Paul Martin

Paul Martin
Photo Credit: Stuart Dryden (PC)

Syrie : un ex-premier ministre invoque « le devoir de protéger » du Canada

Paul Martin privilégie une intervention militaire musclée à une solution négociée

L’ancien premier ministre libéral Paul Martin, qui avait ardemment milité au début des années 2000 pour que les Nations unies adoptent la doctrine canadienne de la responsabilité de protéger les civils, pense qu’il est temps pour le Canada et les autres pays du monde d’intervenir militairement en Syrie, où le régime de Bachar Al-Assad est soupçonné d’avoir utilisé des armes chimiques contre son peuple le 21 août.

Paul Martin a été le premier ministre du Canada de 2003. Sur le plan de la politique étrangère, il a multiplié dans un premier temps les tentatives de rapprochement avec les États-Unis, après une période de tensions née de plusieurs facteurs (refus du Canada de participer à la guerre en Irak, embargo américain sur le bœuf canadien, ou encore taxes sur le bois d’œuvre).

Selon Paul Martin, une coalition assez large de pays pourrait remplacer l’ONU

« Ce dont les États-Unis ont besoin, c’est qu’il y ait un groupe de pays importants qui les appuient publiquement », estime-t-il.

« S’ils veulent agir, par exemple, sans l’approbation du Conseil de sécurité [de l’ONU], ça prendra d’autres pays importants pour les appuyer », soutient-il, ajoutant que cette logique prévaudra également si Washington demande à l’OTAN d’agir, comme ce fut le cas au Kosovo en 1999.

Plus d'un million d'enfants syriens se sont réfugiés dans des camps de l'Unicef.
Plus d’un million d’enfants syriens se sont réfugiés dans des camps de l’Unicef. © Unicef

Après s’être rangé aux côtés des États-Unis, le Canada devra s’impliquer militairement

Paul Martin aimerait également voir le Canada jouer un rôle important dans une éventuelle action militaire.

« En tant qu’initiateur de la responsabilité de protéger, le Canada a clairement un rôle à jouer », pense-t-il, ajoutant qu’il aimerait même voir le gouvernement Harper prendre la tête d’une coalition de pays déterminés à punir le régime de Bachar Al-Assad, « sans envoyer des troupes au sol », mais en utilisant « le genre de missiles qui enverrait un message clair au gouvernement syrien pour qu’il ne recommence pas ».

Plusieurs pays, dont les États-Unis, le Canada, la France, la Grande-Bretagne et l’Italie, songent actuellement à intervenir militairement en Syrie. Une conférence sur le maintien de la sécurité dans la région doit d’ailleurs avoir lieu en Jordanie au cours des prochains jours.

Écoutez notre reportage :
Le Canada miserait plus sur la diplomatie russe en Syrie que sur une action militaire américaine

Écoutez

Le saviez-vous

  • Le Canada prône une intervention de l’ONU, mais elle ne serait pas nécessaire
  • Les spécialistes des relations internationales rejettent d’ores et déjà l’idée selon laquelle une éventuelle frappe contre la Syrie nécessiterait forcément l’approbation du Conseil de sécurité.
  • « Le Conseil de sécurité de l’ONU n’est pas le seul et unique gardien de la légalité et de la légitimité », relève Richard Haas, président du Council on Foreign Relations, qui prend pour exemple l’intervention de l’OTAN au Kosovo en 1999.
  • « Il ne me semble pas que l’on puisse appuyer l’idée que seul le Conseil de sécurité peut rendre une action légitime, car cela permettrait dans ce cas à un pays comme la Russie d’être l’arbitre du droit international et plus généralement, des relations internationales », poursuit-il.
  • Pour lui, une frappe sur la Syrie pourrait trouver sa légitimité dans une « coalition de volontaires » dont les contours s’esquissent déjà.
Image fournie par un groupe d'opposition syrienne qui montrerait des gens inspectant les corps de victimes de l'attaque au gaz neurotoxique dans des quartiers situés en périphérie de Damas, le 21 août.
Image fournie par un groupe d’opposition syrienne qui montrerait des gens inspectant les corps de victimes de l’attaque au gaz neurotoxique dans des quartiers situés en périphérie de Damas, le 21 août. © AFP/HO/SHAAM NEWS NETWORK
Catégories : International, Politique
Mots-clés : , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.