Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le premier ministre canadien Stephen Harper

Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le premier ministre canadien Stephen Harper
Photo Credit: Radio-Canada

Libre-échange Canada-UE: enthousiasme et méfiance des deux côtés de l’Atlantique

L’entente de principe sur un Accord économique et commercial global, conclue vendredi entre le Canada et les 28 pays membres de l’Union européenne (UE), fait des heureux, mais aussi des mécontents.

Parmi les voix qui se prononcent pour cette entente figure celle du Conseil du patronat du Québec, qui salue avec enthousiasme la conclusion de l’accord Canada-UE. Le président du Conseil du patronat, Yves-Thomas Dorval, fait d’ailleurs partie de la délégation de hauts fonctionnaires et de représentants du milieu des affaires qui accompagne le premier ministre du Canada Stephen Harper à Bruxelles pour officialiser la signature de l’accord.

Cet accord de libre-échange avec le Canada est le premier signé par l’UE avec un pays du G8 et, selon le Conseil du patronat, l’accord procurera un avantage unique au Québec « puisque seules les entreprises canadiennes auront un accès privilégié au marché européen ». Le Conseil du patronat du Québec rappelle que l’Union européenne est le deuxième partenaire commercial en importance du Québec.

Voici les secteurs industriels du Québec qui bénéficieront des retombées de l’accord, selon le Conseil du patronat du Québec:

  • aérospatial;
  • agroalimentaire;
  • production de métal léger;
  • conception d’équipement de transport;
  • technologies de l’information;
  • fabrication de logiciels;
  • domaine de l’électronique, l’industrie du multimédia, le domaine de l’optique et de la photonique;
  • télécommunications,
  • foresterie;
  • services administratifs;
  • ingénierie
  • fabrication de pièces et de composantes automobiles.

Dans l’industrie automobile, les analystes formulent des opinions divergentes, relativement à l’impact qu’aura l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne. L’accord stipule que 100 000 véhicules pourront désormais être vendus de l’autre côté de l’Atlantique, sans aucun frais de douane. L’année dernière, le Canada en a exporté 13 000.

La Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI) accueille aussi favorablement l’accord. La Fédération canadienne des entreprises indépendantes espère que l’accord Canada-UE amoindrira les difficultés suivantes pour ses 109 000 membres:

  • fluctuation de la valeur du dollar canadien;
  • coûts liés à la vente ou à l’achat de produits et services étrangers;
  • tarifs et droits de douane élevés;
  • variation des règles et des normes entre les pays.La Fédération canadienne des entreprises indépendantes

Jeudi, des producteurs bovins de l’Ouest canadien se sont dits heureux de voir s’ouvrir à eux de nouveaux marchés.

Mais des fabricants de fromages fins du Québec ont expliqué qu’ils craignent de ne pas pouvoir affronter la concurrence des producteurs de France, notamment, qui reçoivent une généreuse aide de l’État et dont les normes sanitaires sont plus permissives que celles en vigueur de ce côté-ci de l’Atlantique. Le ministre de l’Agriculture du Québec, François Gendron, s’est dit passablement déçu, parlant des « inconvénients réels » qu’entraînera l’accord pour les fromagers artisans québécois et les transformateurs. « Ça va à l’encontre de ce qu’on a demandé », a déclaré François Gendron.

Du côté de l’Alliance canadienne du commerce agro-alimentaire (ACCAA), on se réjouit de la conclusion de l’accord qui constitue, selon l’Alliance, « la plus importante initiative de libéralisation du commerce du Canada depuis l’Accord de libre-échange nord-américain, (ALENA) ». Au Canada, neuf fermes sur dix dépendent des exportations, ce qui représente 210 000 fermes, d’après des données publiées par l’ACCAA.

Méfiance en France

Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur de la France, estime que l’accord Canada-UE pourra s’avérer bénéfique pour les entreprises françaises. La ministre française espère notamment que l’accord protégera la propriété intellectuelle en matière de brevets pharmaceutiques. Toutefois, Nicole Bricq se dit préoccupée des conséquences de l’accord sur l’élevage européen de boeuf et de porc qui connaît « une grave crise en France et en Europe », affirme la ministre française par voie de communiqué.

«  J’attends (…) de la Commission [européenne] la confirmation que cet accord, notamment dans son volet agricole, ne servira pas de précédent pour la négociation qui s’engage avec les États-Unis. »— Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur de la France

En juillet, l’Union européenne et les États-Unis ont engagé des négociations en vue d’en arriver à un accord de libre-échange.

La litigieuse question des brevets pharmaceutiques

Jim Keon, président de l’Association canadienne du médicament générique (ACMG), affirme que l’entente ne rendra pas les médicaments génériques accessibles plus rapidement au Canada. Ces délais, soutient M. Keon, accroîtront les coûts liés à la santé pour les provinces, de même que pour les employeurs qui financent les régimes d’assurance-médicaments de leurs employés ainsi que pour les Canadiens qui paient de leur poche leurs médicaments.

Maryse Jobin a demandé à Bruno Larue, titulaire de la Chaire de recherche en commerce international agroalimentaire à l’Université Laval à Québec, de mettre en contexte les effets qu’aura cet accord.

RCI avec Radio-Canada

Catégories : Économie, International, Politique, Société
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