La réputation du pétrole extrait des sables bitumineux de la province de l’Alberta est très entachée. La dernière « tuile » à lui être tombé sur la tête en ce mois de mai est le projet européen de directive sur la qualité des carburants qui menace de classer le pétrole albertain parmi les carburants les plus « sales » de la planète.
Le Canada, dont le sous-sol renferme les troisièmes réserves mondiales de pétrole, s’oppose bien sûr fermement au projet européen et s’inquiète des conséquences de la mauvaise image du pétrole albertain.aux États-Unis qui est notre principal marché d’exportation
Offensive publicitaire de plus de 16 millions de dollars
Le ministère fédéral des Ressources naturelles s’engage donc dans une offensive publicitaire. 16,5 millions de dollars auraient été mis de côté par le ministère à des fins publicitaires en 2013-2014, afin de promouvoir ce que le gouvernement conservateur canadien de Stephen Harper appelle le « développement responsable des ressources ». C’est une hausse de 7 millions de dollars par rapport au budget de 2012-2013. Ce même budget publicitaire n’était que de 237 000 $ en 2010-2011.
En plus d’une importante campagne télévisée destinée au public canadien, le ministère canadien des Ressources naturelles a lancé une offensive publicitaire aux États-Unis. Cette offensive prend la forme de messages dans des publications influentes et la mise en ligne d’un site Internet destiné au public américain : gowithcanada.ca.
Voyage d’affaire et publicitaire ce jeudi
L’offensive pour « redorer l’image » du pétrole albertain se poursuit cette semaine avec la visite du premier ministre Stephen Harper à New York, jeudi, pour vanter les mérites du projet d’oléoduc Keystone XL de TransCanada. Ce projet d’oléoduc permettrait de transporter du pétrole brut des sables bitumineux albertains aux raffineries situées sur la côte du golfe du Mexique.
L’administration du président américain Barack Obama tarde à prendre une décision dans ce dossier. Le projet s’est embourbé dans une série de questions de politique intérieure, en plus de susciter un concert de commentaires négatifs de la part du milieu environnemental.

Maquillage publicitaire
Plusieurs groupes environnementaux affirment que le gouvernement canadien maquille la vérité au sujet de la pollution causée par l’extraction du pétrole des sables bitumineux de la province de l’Alberta. Des scientifiques protestent contre l’affirmation selon laquelle le Canada a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 26 % depuis 1990, alors qu’elles auraient en fait plus que triplé entre 1990 et 2011.
Ce débat sur le bien-fondé ou non des données fournies par le gouvernement canadien surgit alors qu’on reproche à ce dernier d’avoir congédié ou muselé des dizaines de fonctionnaires scientifiques s’occupant de questions environnementales.
Le saviez-vous?
- Les sables bitumineux de l’Alberta sont très denses et le pétrole qui s’y trouve doit être séparé de l’argile et du sable. La nécessité de chauffer et de diluer le bitume signifie que le processus utilisé pour transformer le bitume en pétrole nécessite en moyenne 23 % plus d’énergie que ce qu’exigent les autres formes de pétrole brut ordinaire.
- Les émissions provenant de l’extraction des sables bitumineux du Canada constituent la plus grande source de pollution générée par les gaz à effet de serre du Canada.
- Si l’Alberta était un pays, son empreinte carbonique par personne serait la plus élevée au monde, soit 69 tonnes de C02 par personne et par année – bien au-delà de son plus proche concurrent, le Qatar, qui se situe à 49 tonnes.
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