Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, exclut les considérations de politique intérieure comme source de blocage dans la renégociation de l'ALENA - Photo: Justin Tang/THE CANADIAN PRESS

ALENA : la politique canadienne n’a rien à voir dans l’enlisement des pourparlers

Vendredi, un conseiller économique de la Maison-Blanche a affirmé que le Canada étirait les négociations sur le renouvellement de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) pour des raisons de politique intérieure. Faux, lui a répliqué Justin Trudeau dimanche.

« Je veux vous dire de façon très très claire et ferme que les considérations par rapport aux élections au Nouveau-Brunswick ou au Québec ne font pas du tout partie de notre réflexion » lors des négociations commerciales. Le premier ministre canadien a tenu ces propos dimanche à Montréal.

Il estime plutôt « très probable » une reprise des négociations pour la modernisation de l’ALENA. Cette reprise se fera « de façon moins formelle », en marge de l’Assemblée générale de l’ONU qui a débuté lundi à New York.

Rappelons que le Nouveau-Brunswick est en élection législative lundi, et que le Québec lui emboîtera le pas dans une semaine. L’un des points d’achoppements dans les discussions entre Canadiens et Américains est le système canadien de gestion de l’offre. Un système qui garantit des prix stables aux éleveurs de poulets et aux producteurs de lait et d’oeufs au moyen de quotas de production.

Les Américains veulent que le Canada allège ce système. Mais le puissant secteur laitier du Québec y tient et demande à Ottawa de ne pas céder aux pressions américaines. Des élus québécois ont d’ailleurs menacé de saisir la justice si jamais Ottawa cédait aux pressions de Washington sur le secteur laitier.

Le Canada résiste aux pressions américaines

De son côté, l’administration Trump se dit prête à conclure une entente uniquement avec le Mexique faute de progrès rapide avec le Canada. Mais Justin Trudeau réitère sa position sur les négociations en cours : « Nous avons toujours dit très clairement qu’on ne signerait qu’un bon accord pour le Canada, sinon nous ne le signerons pas. »

La dernière séance de négociations entre Washington et Ottawa s’est achevée jeudi sans aboutir à un accord.

Même en l’absence de rencontres formelles au cours des prochains jours, il est probable, selon M. Trudeau, que les conversations se poursuivent d’autant plus que plusieurs des négociateurs canadiens, dont la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, sont à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies. C’est d’ailleurs Mme Freeland qui prononcera le discours du Canada devant l’Assemblée générale vendredi, en lieu et place de M. Trudeau qui ne restera que quelques jours à New York.

L’accord tripartite de libre-échange nord-américain entre les États-Unis, le Canada et le Mexique est entré en vigueur en 1994. Il est en renégociation depuis août 2017 à la demande de Donald Trump qui le juge inéquitable pour l’économie américaine.

Les États-Unis ont déjà conclu en août un accord de principe avec le Mexique, mais continuent de négocier avec le Canada. L’administration Trump a établi comme date butoir le 1er octobre pour publier le texte du nouvel accord. Le Canada refuse pour l’instant de céder aux pressions américaines.

(Avec l’AFP)

Quelques données sur l'ALENA
  • L’Accord de libre-échange nord-américain, entré en vigueur le 1er janvier 1994, a été signé par le premier ministre Brian Mulroney, le président du Mexique Carlos Salinas et le président des États-Unis George H.W. Bush. Premier accord commercial global de son genre, l’ALENA a mis en place la plus grande zone de libre-échange du monde.
  • L’ALENA a mis en évidence des avantages de la libéralisation du commerce pour le reste du monde. Mais il a aussi créé des délocalisations d’entreprises (et d’emplois) dans certains domaines.
  • En vertu de l’ALENA, les droits de douane sur les marchandises admissibles entre le Canada et le Mexique ont été complètement éliminés en 2008.
  • L’ALENA dispose de mécanismes qui permettent de régler des différends à l’amiable, notamment par l’intermédiaire des comités et des groupes de travail. Il permet aux investisseurs transfrontaliers de recourir à des tribunaux impartiaux pour régler les différends.
  • Les droits de douane sur les marchandises admissibles entre le Canada et les États-Unis ont été éliminés le 1er janvier 1989, conformément à l’ALECEU (Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis), dont les dispositions ont été conservées dans l’ALENA.
  • Les investissements bilatéraux entre le Canada et les États-Unis ont atteint près de 866,4 milliards de dollars en 2016. Le stock d’investissement direct du Canada au Mexique est passé de 530 millions en 1993 à 16,8 milliards en 2016.

Source : Gouvernement du Canada, Statistique Canada

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