Des chefs de communautés micmaques de la Nouvelle-Écosse insistent pour dire que les règlements provinciaux sur la vente des produits de la mer interfèrent avec leur droit de pêcher issu de traités. Ils viennent donc de rejeter en bloc la plus récente tentative du gouvernement canadien de régler le conflit qui oppose les pêcheurs autochtones et les pêcheurs commerciaux non autochtones. Il avait donné lieu à des affrontements majeurs l’automne dernier.
Selon les chefs micmacs, la plus récente tentative du gouvernement constitue une manœuvre pour s’immiscer dans une situation qui ne relève même pas de ses compétences juridiques.
Le gouvernement canadien a annoncé mercredi qu’il voulait accorder aux Mi’kmaq une pêche de subsistance pendant la saison commerciale à l’automne au moyen de permis délivrés en vertu de la Loi sur les pêches, bien que le volume total de pêche autorisée dans les eaux côtières n’augmentera pas.
Les Mi’kmaq estiment que leur droit de pêcher issu de traités ne devrait pas être défini par l’industrie ou le gouvernement fédéral. Point à la ligne. Ils affirment en outre que la décision de la Cour suprême de 1999 confirme le droit des communautés autochtones de chasser et de pêcher pour « s’assurer une subsistance convenable ».
Les deux communautés micmaques visées par le plan d’Ottawa avaient lancé l’automne dernier des « pêches auto-réglementées » au homard, provoquant des tensions avec les pêcheurs commerciaux, qui soutiennent que cette pêche en dehors de la saison de réglementation fédérale nuit au stock existant.

Un groupe de pêcheurs commerciaux non autochtones affronte des pêcheurs de homard autochtones en Nouvelle-Écosse. (CBC News Video)
Une situation qui s’était enflammée l’automne dernier

(PIERRETTE D’ENTREMONT)
En octobre dernier, après plusieurs jours de tensions entre des pêcheurs blancs et des pêcheurs autochtones, un incendie suspect avait détruit un centre de production de homard dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse.
Cela avait provoqué un débat d’urgence au Parlement canadien sur la violence des pêcheurs blancs commerciaux contre les pêcheries de homard des Mi’kmaq.
L’incendie s’était déclaré dans l’un des deux établissements qui avaient été attaqués et vandalisés quelques jours plus tôt par des pêcheurs commerciaux pour protester contre la pêche « de subsistance modérée » décrétée par la Première Nation Sipek Né Katik le mois précédent. Les pêcheurs autochtones stockaient leurs prises dans ces installations.
Ces tensions croissantes et violentes sont nées d’une décision prise il y a 21 ans sur les droits de pêche ancestraux des Mi’kmaq. Le droit de cette Première Nation à gérer sa pêche avait alors été confirmé par un arrêt de la Cour suprême.
La Première Nation affirme que cet arrêt lui accorde le droit de pêcher et de vendre du homard en dehors de la saison de pêche normale.
Pour leur part, les pêcheurs commerciaux non autochtones accusent les Premières Nations de pratique de pêche illégale. Ils estiment que la décision de la Cour suprême sert d’excuse aux pêcheurs micmacs pour cacher des prises commerciales effectuées en dehors des saisons de pêche, ce qui menacerait les stocks à long terme.
Des dizaines de personnes font la queue devant l’Assemblée législative de la Nouvelle-Écosse pour acheter des homards pêchés par les Mi’kmaq, en signe de solidarité, dans un contexte de tensions permanentes autour de la pêche au homard. (CBC Video)

Une femme brandit un homard devant un grillage. (CBC Video)
Mi’kmaq
RCI avec CBC News, Radio-Canada, RCI et La Presse canadienne
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