Les femmes en général, les femmes issues de l’immigration en particulier, ont été confrontées à plusieurs difficultés durant la crise sanitaire actuelle. L’Y des femmes de Montréal se donne pour ambition d’épauler et d’accompagner les femmes et filles sur l’île, en se dotant d’un plan d’action qui coutera dix millions de dollars. Crédit : Istock

Inégalités sociales en contexte de COVID : main tendue aux femmes de Montréal

Comme bien des organisations qui défendent les droits et intérêts des femmes, l’Y des femmes de Montréal a pris la mesure des difficultés qu’elles vivent pendant la crise sanitaire. L’organisme s’est doté d’un plan d’action de 10 millions de dollars.

Mélanie Thivierge, présidente du Y des femmes de Montréal. Photo : Y des femmes de Montréal

D’entrée de jeu dans l’entretien avec Mélanie Thivierge, la présidente de cet organisme, il est question de trouver les moyens pour tourner cette page et d’en écrire d’autres moins douloureuses et plus porteuses d’espoir.

Il s’agit de redonner le sourire aux nombreuses femmes qui ont connu des épisodes sombres durant cette pandémie : violence conjugale, pertes d’emploi, problèmes de santé mentale, prise de risque dans des emplois dits essentiels. La liste est loin d’être exhaustive.

Mme Thivierge estime que ce contexte aura contribué à renforcer certains des problèmes préexistants et à en créer de nouveaux. Cette situation a accentué les inégalités sociales.

« La crise actuelle a assurément exacerbé les inégalités entre les populations les plus vulnérables et d’autres. Les femmes ont été les premières touchées, en prenant davantage de risques pour leur santé (elles ont été les plus exposées sur les lignes de front; infirmières et préposées étant davantage des femmes à quelque 90 %), en perdant leur emploi de façon disproportionnée (l’économie de services a été plus touchée et emploie plus les femmes dans des postes déjà précaires), et en contribuant à l’isolement des femmes qui vivent dans des foyers violents », a-t-elle dit.

« Le fait de ne plus pouvoir aller travailler et de restreindre ses liens sociaux sont autant de facteurs qui fragilisent », a constaté Mélanie Thivierge.

L’Y des femmes de Montréal est un organisme plus que centenaire qui intervient de diverses manières auprès des femmes et des filles dans le besoin. Et il a dû adapter ses actions à la situation sans précédent que traverse le monde.

« Depuis maintenant 146 ans, l’Y des femmes de Montréal offre une panoplie de services pour soutenir et accompagner les femmes et les filles dans une perspective 360. C’est-à-dire en tenant compte de toutes les facettes de leur vie. De plus, l’organisation a toujours fait preuve de flexibilité et d’agilité pour adapter ses services en fonction de l’évolution des enjeux qui touchent les femmes et de la transformation de la société en général », a ajouté Mme Thivierge.

Clinique d’information juridique, programmes d’aide financière d’urgence, bonification de postes d’intervenantes pivots, et étalement de l’horaire des intervenantes psychosociales, l’Y des femmes a arrimé ses services aux multiples besoins. Le but est d’accroître le sentiment de sécurité des femmes.

Il s’agit aussi de servir de boussole pour orienter celles qui, en raison de la pandémie, devront se réorienter, car leur secteur d’activités a été fermé ou contraint de réduire sa taille.

L’Y des femmes entend ainsi les épauler grâce à son plan Avenir 2023.

Les femmes ont connu un niveau de violence conjugale plus élevé en raison des mesures de distanciation imposées par la COVID-19. Crédit : Istock

Passeport vers l’emploi et résidence transitionnelle

Ces deux concepts sont considérés comme le socle du plan d’action Avenir 2023. Celui-ci se décline en trois grands axes.

Le passeport vers l’emploi est un moyen de rendre les services d’employabilités actuels plus dynamiques, soutient Mme Thivierge.

« Nous souhaitons mettre en place des programmes de formation tournés vers les secteurs d’avenir et des emplois plus lucratifs, ainsi qu’une passerelle vers les employeurs pour leur fournir une main d’œuvre formée par l’Y des femmes », a-t-elle affirmé.

En ce qui concerne la résidence transitionnelle, il s’agit d’accroitre les capacités d’accueil des mères et de leurs enfants. Celles-ci sont  actuellement réduites à une trentaine de chambres. Cela se fera par l’ajout de 60 nouvelles unités dotées d’appartements de deux et trois chambres à coucher.

En ce qui concerne le dernier point, à savoir le carrefour d’accompagnement 360, il s’agit de consultations et de nouveaux services qui seront affinés en fonction des besoins.

Les femmes auront l’occasion de recevoir des informations sur les services juridiques, les services de soutien aux proches aidantes et autres services d’employabilité de santé et de soutien social.

Consciente de l’immensité de la tâche, l’Y des femmes de Montréal a anticipé un budget de 10 millions de dollars et envisage le déploiement de ses nouveaux services sur un nouveau site, l’Esplanade Cartier, dans l’est du centre-ville de Montréal.

La présidente dit fonder beaucoup d’espoir sur les contributions des paliers gouvernementaux et d’organismes philanthropiques. Au stade actuel, des engagements de plus de millions de dollars sont confirmés.

Elle a également bon espoir que les appuis se poursuivent pour permettre à son organisme de continuer à raconter de belles histoires de résilience et de réussites de femmes qui ont bénéficié de son expertise. Elle reconnaît néanmoins que son œuvre reste à parfaire.

« Malheureusement, les défis sont nombreux, et la nature humaine est complexe, même si chaque année, nous avons de belles histoires de réussite de femmes qui grâce notre action, arrivent à vivre une vie à la mesure de leur potentiel, dans un logement de façon autonome, il y en a d’autres qui nous arrivent, écorchées par un parcours de vie difficile. On n’a qu’à penser aux femmes issues de l’immigration, par exemple, très nombreuses à Montréal, pour qui le parcours n’est pas un long fleuve tranquille », souligne la présidente de l’Y des femmes.

Mme Thivierge mentionne qu’il faut considérer la croissance de la courbe de violence faite aux femmes. Il s’agit d’un problème qu’une seule organisation ne saurait juguler, d’où l’importance de l’implication des cercles de prise de décisions et de la collaboration avec d’autres acteurs sociaux.

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Catégories : Société
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