Les négociations visant à conclure un traité de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne (UE) seraient au point mort, selon plusieurs personnes impliquées dans les pourparlers.
« L’accord devait être conclu en novembre, ensuite en février. Personne ne veut le mettre sur la glace, mais cela pourrait arriver si chacun reste sur ses positions pendant une trop longue période », indique un diplomate européen.
Il y a 6 semaines pourtant le gouvernement canadien avait laissé entendre que le Canada et l’Union européenne étaient « très proches » de conclure l’accord de libre-échange. L’assurance avait été livrée par le ministre fédéral du Commerce international, Ed Fast.
De passage à la fin du mois de mars à Montréal dans le cadre d’un événement organisé par des manufacturiers et exportateurs du Québec, M. Fast avait confié que les négociateurs de part et d’autre travaillaient « tard en soirée » et parfois même dans la nuit pour résoudre les embûches qui empêchaient toujours la conclusion d’une entente.
Il s’agit d’« un très petit nombre de questions » qui figurent cependant parmi « les plus difficiles », notait alors le ministre.

Un problème de boeuf et d’hormones
La presque totalité de l’accord aurait été conclue, mais la quantité de boeuf que le Canada désire exporter vers l’UE, 100 000 tonnes par année, et les demandes des entreprises allemandes et françaises de se voir accorder plus facilement des contrats du gouvernement canadien dans le secteur du transport urbain n’ont pas encore trouvé de solutions.
Les exportations de bœuf canadien sont en ce moment bloquées par l’UE, car la grande majorité de la viande provenant du Canada contient des hormones. Ottawa rétorque à cela que pour que la production du bœuf sans hormones soit viable pour les producteurs canadiens, ces derniers doivent pouvoir en exporter un quota important.
Les pressions augmentent sur le gouvernement canadien
Quatre ans après le début des négociations entre le Canada et l’Union européenne en vue de conclure un accord de libre-échange, les pressions s’intensifient sur le gouvernement de Stephen Harper qui s’était engagé à conclure une entente en trois ans.
Pour l’ancien premier ministre du Québec Jean Charest, il est maintenant temps pour Stephen Harper d’intervenir personnellement dans le dossier.
La pression sur le gouvernement Harper d’en arriver à un accord avec les Européens augmente énormément surtout depuis le mois de février dernier. C’est à ce moment-là, lors de son discours sur l’état de l’Union que le président américain Barack Obama a annoncé son intention d’entreprendre à son tour des négociations avec l’Europe, dans le but de créer la plus grande zone de libre-échange au monde.
L’ancien négociateur commercial Gordon Ritchie, qui avait mené les pourparlers de libre-échange avec les États-Unis, estime que même dans les meilleures conjonctures, il est difficile de négocier avec les Européens. Maintenant, ceux-ci ne voudront pas céder de pièces trop rapidement aux Canadiens, préférant peut-être les retenir pour négocier avec les Américains, ce qui rendra difficile la conclusion d’une entente acceptable, selon lui.

Un bon accord, en principe!
La libéralisation du commerce des biens et services entre le Canada et l’Europe permettrait d’accroître de 20 % les échanges bilatéraux, d’injecter 12 milliards de dollars dans l’économie canadienne et de créer plus de 80 000 emplois au Canada, plaidait le premier ministre Harper en mai 2009.
Le saviez-vous?
- En 2012, les échanges commerciaux entre le Canada et les 27 pays de l’UE ont totalisé 89 milliards de dollars canadiens.
- S’ils augmentaient à terme de 20%, avec un nouvel accord économique comme les experts l’estiment, le commerce entre les deux partenaires bondirait de près de 18G$.
- Cela représenterait environ 40% des exportations totales du Québec aux États-Unis l’an dernier, ce qui est considérable.
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