Il y a de nombreuses raisons de continuer à travailler au Canada après l'âge de la retraite.

Il y a de nombreuses raisons de continuer à travailler au Canada après l'âge de la retraite.
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Les vastes pénuries de main-d’oeuvre au Canada ne seraient qu’un mythe

Des pénuries dans quelques secteurs seulement et très localisées

Un nouveau rapport de la Banque TD tente de « déboulonner » ce que ses auteurs appellent le mythe de la disparité entre les postes offerts et la formation des travailleurs, ainsi que les vastes pénuries de travailleurs qualifiés au pays se profilent à l’horizon en raison du vieillissement de la population.

Les constats découlant du document vont à l’encontre de la majorité des discours prononcés sur la question au cours des dernières années, discours qui ont eu tendance à souligner des pénuries dans des métiers spécialisés et dans l’Ouest canadien, en plus de mentionner des avertissements de pénuries générales de travailleurs alors que la génération du baby-boom entame son départ à la retraite.

Le gouvernement fédéral a mis sur pied plusieurs mesures pour combattre le problème, y compris des règles plus sévères pour obtenir des prestations d’assurance-emploi et une nouvelle proposition visant à impliquer directement les employeurs dans les décisions et le financement concernant les programmes de formation. Ottawa a annoncé qu’il irait de l’avant avec ce programme malgré ce qui semble être une opposition quasi universelle de la part des provinces.

Le rapport de 52 pages de la Banque TD s'intéresse à plusieurs facteurs pour en tirer ses conclusions, y compris le taux de vacance dans certains postes, ainsi que les taux de surqualification et de sous-qualification en comparaison avec d'autres pays.
Le rapport de 52 pages de la Banque TD s’intéresse à plusieurs facteurs pour en tirer ses conclusions, y compris le taux de vacance dans certains postes, ainsi que les taux de surqualification et de sous-qualification en comparaison avec d’autres pays. © Mark Blinch/Reuters

Pas beaucoup de changement depuis 10 ans

Le rapport de la Banque TD, rédigé par l’économiste en chef Derek Burleton et trois autres économistes, affirme toutefois que les possibles pénuries de main-d’oeuvre sont isolées et qu’elles ne sont sans doute pas plus importantes qu’il y a 10 ans.

Selon M. Burleton, les preuves confirmant des pénuries de grande ampleur sont difficiles à trouver, ajoutant que s’il peut exister des disparités entre les compétences et les emplois dans des régions et pour certains emplois, il est impossible d’en arriver à une concordance parfaite. « Ce n’est donc pas un mythe absolu, mais cela n’est pas non plus aussi extrême que ne le pensent certaines personnes. »

Les entreprises agricoles disent avoir un réel besoin de main d'oeuvre provenant de l'étranger.
Les entreprises agricoles disent avoir un réel besoin de main d’oeuvre provenant de l’étranger.

L’effet des présumées pénuries sur les salaires

Les économistes se sont également penchés sur les hausses des salaires en tenant pour acquis que si les candidats sont peu nombreux, les employeurs débourseront davantage pour embaucher. « La question des hausses de salaire demeure curieuse, puisque ces hausses n’ont pas été aussi importantes qu’on pourrait le croire en raison des signes de manque de travailleurs », écrivent les économistes.

Le document laisse entendre que le problème n’a pas l’ampleur d’une crise, même en Alberta et en Saskatchewan qui, pendant des années, ont pu se vanter d’un faible taux de chômage, et qui sont aux prises avec de véritables pénuries de main-d’oeuvre. Ces derniers ne croient pas non plus aux prédictions d’importantes pénuries de travailleurs dans un futur proche, alors que les baby-boomers commencent à prendre leur retraite, notant que les Canadiens plus âgés travaillaient pendant plus longtemps, et que d’autres ajustements du marché pourraient se produire.

La plus récente note d’information de la Banque du Canada, publiée la semaine dernière, a certes montré une légère hausse du nombre d’entreprises rapportant des difficultés pour trouver des compétences spécifiques, mais la Banque a ajouté qu’en général, « les firmes ne considèrent pas que l’ampleur des pénuries soit particulièrement différente de ce qui existait il y a 12 mois ».

Des travailleurs de la voierie à Ottawa.
Des travailleurs de la voierie à Ottawa.

Dangers à plus long terme

Les économistes de chez TD mentionnent néanmoins que les disparités entre la formation et les compétences nécessaires pourraient s’accroître à l’avenir, et pressent donc les gouvernements, les entreprises et les enseignants à se concentrer davantage sur les compétences et la formation « pour offrir une main-d’oeuvre de classe mondiale au Canada au XXIe siècle ».

Selon les économistes, toujours, le marché canadien du travail s’est bien mieux tiré d’affaire que celui aux États-Unis, et ceux d’autres membres du G7, à l’exception probable de l’Allemagne.

Catégories : Économie, International, Politique, Société
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