Un employé d'Hydro-Québec installe un compteur intelligent.

Un employé d'Hydro-Québec installe un compteur intelligent.
Photo Credit: Hydro-Québec

Aller à coutre-courant pour arrêter l’arrivée de compteurs électriques intelligents

Le courant passe mal entre la compagnie Hydro-Québec et des citoyens

L’entreprise nationale de l’électricité du Québec est aux prises avec des citoyens mécontents à Laval, troisième ville du Québec qui est situé directement au nord de la ville de Montréal.

Ces résidents de Laval pensaient qu’un refus signifié par écrit allait empêcher l’installation chez eux d’un compteur électrique intelligent d’Hydro-Québec. Mais il viennent d’apprendre que leur démarche n’aura pas d’effet puisqu’elle n’a pas été faite selon les normes établies par la compagnie. « Il y a une marche à suivre », réplique Patrice Lavoie, porte-parole d’Hydro-Québec.

Hydro-Québec rappelle que ceux qui préfèrent ne pas se faire installer un compteur intelligent doivent appeler au 1 866 332-6779 et signifier leur intention. Hydro-Québec exigera des frais d’installation de 90 $ ainsi que des frais annuels supplémentaires de relève de 206 $.

« C’est insultant », rétorque Ginette Auclair, chez qui deux compteurs émetteurs de radiofréquences ont été installés. Selon le mouvement « Laval refuse », au moins une dizaine de citoyens se trouveraient dans la même situation que Ginette Auclair. « Nous leur suggérons d’envoyer une lettre recommandée et d’apposer un avis écrit pour signifier aux installateurs qu’ils ne veulent pas de compteur intelligent. Selon Francine Lajoie, cofondatrice de Laval refuse, les nouveaux compteurs émettent des radiations, ils sont donc des « contaminants »!. Or, la loi stipule qu’on ne peut installer un contaminant chez quelqu’un sans son consentement. »

Un projet électrique intelligent à grande échelle

Hydro-Québec amorce l’installation de nouveaux compteurs intelligents au nord de Montréal en ce moment. Mais l’opposition de plus en plus vive s’organise dans plusieurs villes visées par le plan de modernisation des équipements. Des opposants distribuent des tracts, organisent des soirées d’information et tentent de convaincre leurs concitoyens de ne pas installer chez eux de compteurs. Le problème en serait un de transmission d’ondes radio. Ces ondes pourraient, selon les opposants, être nocives pour la santé.

On veut s’assurer que ces ondes radios n’ont pas d’impact sur la santé avant d’installer des compteurs intelligents partout. On souhaite l’installation de compteurs qui n’émettent pas de radiofréquences.

Hydro-Québec prévoit remplacer ses 3,8 millions de compteurs électromécaniques par des compteurs intelligents d’ici 2017

Hydro-Québec procède depuis quelques semaines à l'installation de ses compteurs-émetteurs de radiofréquences à Laval.
Hydro-Québec procède depuis quelques semaines à l’installation de ses compteurs-émetteurs de radiofréquences à Laval. © Francis Labbé

Débats sur les effets sur la santé

Selon Hydro-Québec, il n’y a aucune inquiétude à avoir quant à l’impact de ces compteurs sur la santé humaine. « Ils émettent beaucoup moins de radiofréquences qu’un micro-ondes, et encore moins qu’un téléphone cellulaire, par exemple », explique Patrice Lavoie, porte-parole d’Hydro-Québec. « C’est 120 000 fois inférieur aux normes canadiennes. »
Selon Patrice Lavoie, toute personne qui préfère se faire installer un compteur qui n’émet pas de radiofréquences, peut le faire, moyennant des frais d’installation de 98 $ ainsi que des frais annuels de relève de données de 206 $.

Selon Stéphane Bélainsky cependant, expert en mesure d’ondes électromagnétiques dans les milieux résidentiels, avec 3,8 millions de compteurs, les personnes qui sont électrosensibles risquent d’être affectées par les ondes émises par les compteurs de leurs voisins. »
Les problèmes des gens sensibles aux radiofréquences vont du trouble du sommeil aux maux de tête en passant par l’arythmie cardiaque, par exemple. Il n’existe cependant pas de consensus scientifique autour de la question de l’électrosensibilité.

Ailleurs, le monde se branche aux compteurs intelligents

Dans plusieurs nations développées et tout juste à côté du Québec, dans la province de l’Ontario des programmes géants de conversion vers des réseaux de compteurs électriques se sont déroulés sans grands heurts et connaissent un véritable succès.

Dans le monde entier en fait, gouvernements et distributeurs d’électricité se sont emparés de la question, emboîtant le pas à l’Italie, premier grand pays à être intégralement doté de cette génération de compteurs.

En septembre 2009, l’Union européenne a fixé aux États membres un objectif de déploiement des compteurs intelligents dans 80 % des foyers européens d’ici à 2020, et 100 % d’ici à 2022.

L’exemple de la province de l’Ontario
L’Ontario Energy Board a terminé l’an dernier l’installation de compteurs intelligents dans presque tous les foyers et habitations de la province.

L’Ontario a introduit des compteurs intelligents – ainsi qu’une structure tarifaire basée selon l’heure de la consommation – pour permettre aux consommateurs de gérer leurs coûts d’électricité tout en aidant l’Ontario à mettre sur pied un système électrique plus efficace et écologique.

À gauche : le compteur intelligent qu'Hydro-Québec compte installer partout d'ici 4 ans. À droite : les anciens compteurs hydroliques qui disparaîtront.
À gauche : le compteur intelligent qu’Hydro-Québec compte installer partout d’ici 4 ans. À droite : les anciens compteurs hydroliques qui disparaîtront. © Francis Labbé

Le saviez-vous?

  • Un compteur « intelligent » est un compteur disposant de technologies avancées qui identifient de manière plus détaillée et précise, et éventuellement en temps réel la consommation énergétique d’un foyer, d’un bâtiment ou d’une entreprise, et la transmettent, par téléphone ou courants porteurs en ligne (CPL), à la compagnie d’électricité.
  • Les compteurs « intelligents » peuvent notamment établir des factures en temps réel et repérer les postes qui coûtent le plus au client. Ils peuvent éventuellement l’informer de microcoupures ou de pertes sur le réseau électrique. Du point de vue de l’entreprise, ils permettent des gains de productivité important via la suppression des emplois de personnels chargés du relevé des compteurs.
  • Lorsque le compteur est en plus programmable à distance et équipé d’un appareil de coupure à distance, il est dit AMM (Advanced Meter Management). Cette deuxième qualité est capitale, car elle va bien au-delà du simple relevé à distance et ouvre l’ensemble du réseau de distribution d’électricité à des évolutions profondes génériquement connues sous le nom de « réseau intelligent ».
Catégories : Économie, International, Internet, sciences et technologies, Santé
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