Depuis dix ans, le Projet de restitution des œuvres de la collection Max-Stern tente de mettre la main sur une immense collection d’œuvres d’art pillée durant les années du nazisme en Allemagne. Pour la première fois en dix ans, un musée allemand, la Staaatsgalerie Stuttgart, a rendu un tableau à la succession du regretté marchand d’œuvres d’art germano-canadien d’appartenance juive.
« La Vierge et l’enfant », une toile de la première Renaissance nordique ayant appartenu à Monsieur Stern et attribuée au Maître de Flémalle (1375-1444), fait maintenant partie du legs retrouvé de ce collectionneur et mécène qui avait fait de Montréal son chez-lui après les terribles années troubles vécues en Allemagne, les camps d’internements pour citoyens allemandes durant la Seconde Guerre (il a été interné au Nouveau-Brunswick et au Québec).
Trois institutions d’enseignement supérieur sont les bénéficiaires de la Fondation Max-Stern, les Universités Concordia et McGill de Montréal, et l’Université Hébraïque de Jérusalem.
Le Dr. Clarence Epstein, directeur des Projets spéciaux et des Affaires culturelles de l’Université Concordia de Montréal est l’invité au micro de Raymond Desmarteau.
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L’enquête pour retrouver « La Vierge et l’enfant » a été lancée en 2008 par les spécialistes du Holocaust Claims Processing Office. Par la suite, des chercheurs de la Staaatsgalerie Stuttgart ont participé aux recherches notamment grâce à de nouveaux budgets octroyés récemment par le gouvernement allemand aux musées d’État pour qu’ils enquêtent sur la provenance de leurs œuvres.
« La Vierge et l’enfant » fait partie des nombreux tableaux cédés par Max Stern afin d’obtenir un permis de sortie pour sa mère, Selma.

Selon le Dr Clarence Epstein, directeur des projets spéciaux et des Affaires culturelles de l’Université Concordia, agissant au nom des exécuteurs testamentaires de Max Stern, « C’est une œuvre importante. Les tableaux de la première Renaissance nordique sont rares sur le marché. Ils sont donc très recherchés »
Cette restitution annonce sans doute d’autres à venir. Rappelons que le gouvernement néerlandais et le Musée Brabant-Septentrional de Bois-le-Duc, aux Pays-Bas avait remis à la fondation le tableau intitulé «Allégorie de la Terre et de l’eau » attribué à Jan Brueghel dit le Jeune. C’était alors le huitième tableau remis à la fondation Max-Stern.

Il en resterait 400 à retrouver.
Cela laisse toutefois en plan tous les musées privés qui ne sont pas visés par la subvention gouvernementale, regrette M. Epstein.
La restitution de Stuttgart coïncide avec le 100e anniversaire de la fondation de la galerie Stern à Düsseldorf par le père de Max Stern, Julius.
Cet établissement était autrefois l’une des plus prestigieuses galeries commerciales de la ville, entretenant des liens avec des musées de toute l’Allemagne.

Au milieu des années 1930, avec la montée du nazisme et l’expulsion des membres juifs de la Chambre des beaux-arts du Reich – division de la Chambre de la culture du Reich de Joseph Goebbels – le sort de la galerie était scellé.
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