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La face noire du Web

Le Web comporte une grande partie inconnue du grand public, cachée, inaccessible par les moteurs de recherche, baptisée le « Deep Web » où des trafiquants, des criminels et des pirates opèrent en toute tranquillité.

Les pages web qui ne sont pas indexées par les moteurs de recherche usuels forment ce « Deep Web ». Une infime partie de la Toile est référencée. Seuls 3 à 10 % des pages seraient indexées sur le web, comme l’expliquent Chris Sherman et Gary Price dans leur livre The Invisible Web.

Pour se brancher à ce monde parallèle, il suffit de télécharger le logiciel gratuit TOR (The Onion Router) et surtout – pour les novices –  connaître à l’avance les adresses que l’on souhaite visiter et qui ressemblent souvent à cela: kpvz7kizv5agwt35.onion ( le Hidden Wiki, version maléfique de Wikipédia ).

La navigation s’y fait de façon furtive. Les transactions sont réglées par la monnaie virtuelle, Bitcoin  préservant ainsi l’anonymat des vendeurs et des clients.

Un nid de malfaiteurs et un casse-tête pour les policiers

Des milliers de trafiquants (armes, drogues, organes humains…),des pirates… et même des dissidents politiques peuplent le « Deep Web ». Le porno / sexe  y occupe une place de choix. On y trouve aussi les offres de services à la carte de tueurs à gages: « 15 000 $ pour une personne ordinaire; 30 000 $ pour un homme d’affaires; 75 000 $ pour un politicien ou un policier ».

Les « vilains pirates » ont aussi investi cet espace.  Ci-dessous, quelques exemples des services qu’ils offrent:

– achat de numéros de cartes bancaires ou de « clones »;

– sabotage des communications téléphoniques et, sur Internet, des entreprises et des individus;

– espionnage électronique : mise à l’écoute des personnes intéressées;

– vente de faux papiers (d’identités, diplômes…);  la préparation des diplômes, par exemple, se fait souvent d’une façon « vicieuse » par une inscription dans les bases de données de l’université visée, sans laisser de traces! Le coût moyen d’un faux / vrai diplôme d’une université reconnue est d’environ 3000 $!

Depuis 2011, « Silk Road », une sorte de marché public, s’est imposé comme référence.  Des milliers de produits et services illégaux y sont offerts en un clic et livrés partout dans le monde.

On estime, au bas mot, à 1,2 million de dollars le chiffre d’affaires de « Silk Road » après seulement 2 ans d’existence.   Le site a généré plus de 92 000 $ par mois en commission à son fondateur.

« Silk Road » et des sites similaires coexistant sur le « Deep Web » constituent un casse-tête pour les services de sûreté, car les transactions effectuées sur ces sites sont difficilement retraçables:  pas de trace postale (adresse cryptée et généralement une boîte postale et non une adresse physique), ni de trace électronique ( difficile à retracer à cause de l’aspect dynamique et complexe du TOR) et aucune trace monétaire ( puisqu’on y utilise les bitcoins, une monnaie virtuelle qui peut changer de mains instantanément).

Le FBI a décidé de prendre les grands moyens pour combattre la cybercriminalité utilisée par « Silk Road ». Le bureau fédéral a fermé, au début du mois d’octobre  le site et a arrêté son propriétaire, Ross William Ubricht, un américain de 29 ans.

silk-road

Ulbricht est également accusé par le FBI d’avoir mis à prix, à deux reprises (via Silk Road), la tête d’un internaute canadien qui lui réclamait 500 000 $ de commissions.

À vos risques et périls

Pour ceux qui sont tentés de naviguer dans les arcades obscures du « Deep Web », veuillez noter qu’il n’y a rien d’illégal dans cette démarche. Toutefois, vous devez soupeser les risques inhérents à négocier des produits ou services répréhensibles en dépit des assurances des vendeurs ou intermédiaires sur l’aspect hermétique et ultra sécuritaire du « Deep Web ».

En février 2013, l’Australien Paul Leslie Howard a été jugé coupable par le tribunal de Melbourne de trafic et de vente de cocaïne, amphétamines, LSD et marijuana sur « Silk Road  ». Il encourt de trois à cinq ans de prison.

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Zoubeir Jazi

Catégories : Internet, sciences et technologies
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