Des manifestants interrompent la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland lors d'une conférence de presse de clôture avec des membres du Groupe de Lima à la suite de la 10e réunion ministérielle de l'organisation à Ottawa le lundi 4 février 2019. (Sean Kilpatrick/THE CANADIAN PRESS)

Conférence de presse interrompue : des manifestants dénoncent l’intervention du Canada contre Maduro au Venezuela

Des manifestants ont interrompu la ministre canadienne des Affaires étrangères Chrystia Freeland au coeur d’une conférence de presse à Ottawa, lundi, au terme de la réunion extraordinaire du Groupe de Lima.

Deux des manifestants, déguisés en journalistes, ont crié : « bas les pattes au Venezuela », tout en tenant un grand panneau noir sur lequel on pouvait lire « Stoppez le pillage ».

Juan Guaido parle aux journalistes. – Photo : Reuters / Carlos Garcia Rawlins

La cinquantaine de manifestants avaient des antécédents variés, mais plusieurs représentaient le mouvement syndical au pays. Ces représentants de syndicats canadiens exprimaient leur opposition à la décision d’Ottawa de se ranger aux côtés du leader de l’opposition vénézuélienne, Juan Guaido, et de provoquer ainsi le renversement du régime du président Nicolas Maduro que le Groupe de Lima et plusieurs pays occidentaux accusent de violations des droits de la personne et d’avoir truqué les résultats des récentes élections présidentielles.

Le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), le plus grand syndicat du Canada, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes et le Congrès du travail du Canada ont tous les trois exprimé des préoccupations à divers degrés concernant la décision du Canada de reconnaître Guaido comme président intérimaire.

Des manifestants interrompent la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland (Sean Kilpatrick/THE CANADIAN PRESS)

Les syndicats accusent le gouvernement de Justin Trudeau d’avoir cédé aux vues de Trump

Le SCFP accuse le gouvernement Trudeau d’avoir choisi de se ranger du côté de Donald Trump et de la politique étrangère américaine dans cette affaire. Compte tenu de l’implication historique des États-Unis dans la région, les actions de Guaido présentent, selon eux, tous les signes d’un coup d’État.

Ils partagent cette position avec le NPD qui s’est prononcé, la semaine dernière, contre l’attitude interventionniste du gouvernement canadien.

« Le Canada ne devrait pas se contenter de suivre la politique étrangère des États-Unis. Nous mettons en garde le premier ministre Justin Trudeau contre tout rôle dans le changement de régime dans un autre pays. »

Ces syndicats rejettent les tentatives du gouvernement canadien d’interférer avec les processus démocratiques et la souveraineté du peuple vénézuélien.

Le Canada maintient ses positions


Chrystia Freeland, ministre des Affaires étrangères, participe à une conférence de presse de clôture avec des membres du Groupe Lima. Photo : CBC

Lors de la conférence de presse, la ministre a déclaré que Guaido tire sa légitimité du fait qu’il est le leader de l’Assemblée nationale. Elle a également souligné le caractère temporaire de la reconnaissance par le Groupe de Lima de Guaido comme président par intérim.

M. Freeland a déclaré que l’autorité de M. Guaido devait être utilisée uniquement pour ordonner des élections libres et équitables afin de rétablir la démocratie au Venezuela.

La déclaration finale du Groupe de Lima à l’issue de la réunion de lundi à Ottawa soulignait le « soutien du Groupe à un processus de transition pacifique par des moyens politiques et diplomatiques sans recours à la force ».

« Nous reconnaissons et soutenons le droit du peuple vénézuélien de jouir de la démocratie, a déclaré Mme Freeland après que les manifestants eurent été escortés hors de la salle. Le genre de démocratie dont jouissent les manifestants politiques au Canada et, malheureusement, pas au Venezuela. »

Le Canada s’ingère-t-il ou non dans les affaires d’un autre pays?

Encouragé par le soutien international, Juan Guaido cherche à fissurer la loyauté de l'armée. PHOTO AFP

Opération cachée au Venezuela : le Canada était derrière la montée des forces anti-Maduro

Le Canada a mené une opération cachée de longue haleine derrière la montée de l’opposition populaire au régime du président vénézuélien Nicolas Maduro.

Selon des informations de La Presse canadienne, des diplomates canadiens à Caracas auraient en fait travaillé pendant plusieurs mois afin de favoriser une unification des partis de l’opposition derrière le candidat à la présidence Juan Guaido, reconnu depuis la semaine dernière par le Canada et ses alliés comme étant le légitime président par intérim du Venezuela.

De hauts responsables du gouvernement canadien ont expliqué à La Presse canadienne, sous le couvert de l’anonymat, que le Canada a apporté une aide discrète aux forces démocratiques locales pour sauver ce pays de la spirale économique et politique qui a contraint trois millions de Vénézuéliens à fuir leur pays.

Des diplomates canadiens ont notamment maintenu des contacts étroits avec M. Guaido et d’autres membres de l’opposition.

Au fil des discussions entre les factions de l’opposition vénézuélienne, celles-ci ont commencé à mettre de côté leurs divergences, rapporte une source.

Bien que tout le mérite revienne aux groupes de l’opposition, indique une source, les diplomates canadiens ont pu les aider en « facilitant les conversations avec des gens qui étaient à l’extérieur et à l’intérieur du pays » avec d’autres diplomates.

Cette discrète intervention de la diplomatie canadienne a été menée en tandem avec des pays alliés et membres du Groupe de Lima tels que le Chili, le Pérou, la Colombie et le Brésil.

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Photo rendue publique par le journal La Opinion de Cucuta de milliers de Vénézuéliens entrant en Colombie par la pont international Simon-Bolivar (Edinsson Figueroa/EPA-EFE)

RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Jean-Michel Leprince, Michel Désaultel et Philippe-Vincent Foisy de Radio-Canada

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Catégories : International, Politique
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