devraient pas être de 50/50. Ils devraient refléter les proportions dans les bassins de candidats”. 

Une embauche inégalitaire selon les sexes 

D’après les résultats de cette étude publiée dans la revue American Antiquity, les femmes munies d’un doctorat en archéologie au Canada souffriraient d’une discrimination à l’embauche. 

En effet, les auteures Lisa Overholtzer et Catherine Jalbert estiment qu’il pourrait exister un “biais systématique lors de l’embauche”. Ce dernier expliquerait les données selon lesquelles seulement un tiers des professeurs en archéologie sont des femmes, alors qu’elles représentent deux tiers des doctorants. 

À court terme, une des possibilités serait de fixer des quotas plus élevés pour les femmes archéologues dans les chaires de recherche canadiennes, avancent les auteures. (Photo : Lisa Overholtzer)

Un autre fait inquiète les chercheurs. Il s’agit de la prévalence des femmes titulaires d’un doctorat étranger sur celles qui ont fait leurs études au Canada. 

“Alors que la plupart des hommes embauchés ici ont un doctorat canadien, la plupart des femmes embauchées au Canada sont formées à l’étranger.”

Lisa Overholtzer, coauteure de l’étude

À l’inverse, l’étude constate que les femmes titulaires d’un doctorat canadien sont embauchées à un taux plus élevé au sud de la frontière. 

À propos de l’étude 

A “Leaky” Pipeline and Chilly Climate in Archaeology in Canada”, est une étude de Catherine Jalbert et de Lisa Overholtzer publiée en ligne par Cambridge University Press.

Pourquoi un tel écart? 

Plusieurs hypothèses sont soulevées par les chercheuses. Premièrement, cela pourrait être attribué au fait que les questions de recherches généralement choisies par les femmes sont dévalorisées lors de l’attribution des bourses. 

La deuxième hypothèse mise en avant par les auteures concerne les frais de garde d’enfants. En effet, ceux-ci ne sont que très peu pris en charge par les programmes de terrain en archéologie. Une telle situation écarte inévitablement certaines femmes. 

Les frais de garde d’enfants ne sont que très peu pris en charge par les programmes de terrain en archéologie. (Photo : Lisa Overholtzer)

Existe-t-il des solutions? 

Selon la professeure Overholtzer, “nous devons examiner nos pratiques d’embauche pour savoir pourquoi les femmes sont moins souvent embauchées, en particulier au Canada”. 

À court terme, une des possibilités serait de fixer des quotas plus élevés pour les femmes archéologues dans les chaires de recherche canadiennes. 

Cependant, Lisa Overholtzer et Catherine Jalbert concluent leur étude avec une mise en garde sur les possibles répercussions de la COVID-19 sur cette inégalité déjà présente. Les contraintes budgétaires ainsi que le gel de plusieurs processus d’embauche en raison de la pandémie viennent freiner d’éventuelles progressions dans le domaine. 

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