Depuis toujours ou presque, l’arrivée de l’été amène son lot de feux dans la forêt boréale au Canada. Cette année 2013 ne fait pas exception à cette règle. Chaleur, foudre, sécheresse font effectivement front commun. Cette année encore, des milliers d’hectares de forêt ont brûlé ces dernières semaines dans les vastes incendies de forêts qui continuent de sévir dans tout le nord du Québec. L’impact de ces feux est évident, mais ils ne seront pas les seuls responsables des bouleversements auxquels devra faire face la faune nordique dans les mois à venir.
Dans la forêt boréale, le feu est tout à fait naturel. D’instinct, la faune qui y vit sait affronter ce danger. Certains individus périront mais l’espèce survivra; une autre manifestation de la sélection naturelle où c’est le plus fort qui survit.
Même qu’une fois brûlé, le bois permet une régénération de la biodiversité et revêt son importance pour l’équilibre écologique. Les arbres, qui ne sont pas tous consumés, sont autant d’habitats pour plusieurs espèces d’oiseaux, des insectes, et de petits mammifères.

L’autre bête : l’homme
La biologiste et consultante en conservation de la biodiversité Gaétane Boisseau affirme que ce ne sont pas les incendies de forêt, malgré l’immensité des territoires brûlés, qui ont le plus d’impact sur la forêt. Le cumul de l’activité humaine est le grand danger qui guette la forêt boréale : l’aménagement forestier et les grandes coupes de l’industrie, l’arrivée des routes, des chemins de fer, des lignes de haute tension, etc.
C’est ici que le bât blesse, c’est ici que réside le vrai danger.
«L’aménagement forestier amène dans son sillage les chemins forestiers. C’est ce qui est le plus mortel. Les chemins amènent les gens, certains avec de bonnes, d’autres avec de moins bonnes intentions. La pêche, la chasse, le braconnage et les feux d’origine humaine. C’est ce qui menace la faune», résume-t-elle.
Les chemins, ils ne sont pas prêts de disparaître et Gaétane Boisseau s’inquiète même de voir leur développement augmenter avec l’essor du territoire nordique, en raison des pressions économiques qui s’exercent.
«Les scientifiques et les ingénieurs forestiers savent qu’il faut en laisser pour la biodiversité, mais on en enlève toujours trop et de plus en plus», déplore Gaétane Boisseau, insistant sur l’urgence de protéger les forêts boréales vierges et les quelques massifs naturels encore existants, mais eux aussi, menacés.

Gaétane Boisseau, biologiste et consultante en conservation de la biodiversité est l’invitée au micro de Raymond DesmarteauÉcoutez
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