Printemps 1975 : la guerre prend fin au Vietnam, au Cambodge et au Laos. S’ensuit un exode de réfugiés, par voie terrestre et maritime. Plus de 1 million de Vietnamiens ont quitté leur pays à cette époque.

Ceux qui ont fui dans de petites embarcations surchargées ont été surnommés boat people. Les survivants ont souvent dû passer de longues années dans des camps de réfugiés, notamment en Thaïlande, en Indonésie, aux Philippines, à Hong Kong et en Malaisie.

Une photo prise dans les années 1970 montre un groupe des réfugiés (162 personnes) sont arrivés sur un petit bateau qui a coulé à quelques mètres de la rive en Malaisie.

Le Canada a mis un certain temps à réagir à cette crise humanitaire sans précédent. Entre 1975 et 1976, seulement quelques milliers d’immigrants vietnamiens sont admis au pays.

Toutefois, en 1979, à la suite de la mobilisation de la population canadienne, le gouvernement décide d’augmenter le nombre de réfugiés qu’il accueille en organisant un programme de parrainage, comptant notamment sur le soutien des entreprises, des églises et des regroupements de citoyens. De son côté, le gouvernement parraine un immigrant pour chaque immigrant parrainé par des particuliers.

En 1985, quelque 110 000 Vietnamiens avaient trouvé refuge au Canada.

La population des boat people était très hétérogène. Elle comptait des personnes issues de toutes les classes sociales, autant de la ville que de la campagne. Nombre d’entre elles ne parlaient ni le français ni l’anglais et n’avaient pas de famille au Canada. Leur arrivée coïncidait également avec une période de récession, rendant d’autant plus difficiles leur intégration et l’obtention d’un emploi.

Des femmes réfugiées vietnamiennes transportent des enfants hors de l’avion à l’aéroport de Dorval 26 novembre 1978. LA PRESSE CANADIENNE / John Goddard

Néanmoins, la communauté vietnamienne s’est rapidement taillé une place au sein de la société canadienne, grâce à son dynamisme et à la richesse de sa culture et de ses traditions.

Aujourd’hui, ce sont le Québec et l’Ontario qui regroupent le plus de Canadiens d’origine vietnamienne. En particulier, la communauté vietnamienne du Québec, soit plus de 35 000 personnes, a tissé un lien particulier avec la société québécoise grâce à la langue française. Un certain nombre de Vietnamiens instruits ont immigré au Québec dans les années 1960 profitant du plan Colombo, un programme de bourses permettant à des étudiants vietnamiens de poursuivre leur formation dans une université francophone. La plupart des réfugiés vietnamiens arrivés dans les années 1970 et 1980 parlaient aussi le français.

La vaste majorité des Vietnamiens du Québec habitent aujourd’hui la région de Montréal. En quelques décennies, cette communauté s’est épanouie et a mis en place diverses structures communautaires. Des centaines de Vietnamiens ont créé de nombreux commerces tels que des restaurants, des épiceries et des pharmacies.

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L’exode des Vietnamiens

C’est dans les camps que les pays occidentaux viennent sélectionner les candidats qu’ils admettront sur leur territoire. La durée du séjour peut varier de quelques mois à quelques années, selon qu’un réfugié répond ou non aux critères d’admissibilité des pays tiers.

Certains camps, comme celui que visite le journaliste René Mailhot en 1978, offrent des conditions de vie acceptables, notamment à cause du savoir-faire de ses habitants. Mais, dans de nombreux cas, la promiscuité, la misère, la malnutrition, la maladie et les mesures répressives minent la population des camps surpeuplés.

Voir dans les Archives de Radio-Canada: Exodus pour Vietnamiens

Québec : terre d’accueil

Dans le Québec de la fin des années 1970, le contrôle de l’immigration apparaît comme un outil important du développement démographique. En février 1978, une entente prévoit une collaboration fédérale-provinciale dans le processus de sélection des réfugiés pour le Québec. De plus, estimant que l’adaptation des réfugiés doit être de compétence provinciale, le Québec met sur pied son propre programme de parrainage. Unique au Canada, cette mesure lui permettra de parrainer directement 10 000 réfugiés. Ceux-ci, une fois au Canada, mobilisent leurs efforts pour tenter de faire venir les membres de leur famille encore au pays ou dans les camps. Hormis l’adaptation au climat et au mode de vie nord-américain, deux problèmes de taille se posent aux réfugiés : apprendre le français et trouver un travail, comme le montre ce reportage de 1981.

Voir dans les Archives de Radio-Canada: Québec Terre d’accueil

Que sont devenus les réfugiés de la mer?

Au début des années 2000, 20 ans après l’arrivée des boat people, la communauté vietnamienne du Canada rassemblait 148 405 personnes nées au Vietnam. Les plus forts contingents d’immigrants vietnamiens se concentrent dans et autour des grandes villes, avec en tête Toronto, Montréal et Vancouver. Durant cette période, la communauté vietnamienne du Québec, issue en majorité des réfugiés de la mer, s’est épanouie. Cette communauté a mis en place divers établissements communautaires et a créé de nombreux commerces tels que des restaurants, des épiceries ou des pharmacies.

Voir dans les Archives de Radio-Canada: Que sont les réfugiés de la mer devenus ?

Consultez le dossier complet des Archives de Radio-Canada ici