Dans un courriel adressé à CBC News mardi, la rédactrice en chef de la section Style de vie pour le site de nouvelles HuffPost Canada utilisait les mots « abrupte » et « dévastatrice » pour décrire la fermeture, en milieu de journée, des versions en ligne canadienne et québécoise de l’influent Huffington Post.
« J’aime tellement mon travail, et je sais qu’il sera vraiment difficile d’en trouver un autre dans le journalisme », a dit Maija Kappler.
« L’un de mes collègues m’a dit qu’une partie de ce qui est difficile est de perdre un important réseau de soutien pendant la pandémie », a-t-elle ajouté.
« Nous étions un petit bureau et nous étions très proches les uns des autres, c’est donc un aspect difficile de la situation. »
Compressions en pleine pandémie
L’annonce surprise mardi et la décision d’arrêter immédiatement la publication ont pris le personnel au dépourvu. Il était alors au milieu d’une journée de travail lorsqu’un représentant de BuzzFeed a fait l’annonce.
L’entreprise américaine a récemment racheté HuffPost à Verizon. Mme Kappler avait déclaré que des licenciements n’étaient pas exclus lors de l’annonce de l’acquisition en novembre, mais qu’elle ne s’attendait pas à ce qu’ils se produisent si rapidement après la finalisation de l’acquisition en février.
« Les médias canadiens ne cessent de rétrécir, et de nombreux journalistes talentueux en ont assez de l’instabilité. Un paysage médiatique sain est diversifié et étendu. Mais il semble que, chaque année, celui du Canada se rétrécisse.
« Cela signifie que des histoires importantes continuent à ne pas être publiées, et c’est une perte pour nous tous », a-t-elle affirmé.
Capture d’écran
Congédier au milieu d’une phrase
« Les personnes qui travaillaient sur des histoires n’ont pas pu les terminer et les publier, a mentionné Maija Kappler. Il y a des histoires écrites par des indépendants qui ont été soumises et qui étaient prêtes à être publiées, mais nous n’avons aucun moyen de les diffuser maintenant. Pour un groupe de personnes aussi dévouées que notre personnel, cela a été difficile à gérer aussi. C’était tellement abrupt. »
« Je travaille pour HuffPost Canada depuis environ deux ans et demi, mais certains de mes collègues travaillent ici depuis le lancement de l’entreprise. Je ne peux qu’imaginer à quel point c’est difficile pour eux », a-t-elle conclu.
BuzzFeed explique que le contenu existant des deux sites sera conservé et hébergé sous forme d’archives en ligne. Les fonctionnalités des deux sites sont maintenant désactivées.
Dans une déclaration publiée peu après l’annonce, le syndicat de BuzzFeed Canada a critiqué la décision de « mettre hors ligne les pages d’accueil de ces sites web à peine une heure après que les employés eurent été informés de leur fermeture imminente, et sans avertissement ».
« Nous ne pouvons pas surestimer la perte d’une publication entière de l’écosystème médiatique de ce pays. Nous sommes solidaires du syndicat HuffPost Canada et demandons à BuzzFeed de fournir une indemnité de départ juste et généreuse qui reconnaisse le dévouement de ces employés », peut-on lire dans la déclaration.
Ce ne serait qu’un début
BuzzFeed, qui a également annoncé des licenciements dans la salle de rédaction américaine mardi, a expliqué qu’il fermait les opérations de HuffPost Canada et HuffPost Québec et licenciait 23 travailleurs dans un vaste plan de restructuration.
BuzzFeed a aussi mentionné dans son communiqué qu’elle entamait des consultations en Australie et au Royaume-Uni pour proposer des « opérations d’amaigrissement » dans ces deux endroits.
RCI avec CBC News
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