La décision de la Fédération de soccer du Québec d’exclure des terrains de soccer les enfants sikhs portant le turban a été vivement critiquée à la Chambre des communes, mardi.
Puis à l’Assemblée législative québécoise, le chef de l’opposition officielle Jean-Marc Fournier a lui aussi remis en question la pertinence de cette interdiction : « La règle, autant pour la FIFA qu’ici au Canada, est de laisser jouer avec le hijab, en vérifiant pendant le jeu les mesures de sécurité, pour s’assurer qu’il n’y ait pas de danger. Honnêtement, je me dis qu’on aurait pu suivre le même raisonnement pour le turban », a-t-il souligné.
À Ottawa, le chef du Parti libéral fédéral, Justin Trudeau, a lui aussi critiqué la décision de la fédération. « Un turban ne devrait empêcher personne de jouer au soccer ou de participer pleinement à une activité. La FSQ devrait revoir sa décision », a-t-il indiqué sur son compte Twitter.
Turbans interdits sur les terrains de « foot » québécois
La tradition chez les sikhs veut que les hommes couvrent leurs cheveux avec un turban.
Or, la Fédération de soccer du Québec (FSQ) a annoncé lundi que les athlètes sikhs qui s’entêteront à vouloir porter un turban ne joueront pas cet été lors de ses matchs. La fédération affirme qu’elle ne fait que suivre les directives de la Fédération internationale de football (FIFA). Sa décision a donc été prise en conformité avec la Loi 4 des règlements FIFA appliquée partout dans le monde. La FSQ affirme qu’il ne s’agit pas d’une mesure discriminatoire, mais d’une mesure de sécurité. Elle est pourtant incapable de citer un seul exemple d’incident impliquant le port du turban lors d’un match de soccer au Canada.
Elle rejette les étiquettes de racisme et d’intolérance qui ont été accolées à cet interdit. Quelque 200 petits joueurs sikhs du Québec devront rester sur les bancs en raison du règlement de l’organisation.
Rappelons que dans les 9 autres provinces canadiennes, porter un turban durant le jeu est pourtant permis.
Concert de protestations des politiciens
Plusieurs ministres du gouvernement conservateur canadien de Stephen Harper ont dénoncé eux aussi la position de la fédération et exigé qu’elle soit révisée.
Le ministre à la Sécurité publique, Vic Toews, a écrit sur son compte Twitter que le fait d’interdire à des « enfants de 5 ans de jouer au soccer pour des raisons de sécurité bidon » était inacceptable, et ce, dans toutes les provinces canadiennes.
Le ministre d’État aux Sports, Bal Gosal, a quant à lui dénoncé la décision aux Communes, soutenant que le sport amateur devrait permettre l’inclusion, et non l’exclusion, des enfants dans la société.
La réaction du Parti conservateur est beaucoup plus vigoureuse qu’en 2007, alors que des jeunes musulmanes portant le hijab avaient été expulsées d’un cours de taekwondo au Québec. Le ministre de l’Immigration, Jason Kenney, s’était alors précipité vers les escaliers pour éviter de répondre aux questions des journalistes à ce sujet.
Cette fois-ci, il a joint sa voix au concert de protestations sur Twitter. « Un sport tel le soccer devrait encourager les enfants à participer, et non à les exclure à cause de leurs traditions religieuses », a-t-il écrit.
Réactions sikhes
Des membres de la communauté sikhe n’hésitent pas à crier à la discrimination. « On va continuer de travailler avec l’Association de soccer du Canada et du Québec pour changer ces règlements », a dit le vice-président de l’OMSC.
Malgré les menaces de recours judiciaire, la Fédération québécoise entend maintenir sa décision, prise à la quasi-unanimité par les membres du conseil d’administration. La FSQ invite les intervenants de la communauté sikhe à frapper à la porte de la FIFA qui a le pouvoir et la capacité de changer les règlements.
Le saviez-vous?
- En 2008, l’interdiction de porter le hijab musulman avait suscité une autre grande controverse.
- En 2012, la FIFA avait finalement permis aux jeunes musulmanes de manier le ballon en portant leur hijab.
- Cette initiative est en période d’essai jusqu’en 2014 et les joueuses qui portent le hijab doivent respecter certaines conditions relatives à sa couleur, sa forme et le type de matériel.
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