Les évêques catholiques albertins invitent les fidèles catholiques à se vacciner contre la COVID-19, compte tenu de leur faible degré d’implication au mal à l’origine de la production des vaccins et du devoir d’agir dans l’intérêt de tous en situation de crise sanitaire. Crédit : Istock

COVID-19 : se vacciner dans l’intérêt commun, mais droit d’objection morale

C’est ce qui se dégage de la position des évêques de l’Alberta. Ils se sont exprimés à la suite de la polémique soulevée par la sortie de la Conférence des évêques catholiques du Canada au sujet des vaccins contre la COVID-19.

La Conférence a notamment soulevé des problèmes éthiques entourant ces vaccins. Elle a dénoncé le fait que des lignées cellulaires dérivées de l’avortement aient pu être utilisées dans leur développement, leur production ou leur expérimentation.

Au moment où les efforts pour venir à bout du virus à l’origine de la pandémie semblent porter de réels espoirs avec l’arrivée des vaccins, de nombreux scientifiques et experts ont dénoncé cette prise de position. Ils l’ont jugée inopportune.

Le fait d’interpeller les fidèles catholiques sur l’importance de se demander s’il serait moralement acceptable de recevoir de tels vaccins a été perçu comme un appel au boycottage.

Vendredi, on a appris qu’un aîné québécois aurait refusé de prendre rendez-vous pour se faire vacciner.

Invoquant le caractère sacré de la vie, il se serait ainsi plié aux préoccupations éthiques soulevées par la Conférence des évêques catholiques du Canada.

Les évêques ont aussi mentionné que chacun peut décider selon sa « conscience personnelle, de concert avec les médecins ou les professionnels de la santé », tout en considérant que la vaccination contre la COVID-19 est un « acte de charité qui tient compte de la vie des autres ».

Il est ressorti du communiqué de presse que, malgré tout, si le fidèle pouvait choisir le vaccin, il serait préférable de recevoir le moins lié à des lignées cellulaires dérivées de l’avortement.

Selon les estimations des gouvernements au Canada, plus de la moitié de la population adulte sera vaccinée d’ici la fin du mois de juin. Photo : iStock

Interrogations éthiques

Les évêques de l’Alberta sont d’accord avec leur Conférence sur au moins deux points :

  • lorsqu’ils soulignent avant tout le caractère sacré de la vie humaine;
  • quand ils mentionnent l’importance d’une recherche scientifique qui mise sur la production de vaccins de manière éthique.

Ils devraient être mis au point dans le respect du caractère sacré de la vie, en évitant tout recours aux lignées cellulaires.

Les évêques montrent qu’il est important de se faire vacciner en raison de la gravité de la situation et du « besoin urgent de stopper la pandémie ».

Ils mettent l’accent sur le degré de complicité entre l’acte ayant conduit à la production du vaccin et la personne vaccinée. Ils observent de ce fait que celui-ci est trop mince pour inciter les personnes à refuser le vaccin.

« En ce qui concerne la personne qui reçoit simplement le vaccin, ce degré est si faible que lorsqu’il existe par ailleurs une raison proportionnellement grave de se faire vacciner comme le besoin aujourd’hui de stopper la pandémie de COVID-19, l’Église nous assure qu’il est moralement permis aux catholiques de se faire vacciner pour le bien de leur propre santé et de la santé publique », indiquent-ils dans le communiqué.

Il n’y aurait donc pas de « mal à se faire vacciner quand on sait que l’inoculation sauve des vies », croient-ils.

Loin de condamner la recherche scientifique, les évêques albertains l’encouragent parce qu’elle sert à atténuer et à éliminer le coronavirus.

Le fidèle catholique pourrait se retrouver devant un véritable dilemme : faut-il se faire vacciner par devoir, dans l’intérêt de tous, ou se rendre complice de l’avortement, un mal moral que l’Église condamne?

Ainsi, les évêques albertains notent que l’usage des lignées cellulaires issues de l’avortement « ne se justifie pas sur un plan moral ». Mais ils observent qu’étant donné que ces lignées sont dans plusieurs cas incontournables dans la production de certains vaccins ou dans leurs essais, la compromission sur le plan éthique est inévitable.

Ils concluent qu’à défaut de ne pouvoir produire des vaccins éthiquement responsables, et en l’absence d’un produit éthique, les catholiques devraient prendre en considération la façon dont le vaccin est fabriqué.

Selon les évêques de l’Alberta, la responsabilité éthique devrait reposer davantage sur les compagnies qui fabriquent les vaccins. Photo : iStock

Comment mesurer son degré de complicité à un acte condamné par l’Église?

La question se pose, car la personne qui est vaccinée n’est pas dans le secret des procédés de fabrication. Les évêques albertains ont tenté d’aiguiller les fidèles dans cette quête. Ils ont notamment indiqué que « l’évaluation de la gravité morale de la coopération à l’acte condamnable se base d’abord sur l’avortement lui-même, puis sur la dérivation des lignées cellulaires, l’élaboration d’un vaccin à partir de ces lignées cellulaires, la production ultérieure, la vente et enfin l’utilisation du vaccin ».

Comme le lien avec le geste condamné est certes très mince, on autorise les fidèles catholiques à se faire vacciner. Toutefois, ils sont invités à ne pas perdre de vue la gravité de l’acte posé en amont pour obtenir les lignées de cellules à la base des vaccins.

Selon les évêques, les questions éthiques concernent davantage ceux qui produisent ces vaccins et qui en tirent profit.

La responsabilité qui incombe aux catholiques est d’exprimer librement leur « objection morale » au sujet de tels vaccins et d’interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité d’un meilleur encadrement de la production.

Il est question de faire en sorte que l’industrie pharmaceutique se plie au respect du caractère sacré de la vie.

Il faut noter qu’au Québec, il y a également eu des réactions à la sortie de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Christian Lépine, archevêque de Montréal, a confié aux journalistes que cette sortie était quelque peu malencontreuse.

Il a réitéré l’appui à la science et à la recherche et a souligné l’importance et l’urgence d’être inoculé pour la santé et la sécurité de tous.

Selon un communiqué de presse des évêques catholiques de l’Alberta.

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Catégories : Santé
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