Déraillement d’un train du CN à Gogama

Déraillement d’un train du CN à Gogama
Photo Credit: Jonathan Moreau

Limiter les dégâts des déraillements de trains de produits dangereux

En cas de déraillement, les trains transportant des produits dangereux représentent un véritable danger pour la population et l’environnement. Le triste souvenir de la tragédie survenue à Lac-Mégantic en raison du déraillement d’un train contenant des produits pétroliers reste frais dans les esprits. En février 2015, un train-bloc de pétrole brut du Canadien National a déraillé près de Gogama, en Ontario, provoquant des incendies gigantesques qui ont brûlé pendant cinq jours. À la suite de son enquête, le Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) exige des compagnies qu’elles préparent de véritables stratégies pour atténuer la gravité des déraillements.

Nécessité de respecter les limites de vitesse

Le déraillement du 14 février 2015 n’était pas attribuable à un excès de vitesse de la part du train-bloc du Canadien National qui roulait à 38 mph, soit sous la vitesse maximale permise de 40 mph.

Et pourtant, 29 wagons de pétrole brut ont déraillé ce jour-là et 19 ont subi des brèches, ce qui a provoqué le rejet de 1,7 million de litres de produit inflammable dans la nature.

En pareille circonstance, il suffit d’une étincelle pour que tout s’embrase, et c’est ce qui est arrivé. Bien qu’il n’y ait pas eu de décès reliés à ces incendies, les dégâts environnementaux ont été très importants.

Malgré le fait que l’accident soit survenu alors que le train roulait à une vitesse en dessous de la vitesse maximale permise par le règlement relatif aux trains et aux itinéraires clés de Transport Canada, le Bureau de la sécurité des transports s’est dit préoccupé du fait que les limites actuelles ne soient pas assez sévères pour certains trains.

Nous recommandons que Transports Canada étudie tous les facteurs, y compris la vitesse, qui exacerbent les déraillements des trains de marchandises dangereuses, élabore des stratégies d’atténuation des risques, puis modifie les règles en conséquence. – Kathy Fox, présidente du BST

Survenu le 6 juillet 2013, le déraillement du train de la Montreal, Maine and Atlantic dans le centre-ville de Lac-Mégantic a causé la mort de 47 personnes.
Survenu le 6 juillet 2013, le déraillement du train de la Montreal, Maine and Atlantic dans le centre-ville de Lac-Mégantic a causé la mort de 47 personnes. © PC/PC/Paul Chiasson

Faible culture de sécurité

Dans le cas de la tragédie de Lac-Mégantic en 2013, 73 wagons d’un train de la compagnie Montreal, Maine & Atlantic Railway transportant chacun près 113 000 litres de pétrole brut du Dakota du Nord vers l’est du Canada, avaient été laissés sans surveillance dans la localité de Nantes, pour effectuer un changement d’équipe.

Par la suite, le conducteur du train avait quitté les lieux pour aller dormir ailleurs. Quelques heures plus tard, le train s’était mis à rouler sans conducteur et, à cause d’un virage mal négocié, il avait déraillé en plein centre-ville de Lac-Mégantic. Plusieurs incendies ont été à l’origine d’un véritable drame humain et environnemental. Quarante-sept personnes avaient perdu la vie à la suite de ce déraillement, le deuxième du genre dans cette petite localité.

L’enquête du Bureau de la sécurité des transports avait permis de relever 18 causes de l’accident, parmi lesquelles le manque de surveillance de la compagnie impliquée, sa faible culture de sécurité et le manque de formation de ses employés.

Incendie à la suite du déraillement survenu à l’ouest de Gogama en février 2015.
Incendie à la suite du déraillement survenu à l’ouest de Gogama en février 2015. © Bureau de la sécurité des transports du Canada

En ce qui concerne l’accident de Gogama, l’enquête du Bureau de la sécurité des transports a démontré que la rupture d’éclisses était à l’origine du déraillement.

Des fissures de fatigue préexistantes avaient atteint une taille critique, ce qui avait échappé à la vigilance des techniciens lors des inspections précédentes. Avec une température à son niveau le plus bas (-31 °C lors du déraillement), les chocs répétés des roues avaient entraîné la défaillance de ces éclisses.

Si le superviseur adjoint de la voie n’avait pas pu détecter les défauts, c’était une fois de plus à cause d’un problème de formation, d’encadrement et de soutien insuffisants.

D’un autre côté, le Bureau de la sécurité des transports a établi un lien entre la vitesse du train et la gravité des dommages causés aux wagons-citernes, car bien que ces wagons aient été construits selon les normes CPC-1232, ses structures de protection thermiques étaient insuffisantes. Cela a eu pour conséquence la naissance de ruptures thermiques sur les wagons qui se trouvaient dans le feu en nappe, augmentant le déversement de produits.

Le BST a relevé que ces wagons ont connu des problèmes de performance semblables à ceux impliqués dans le déraillement à Lac-Mégantic.

« Le transport de liquides inflammables par rail figure sur la liste de surveillance du BST depuis 2014. Bien que des wagons-citernes plus robustes soient maintenant fabriqués, les wagons actuels demeureront en service durant des années. Les risques seront présents tant que les facteurs qui contribuent aux déraillements et à leur gravité ne seront pas atténués. Voilà l’objectif de la recommandation que nous présentons aujourd’hui. » – Kathy Fox.

Catégories : Environnement et vie animale, Santé, Société
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