Les offres de tests de paternité pullulent sur le Web. Plusieurs personnes les utilisent. Mais ces tests sont-ils fiables et, le cas échéant, pourraient-ils causer des dommages irréparables?
En tapant « test de paternité » sur un moteur de recherche, on découvre rapidement que des dizaines de sites web offrant des services de test de paternité par l’ADN meublent les premières pages.
Quelles sont les raisons de cette popularité?
Plusieurs raisons incitent les internautes à se rabattre sur le Web pour se procurer ce service:
Économique: des offres en ligne alléchantes et une compétition internationale féroce proposant des prix bradés qui ne dépassent pas le tiers du prix des laboratoires traditionnels.
Disponibilité et accessibilité: Dans certains pays, les tests de paternité sont très réglementés et nécessitent des autorisations légales fastidieuses. Les sites d’analyses de la paternité promettent un service rapide, convivial et discret.
Conjugale: Des conflits à la suite de soupçons d’infidélité.
Patrimoniale: Droit de garde des enfants, obligation de payer une pension alimentaire, droit d’héritages proclamés par les héritiers non déclarés.
Comment ça marche?
Un simple échantillon de salive (ce pourrait être une gomme imbibée de la salive de la personne intéressée) dont on extrait l’ADN suffit pour réaliser ce test et déduire ce qu’on appelle dans le jargon médical « l’empreinte génétique ».
D’autres moyens plus élaborés sont aussi utilisés: des prélèvements de cheveux ou de fragments de peau.
Les tests d’« infidélités » et leurs dommages collatéraux
Les sites Web prestataires de services de tests de paternité affirment pouvoir prouver, entre autres, la « fidélité du conjoint » ou la filiation des enfants.
Ces tests d’ADN soulèvent, toutefois, plusieurs questions d’ordre éthiques, légales, professionnelles et surtout, peuvent causer des dommages collatéraux irréparables:
Affectifs/émotifs: D’abord pour les enfants qui seront affectés par le caractère irréversible de ces résultats. Leur vie et leur repère seront chamboulés. Les parents seront également touchés par cet impact.
Éthique: certains échantillons requis pour les tests, de salive par exemple, sont pris sans le consentement explicite de l’intéressé.
Légal: dans certains pays (ex.: Allemagne, Espagne…), les tests de paternité en ligne sont parfaitement légaux. Au Québec, c’est l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), par l’entremise du Laboratoire de santé publique, qui supervise les méthodes de travail des laboratoires d’analyses. Dans d’autres pays (ex.: France), ces tests sont prohibés et passibles de lourdes amendes.
Professionnel: Les tests ne sont pas infaillibles, en dépit des slogans publicitaires de laboratoires qui assurent « un taux d’exactitude de 99.9 % ». Aucune certification émise par des instances officielles ne certifie que les services en ligne ont suivi religieusement les méthodes d’analyse prescrites par le ministère de la Santé.
Familiale: Des distorsions, des conflits entre les membres « connus » et « inconnus » de la famille en ce qui a trait au partage d’un héritage.
Avant de passer la commande d’un test de paternité en ligne ou hors ligne, soupesez les conséquences d’un tel geste; assurez-vous que le laboratoire d’analyse est inspecté par les autorités médicales. Un deuxième avis est fortement recommandé afin de valider les résultats du premier test.
ÉcoutezZoubeir Jazi
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