Cette technique de rachat se nomme « implantation d’une coopérative de travailleurs actionnaires (CTA) ». Il y a plusieurs écueils en cours de route mais il y a aussi une valeur ajoutée substantielle si le processus est bien compris, bien géré et bien accepté par tous. Voici l’une de ces histoires.
Il y a une vingtaine d’année, la société montréalaise Speedware va bien, très bien même. Cette entreprise spécialisée en implantation de technologies organisationnelles dans des compagnies et des agences gouvernementales a des clients dans une vingtaine de pays. Le marché se transforme peu à peu, Speedware élargit son offre en achetant quatre sociétés qui sont intégrées à l’entreprise. Peu de temps après un concurrent américain, Activant, offre de tout racheter, Speedware et les quatre sociétés; les actionnaires acceptent l’offre d’achat et … Speedware est sous contrôle américain.
Mais, il y a anguille sous roche. Activant n’a cure de Speedware, elle veut les quatre sociétés et rien d’autre. On prend ce que l’on veut et on laisse s’éteindre l’entreprise. Qu’à cela ne tienne, Speedware entreprend un virage stratégique en tentant de s’imposer dans le domaine de la migration de systèmes informatiques trop vieux, dépassés vers des plateformes nouvelles, plus performantes.
Activant laisse traîner le dossier, Speedware est toujours rentable, mais, avec la crise économique de 2009, l’américaine accepte de vendre la boîte.
C’est ici qu’arrive le projet d’implantation d’une coopérative de travailleurs actionnaires.
Les dirigeants de Speedware, qui deviendra Fresche Legacy auraient pu financer leur achat sur les marchés traditionnels. Ils ont opté pour cette méthode en se basant sur le principe « Si c’est bon pour nous, c’est sûrement bon pour eux. » Depuis son rachat, Speeedware, maintenant appelée Fresche Legacy , connaît une croissance annuelle de ses revenus de 20%. De plus, ce sont 80 emplois conservés, des employés actionnaires d’une entreprise sauvée.
Andy Kulakowski est président et chef de la direction de Fresche Legacy. Il est l’invité au micro de Raymond Desmarteau
Quelques trucs pour bien réussir l’implantation d’une coopérative de travailleurs actionnaires :
- Être conscient que c’est un mécanisme exigeant qui peut être parfois assez long
- Reconnaître que l’on a affaire à un outil de mobilisation qui doit être nourri
- Ce n’est pas une bouée de sauvetage pour les employés; il implique plus de travail pour les employés et l’un d’eux doit siéger au conseil d’administration.Écoutez
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