Pauvreté endémique chez les enfants des Premières Nations au Canada

Pauvreté endémique chez les enfants des Premières Nations au Canada
Photo Credit: PC / DARRYL DYCK

La moitié des enfants amérindiens vivent sous le seuil de la pauvreté au Canada

En cette journée nationale des Premières Nations au Canada, cette nouvelle jette une douche d’eau froide en mettant en lumière, de façon crue, une réalité trop souvent occultée.

Selon un rapport rendu public cette semaine, la moitié des enfants des Premières Nations au Canada vivent dans la pauvreté, et cette proportion passe aux deux tiers en Saskatchewan et au Manitoba.

« Le taux de pauvreté est sidérant. Un taux de 50% est unique au Canada, même au sien des autres groupes les plus laissés pour compte. C’est vraiment la pire des situations » affirme David Macdonald, économiste sénior  Centre canadien de politiques alternatives et co-auteur du rapport.

Publiée conjointement par le Centre canadien de politiques alternatives et par l’ONG Save the Children/Aide à l’enfance, l’étude souligne que le taux de pauvreté chez les enfants possédant le statut d’indien et vivant dans une réserve était le triple de celui des autres enfants au pays.

 Enfants amérindiens
Enfants amérindiens

Au Manitoba et en Saskatchewan 62 et 64% des enfants amérindiens  possédant le statut d’indien vivent sous le seuil de la pauvreté alors que ce taux est respectivement de 15 et de 16% pour les autres enfants de ces provinces de l’Ouest. Les différents taux de pauvreté des enfants amérindiens sont  systématiquement supérieurs à tous les autres partout au pays.

Daniel Wilson, ex-diplomate, consultant en dossiers amérindiens et co-auteur de l’étude ajoute: «  L’intensité, la profondeur de la pauvreté ne sont pas reflétées par les taux. Elles sont pires que ne le soulignent les chiffres. »

« Essayez d’imaginer un enfant typique, membre d’une Première Nation et vivant sur une réserve au pays. Il s’éveille dans une maison surpeuplée dont les murs et la toiture pourraient contenir de l’amiante, assurément de la moisissure, en grands besoins de réparations et sans eau potable. De plus, cet enfant n’a pas d’école où aller. »

L’étude dont il est question se base sur les données recueillies lors du recensement de 2006, où l’on trouve les données les plus récentes sur la pauvreté au Canada du moins d’ici à ce que les résultats du recensement de 2011 soient divulgués. Les données recueillies annuellement sur les dynamiques de travail et de revenu au pays servent habituellement à établir les taux de pauvreté au Canada. Par contre, ces données ne sont pas recueillies sus les réserves, nom donné aux communautés réservées aux Premières Nations.

Le rapport souligne également que les enfants amérindiens vivant en réserves, donc sous juridiction fédérale, ont des conditions de vies bien pires que celles que connaissent les autres enfants amérindiens – Métis, Inuit ou Amérindiens sans statut – qui vivent sous juridiction provinciale. Chez ces derniers, le taux de pauvreté est de 27%, ce qui est quand même le double de celui de la population non-autochtone.

Ce taux s’aligne avec celui retrouvé chez les immigrants de première génération et chez les réfugiés, 33%, ou encore avec celui des minorités visibles, 22%.

 La dure réalité de la Loi sur les Indiens au Canada
La dure réalité de la Loi sur les Indiens au Canada

Un financement totalement dépassé par la croissance de la population

On note également que les transferts de paiements du gouvernement fédéral vers les communautés autochtones vivant en réserves ont été limités à 2% d’augmentation annuellement depuis 1996, sans tenir compte de la croissance de la population ou des besoins spécifiques.

Des désavantages tenaces grèvent encore et toujours les Premières Nations au Canada qu’il s’agisse d’éducation, de santé ou d’habitation. Ces réalités sont très connues, très documentées. Par contre, le rapport souligne à traits rouges que la pauvreté tenace des enfants amérindiens au Canada est évitable et pourrait être éradiquée, ou du moins contenue.

Pour sortir les enfants amérindiens de la pauvreté endémique, il en coûterait un milliards de dollars; il n’en coûterait que 580 millions si l’on ne parle que des 120 000 enfants détenteurs du statut d’indien.

Il y aurait 426 00 enfants amérindiens – tous statuts confondus – vivant au Canada. La grande majorité d’entre eux se retrouve en Saskatchewan, au Manitoba, en Alberta, en Colombie-Britannique et en Ontario. La population amérindienne est celle qui connaît le plus haut taux de croissance au Canada.

Catégories : Autochtones, Économie, Politique, Santé, Société
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