femme devant ordinateur dans une pièce sombre

une femme travaille de nuit
Photo Credit: IS / Romanchuck Dmitry

Et si le travail de nuit déréglait nos horloges biologiques?

Une nouvelle étude de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et de l’Université McGill montre pour la première fois que le travail de nuit a un effet sur la réponse immunitaire chez l’être humain.

Des expériences sur les rongeurs et chez l’humain avaient déjà mis en évidence un contrôle de la réponse immunitaire par les horloges biologiques. La question était de savoir si le dérèglement de ces horloges internes pouvait avoir des conséquences sur le système immunitaire. Ce qui pourrait peut-être provoquer des problèmes de santé tels que les maladies cardiovasculaires, les maladies auto-immunes et certains types de cancers.

Les chercheurs Marc Cuesta, Nicolas Cermakian et Diane B. Boivin ont trouvé des éléments de réponse à cette question. Dans un article publié dans la revue The Journal of Immunology, ils ont comparé le rythme de sécrétion des cytokines (protéines synthétisées par les cellules du système immunitaire) de neuf volontaires soumis tour à tour à un horaire de travail normal de jour et à un horaire de nuit.

Nicolas Cermakian, directeur du laboratoire de chronobiologie moléculaire de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas et professeur titulaire au département de psychiatrie de l’Université McGill, explique ce qu’ils ont constaté.

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Le manque de sommeil est un trouble généralisé au Canada.
La privation de sommeil est de plus en plus courante dans des pays développés comme le Canada. © iStock

Poursuivre les recherches

Selon la Dre Boivin, professeur titulaire au département de psychiatrie de l’Université McGill, coauteure de la recherche, les perturbations circadiennes combinées à la privation de sommeil peuvent affecter la réponse immunitaire des individus lorsqu’ils vivent sur un horaire de nuit.

« Il faudra maintenant vérifier si c’est aussi le cas chez des travailleurs de nuit et l’ampleur des perturbations chez ces derniers. C’est heureusement un aspect sur lequel nous pourrons intervenir », estime la chercheuse.

Il reste maintenant à clarifier le rôle précis de ces rythmes circadiens sur le déclenchement des troubles de santé associés au travail de nuit. Dans cette perspective, selon les chercheurs de l’Institut Douglas, il faudra tenir compte de plusieurs autres variables dans le cas des sociétés modernes, comme la privation de sommeil et la perturbation des habitudes de vie, les rythmes anormaux d’exposition à la lumière, l’alimentation ou des activités qui peuvent mener à un dérèglement des rythmes circadiens et pourrait conduire, à celui du système immunitaire.

Diane B. Boivin, professeure et directrice du Centre d’étude et de traitement des rythmes circadiens de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas
Diane B. Boivin, professeure et directrice du Centre d’étude et de traitement des rythmes circadiens de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Selon elle, des interventions sont possibles si l’on a une bonne idée de la manière dont le système immunitaire des travailleurs de nuit répond aux perturbations circadiennes combinées à la privation de sommeil © Radio-Canada/Olivier Paradis-Lemieux

Les rythmes circadiens sont des cycles biochimiques, physiologiques et comportementaux qui varient selon une périodicité d’environ 24 heures. Parmi ces cycles ou mécanismes, on peut mentionner le rythme veille-sommeil, la circulation sanguine, les altérations de la vigilance, la température corporelle, la production d’urine, le métabolisme cellulaire, etc.

Bon à savoir

  • Les rythmes circadiens sont des cycles biochimiques, physiologiques et comportementaux qui varient selon une périodicité d’environ 24 heures.

  • Parmi ces cycles ou mécanismes on peut mentionner le rythme veille-sommeil, la circulation sanguine, les altérations changements de la vigilance, la température corporelle, la production d’urine, le métabolisme cellulaire, etc.

  • Chaque être vivant possède des horloges biologiques périphériques. Elles conditionnent le fonctionnement de l’organisme et sont localisées dans le pancréas, le foie, le tissu adipeux, etc.

  • Elles sont synchronisées à l’horloge centrale qui, en outre, contrôle la succession des périodes d’activité et de sommeil et agit comme le métronome de notre corps.

  • Si une horloge périphérique se désynchronise de l’horloge centrale, il peut en résulter une perturbation susceptible de provoquer le diabète, la dépression, l’obésité, ou d’autres problèmes de santé.

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