Mamadi III Fara Camara à l'émission Tout le monde en parle du 14 février 2021. (AVANTI / KARINE DUFOUR)

Violence policière : Mamadi III Fara Camara pourrait devenir résident permanent

Les députés de la Chambre des communes ont voté à l’unanimité, mardi, pour une motion visant à accorder le statut de résident permanent au doctorant de 31 ans.

La motion, déposée par le Bloc québécois, demandait au bureau du ministre canadien de l’Immigration d’accorder la résidence permanente à M. Camara « dans les plus brefs délais » en vertu de l’article 25.1(1) de la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés. L’Assemblée nationale du Québec a adopté une résolution semblable, également à l’unanimité.

La motion n’est pas contraignante, mais elle confère au ministre le pouvoir discrétionnaire d’accorder la résidence permanente.

Les députés à Ottawa se sont donc sentis interpellés par les injustices qu’a subies l’homme originaire de Guinée aux mains de policiers montréalais, une mésaventure qu’il a racontée dimanche lors d’une populaire émission de télévision québécoise.

Une histoire à figer le sang

Arrêté le 28 janvier et accusé à tort de tentative de meurtre sur un policier dans un quartier défavorisé de Montréal, Mamadi III Fara Camara a passé six jours en prison, sans pouvoir contacter sa famille, avant d’être libéré et de recevoir des excuses officielles de la police.

Le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) du Québec lui reprochait d’avoir désarmé et blessé un agent du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) lors d’une opération contre l’utilisation des téléphones cellulaires au volant.

Dimanche soir, à la télévision de Radio-Canada, il commentait ainsi ce qu’il lui était arrivé : « Lorsque j’ai été transféré à la prison […], à mon arrivée, j’ai senti que les gardes se disaient : « C’est le tueur de policiers. » J’avais l’air d’être un monstre. J’ai été dans des cellules avec de vrais criminels.

Il se disait encore trop ébranlé pour reprendre ses activités de chargé de laboratoire à Polytechnique Montréal.

« Je n’ai jamais cessé d’expliquer ma version des faits et de clamer mon innocence. Si on avait pris le temps d’écouter mon récit, ça n’aurait pas pris six jours. »

Ses fonctions dans le laboratoire, où il enseigne depuis le début de 2018, ont été suspendues pendant la procédure pénale et il avait été interdit d’accès au campus.

Mamadi III Fara Camara pourrait devenir rapidement résident permanent

Il est arrivé au Canada en 2017 avec un visa temporaire d’étudiant, qui expire à la mi-mai. Bien que le gouvernement fédéral n’ait pas promis de donner suite à la motion, un porte-parole du ministre de l’Immigration Marco Mendicino a déclaré dans un courriel que « nous sommes prêts à soutenir » M. Camara et sa famille dans leur démarche d’immigration.

« Nous sommes profondément troublés par le traitement réservé à Mamadi Fara Camara. C’était inacceptable et nous voulons avoir des réponses claires sur ce qui s’est passé », a précisé Alex Cohen, le secrétaire de presse du ministre.

« Les demandeurs peuvent inclure des circonstances atténuantes dans le cadre du processus de demande de résidence permanente, et ces facteurs sont sérieusement pris en compte. Chaque cas est soumis à un examen et une analyse approfondis et les décisions ne sont prises qu’après un examen minutieux. »

Guillaume Cliche-Rivard, qui est l’avocat de M. Camara en matière d’immigration, a dit à Radio-Canada que son client était « en état de choc et en détresse » et qu’il ne terminerait pas sa thèse avant l’expiration de son visa. Dans des circonstances normales, les détenteurs de visa d’étudiant sont censés être des étudiants à temps plein, ce qui n’est tout simplement pas possible pour lui pour le moment, a affirmé son avocat.

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RCI avec CBC News et Radio-Canada

Catégories : Immigration et Réfugiés, International, Politique
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