Le moratoire canadien sur la morue ne donne pas de résultats concluants
Il y a 20 ans, le gouvernement fédéral étendait l’interdiction de la pêche à la morue dans la presque totalité des provinces atlantiques, et ce, un an après le moratoire à Terre-Neuve.
La morue avait été pendant des décennies le symbole de la viabilité de la pêche au Canada. Voilà que des milliers de pêcheurs se voyaient contraints à changer de métier, ou à retourner sur les bancs d’école. Certains se sont tournés vers la crevette ou le crabe. D’autres ont tout abandonné.
« Il y a aussi beaucoup de pêcheurs et de personnes qui travaillaient dans les usines de transformation qui ont simplement déménagé, qui sont allés dans l’Ouest et ailleurs pour chercher d’autres métiers, et qui sont sortis entièrement de la pêche », raconte Cyr Couturier, chercheur à l’Institut marin de l’Université Memorial, à Terre-Neuve.
20 ans de sacrifices et peu de résultats
Vingt ans plus tard, un retour en arrière semble impossible, selon Jean-Claude Brethe, professeur d’écologie des pêches à l’Université du Québec à Rimouski : « Les stocks de morue ne se portent malheureusement pas mieux depuis les moratoires. »
Cyr Couturier lui, est plus optimiste : « Je ne peux pas vous prédire si ça va revenir ou pas dans les provinces maritimes, mais on voit quelques indices que c’est en train de revenir, mais ce n’est pas aussi rapide que ce qu’on verrait dans l’Est de Terre-neuve. »
Des scientifiques du ministère canadien de Pêches et Océans ont recommandé ce printemps de maintenir le moratoire.
Certains pêcheurs de leur côté, voudraient obtenir un petit quota pour des fins de recherche, dans l’espoir de reprendre un jour la pêche à la morue.
Un peu d’histoire…
- Avant 1500, les Basques et les Bretons venaient pêcher la morue au large de la future côte du Canada. Des centaines de bateaux effectuaient la traversée de l’Atlantique chaque année.
- Il retournait en Europe pour y faire un commerce fort lucratif de la morue séchée et salée, mais ils tenaient secret le lieu de leurs prises. Anglais et Scandinaves, eux, s’approvisionnaient au large des côtes de l’Islande et en mer du Nord. C’est que, depuis le Moyen Âge, la morue constitue une ressource alimentaire d’importance pour les Européens.
- En 1497, l’explorateur Jean Cabot révèle au monde le lieu de pêche des Basques et des Bretons : les Grands Bancs de Terre-Neuve et du Labrador. Portugais, Espagnols, Français et Anglais s’y ruent dès le début du 16e siècle.
- La morue devient alors un enjeu économique majeur. Elle contribue à l’essor des explorations maritimes et constitue l’un des moteurs de l’expansion européenne en Amérique. Elle engendre les premiers mouvements de colonisation des futures Provinces maritimes canadiennes, mais aussi de la côte est américaine.

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