Pistolet à décharge électrique
Photo Credit: SRC/PC/JIM SLOSIAREK

En Ontario, tous les policiers pourront être munis d’un Taser

Un mois après que la police de Toronto a abattu Sammy Yatim, la ministre ontarienne de la Sécuritaire communautaire, Madeleine Meilleur, a annoncé mardi que tous les policiers de la province pourront être équipés d’un pistolet à décharge électrique.

La ministre, qui avait ordonné un examen des pratiques policières à la suite de la mort du jeune homme de 18 ans, exauce ainsi le souhait de nombre de chefs de police de la province, dont celui de Toronto, qui réclamaient depuis des années le droit de munir tous leurs agents d’un pistolet à décharge électrique, comme dans la Gendarmerie royale du Canada.

Jusqu’à maintenant, seuls les superviseurs et les escouades tactiques en étaient pourvus en Ontario.Chaque corps policier de cette province, du centre du pays, aura désormais l’option d’en munir tous ses agents, mais à ses frais.

La ministre Meilleur dit que les autres provinces, sauf  le Québec, ont déjà élargi l’utilisation du Taser, pour « réduire les blessures et les morts ».

« Nous sommes confiants que cela améliorera la sécurité communautaire et sauvera des vies, parce que ça donne une autre option aux policiers. »— Madeleine Meilleur, ministre de la Sécurité communautaire

La mort de Sammy Yatim, tué par balle par la police alors qu’il brandissait un couteau, seul, à bord d’un tramway, a choqué la population. L’intervention  policière a été filmée par des témoins et diffusée sur Internet.

Dans le cas du jeune homme de 18 ans, un superviseur est arrivé sur les lieux seulement après qu’un autre agent a ouvert le feu. Ce policier, James Forcillo, est accusé de meurtre non prémédité.

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Sammy Yatim © PC/Canadian Press/HO-Facebook

Quant au superviseur, il a tout de même utilisé son pistolet électrique sur Sammy Yatim, après qu’il eut été atteint par balle, ce qui a aussi soulevé des questions.

La ministre Meilleur assure que son annonce, mardi, n’est pas liée à la mort du jeune homme.

De son côté, le président de la Commission des services de police de Toronto ne sait pas si tous les agents de la Ville Reine en seront munis, compte tenu du fait que l’achat de tels pistolets pour tous les policiers coûterait  de 8 à 10 millions de dollars, selon lui, sans parler du coût lié à la formation.

Fausse solution?

De son côté, l’avocat Peter Rosenthal, qui a représenté d’autres familles de résidents abattus par la police dans le passé, soutient qu’une plus grande utilisation du pistolet à décharge électrique ne mènera pas à une réduction du nombre de fusillades policières.

« Il y aura plus de blessures et même parfois des morts. »— Peter Rosenthal, avocat

Dans le cas de  suspects agités, une décharge électrique peut être un des facteurs menant à une crise cardiaque, comme l’a conclu récemment l’enquête du coroner sur la mort de l’Ontarien Aron Firman.

Pour sa part, la compagnie Taser  International a déclaré que M. Firman avait peut-être été victime d’une sorte de délirium, un état qui peut s’observer chez des gens souffrant de maladies mentales ou qui prennent de la cocaïne.

Me Julian Falconer affirme qu’il faut revoir la formation des policiers, pas simplement leur fournir un Taser.

La formation des policiers utilisant un tel pistolet avait été remise en cause après la mort de Robert Dziekanski à l’aéroport de Vancouver il y a six ans.

Pour sa part, l’ombudsman ontarien, André Marin, a lancé sa propre enquête sur la mort du jeune homme. À la suite de cette intervention tragique, le chef de police de Toronto, Bill Blair, a demandé à l’ancien juge Dennis O’Connor d’examiner les pratiques de ses agents.

Catégories : Politique, Société
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