Le Canada travaille avec ses partenaires du G7 à l'instauration d'un passeport vaccinal pour les voyageurs. GETTY IMAGES / ONFOKUS

Ottawa adhère finalement au principe d’un passeport vaccinal pour les voyages

Bien que le mot d’ordre actuel au Canada est de ne pas voyager, Ottawa travaille à la mise au point d’un certificat de vaccination contre la COVID-19 en prévision du jour où l’immunisation des Canadiens sera suffisamment avancée pour leur permettre de voyager à l’étranger.

Après s’être montré prudent pendant plusieurs mois face à l’idée d’un passeport vaccinal, le gouvernement Trudeau semble finalement avoir adhéré à cette idée, du moins en ce qui a trait aux voyages internationaux.

Plusieurs pays s’apprêtent en effet à exiger des preuves de vaccination pour franchir leurs frontières.

Selon la ministre fédérale de la Santé, Patricia Hajdu, il est désormais admis qu’il faudra détenir un certificat de vaccination ou un passeport vaccinal pour voyager à l’étranger, du moins jusqu’à ce que la pandémie soit terminée.

Les Canadiens ont besoin d’une attestation adéquate pour les voyages internationaux. On sait que les gens voudront voyager quand la pandémie sera maîtrisée et qu’ils voudront avoir une certification de vaccination pour le faire, a expliqué la ministre sur les ondes de CBC.

Je rencontre régulièrement mes homologues du G7 et le dialogue se poursuit.Patricia Hajdu, ministre fédérale de la Santé

Ottawa, de son côté, devra également déterminer de quelle façon les services frontaliers canadiens pourront savoir si les personnes qui se présentent à nos frontières ont été ou non immunisées contre la COVID-19.

C’est pourquoi le gouvernement travaille à développer une approche standardisée et des normes internationales avec les autres pays de façon à rendre ces contrôles les plus simples et les plus efficaces possible. Il serait question de documents munis de codes  ou d’applications pour téléphones portables, par exemple.

Le Canada aurait d’ailleurs une longueur d’avance dans ce genre de contrôle. Avec l’application ArriveCAN, déjà implantée au pays, les voyageurs qui arrivent de l’étranger peuvent transmettre des renseignements obligatoires aux services frontaliers avant leur arrivée avec leur téléphone cellulaire. Cela facilite les contrôles douaniers.

Aucun consensus ne serait cependant à portée de main pour le moment sur la forme que prendra un futur certificat de vaccination international.

Les discussions sont déjà très avancées à la Commission européenne. Elle discute activement avec Washington en prévision d’une reprise du tourisme américain en Europe, au cours des prochains mois.

La Commission européenne a également dévoilé à la mi-mars un projet de certificat sanitaire destiné à faciliter, pour les personnes vaccinées notamment, les voyages au sein de l’Union européenne (UE) en prévision des vacances d’été.

Pas seulement pour les vacances

L’instauration de documents vaccinaux n’est pas destinée qu’à permettre aux Canadiens de prendre des vacances à l’étranger.

De nombreux citoyens qui ont de la famille ou des proches dans d’autres pays ne peuvent les visiter depuis des mois maintenant. Certains n’ont pu assister aux funérailles de membres de leur famille ou se rendre au chevet de proches malades ou encore présenter leurs enfants à leurs grands-parents, oncles et tantes qui vivent à l’étranger.

Certains pays l’utilisent déjà

Un homme et une femme exhibent leur passeport vaccinal.

En Israël, où la vaccination est très avancée, les gens qui ont reçu les deux doses du vaccin contre la COVID-19 obtiennent un document codé, la «Green Pass», qui leur permet d’accéder librement à divers commerces, cinémas, restaurants, théâtres, etc.

PHOTO : REUTERS / AMIR COHEN

Plusieurs pays, dont Israël et le Danemark, ont déjà instauré des passeports vaccinaux (papier ou sur téléphone) munis de codes QR. Ils permettent d’obtenir différents services ou d’accéder à des commerces non essentiels, des cinémas, des restaurants et des théâtres, pour ceux et celles qui ont reçu deux doses de vaccin. Plus près de nous, l’État de New York a également instauré l’Excelsior Pass, qui fonctionne selon le même principe.

Il va sans dire que l’imposition d’une preuve de vaccination, pour voyager à l’étranger ou entrer au Canada, soulève des questions et des réticences en matière de protection de la vie privée et des renseignements personnels, notamment médicaux.

D’autres voient dans cette façon de faire une méthode détournée pour imposer la vaccination.

Ottawa répond que des preuves de vaccination, notamment contre la fièvre jaune, sont exigées depuis des décennies pour se rendre dans certains pays sans que cela pose de problème en particulier.

Ceux qui ont voyagé, par exemple dans certaines régions d’Afrique ou d’Asie du Sud-Est, le savent, ça prend une preuve qu’on a eu le vaccin contre la fièvre jaune, l’encéphalite japonaise… Ce concept-là d’avoir un passeport vaccinal ce n’est pas nouveau, a expliqué ce matin le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, sur les ondes d’ICI Première.

À l’époque, je voyageais dans certains pays qui demandaient à la frontière le vaccin pour la fièvre jaune.François-Philippe Champagne, ministre de l’Innovation, des Sciences et de l'Industrie

Les vaccins d’abord, clame l’opposition

Questionné en point de presse sur l’utilité d’instaurer un passeport vaccinal au Canada, le chef du Parti conservateur Erin O’Toole a déclaré que la priorité en ce moment au Canada c’est de vacciner beaucoup plus de citoyens.

On a besoin d’un approvisionnement suffisant de vaccins avant les voyages, les vols internationaux ou les vacances. Seulement 3 % des Canadiens ont reçu leurs deux doses de vaccins. C’est inacceptable, a déploré le chef conservateur.

Après un niveau de vaccination approprié, on aura l’occasion d’examiner un passeport vaccinal pour les voyages. Mais maintenant, on a besoin de vaccins.Erin O'Toole, chef du Parti conservateur du Canada

Tout comme son collègue conservateur, le chef néo-démocrate Jagmeet Singh affirme qu’il n’est pas du tout contre l’idée d’un passeport, dans la mesure où ça rendrait service aux Canadiens. Mais pour moi, la priorité en ce moment c’est la vaccination de toute la population.

«Qu’on ait un tel passeport ou non, ça ne fonctionnera pas sans avoir une vaccination d’au moins 70 % de la population, donc on doit vacciner toute la population. Ça c’est la priorité», a-t-il répété.

Catégories : Politique, Société
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