Le sénateur Mike Duffy

Le sénateur Mike Duffy
Photo Credit: CBC

Un sénateur conservateur noyé en plein scandale entraîne vers le fond son premier ministre

Le sénateur Duffy implique directement Stephen Harper et se dit victime d’un complot

Le sénateur Mike Duffy s’est attaqué directement et sans merci au premier ministre Stephen Harper mardi, lors d’un débat au Sénat du Canada autour d’une motion qui suspendrait sans salaire trois sénateurs conservateurs en raison de leurs dépenses jugées illégitimes.

Le sénateur Duffy a déclaré avoir rencontré le premier ministre dans son bureau, en présence de son directeur de cabinet Nigel Wright, après une réunion de députés conservateurs en février dernier. « Nous étions seulement nous trois », a-t-il répété.

Le premier ministre savait tout!

M. Stpehn Harper aurait dit à Mike Duffy : « Rembourse seulement l’argent ». Le ton du premier ministre serait alors devenu menaçant, lui demandant de faire ce qui lui était demandé.

Le premier ministre aurait précisé : « Il ne s’agit pas de ce que vous avez fait. C’est au sujet de la perception de ce que vous avez fait, qui a été créée dans les médias ».

Par la suite, le chef de cabinet du premier ministre aurait procuré à Mike Duffy un chèque personnel de 90 000 $ pour rembourser des dépenses qualifiées aujourd’hui de frauduleuses par les partis d’opposition.

« La triste vérité est que je me suis laissé intimider en faisant ce que je savais, en mon for intérieur, qui n'était pas juste de peur de perdre mon travail et avec un sens mal compris de loyauté » - Mike Duffy
« La triste vérité est que je me suis laissé intimider en faisant ce que je savais, en mon for intérieur, qui n’était pas juste de peur de perdre mon travail et avec un sens mal compris de loyauté » – Mike Duffy © Sean Kilpatrick/Canadian Press

Stephen Harper fait dévier les accusations du sénateur Duffy

À la Chambre des communes, le premier ministre Stephen Harper a détourné les questions de l’opposition sur le sujet mardi. Son secrétaire parlementaire s’est chargé de se lever à sa place. Paul Calandra a répété, à chaque question, que les autorités se chargeaient de ces affaires.

La GRC enquête en effet sur les dépenses des trois sénateurs.

Le premier ministre Stephen Harper
Le premier ministre Stephen Harper © PC/Sean Kilpatrick

Réactions des partis d’opposition à ses révélations de prétendu complot

« Le premier ministre est dans de beaux draps », affirme la sénatrice libérale Céline Hervieux-Payette, car la « situation est extrêmement grave ». Elle a ajouté qu’il pourrait s’agir d’outrage au Parlement en citant un ancien conseiller de l’ancien premier ministre Brian Mulroney.

La sénatrice libérale estime que cette affaire est « une manigance pour noyer le poisson, […] pour se débarrasser de trois sénateurs encombrants. »

Pour sa part, le député du Nouveau Parti démocratique, le parti de l’opposition officielle au Canada, Alexandre Boulerice, croit qu’il s’agit d’une « débandade ». « Le château de cartes construit par M. Harper est en train de s’effondrer, de dégringoler », a dit M. Boulerice. Pour lui, les dernières déclarations de M. Duffy montrent que c’est « une vaste tentative de camouflage qui a complètement déraillé ».

De son côté, le député conservateur Jacques Gourde s’est contenté de faire écho au premier ministre Harper en répétant que le sénateur Duffy a réclamé des frais injustifiés et, de ce fait, il a été exclu du caucus, car « il a brisé le lien de confiance ».

Pour faire une histoire courte

Le sénateur Duffy a dû quitter le caucus conservateur le 17 mai dernier en raison de toute la controverse entourant ses dépenses. Les médias ont révélé que l’ex-chef de cabinet de Stephen Harper, Nigel Wright, a versé secrètement 90 000 $ au sénateur Duffy pour qu’il rembourse ses allocations de logement réclamées illégalement dans le cadre de ses fonctions de sénateur.

Les sénateurs Mike Duffy, Pamela Wallin et Patrick Brazeau, qui sont au centre d’un scandale concernant des dépenses indûment réclamées, seraient sur le point d’être suspendus sans salaire du Sénat « pour grossière négligence dans la gestion des ressources de leur bureau ».

Les confessions de Mme la sénatrice Pamala Wallin

La sénatrice de la Saskatchewan Pamela Wallin s’est excusée ces dernières semaines quant aux dépenses qu’elle a indûment réclamées et pour lesquelles elle a dû démissionner du caucus conservateur. Elle a concédé qu’elle aurait dû réviser ses allocations de dépenses plus attentivement, mais a souligné que le service des finances du Sénat n’a jamais sonné l’alarme à ce sujet.

L’ex-journaliste et animatrice à CBC et CTV a accepté de rembourser les quelque 140 000 $ qui lui ont été réclamés, après les vérifications de la firme Deloitte, mandatée par le Sénat. Elle juge toutefois que le processus était « injuste », notamment parce que de nouvelles règles ont été appliquées de manière rétroactive.

Pamella Wallin s’excuse à la télévision publique nationale ( CBC. En anglais )

Les multiples controverses autour du jeune sénateur Patrick Brazeau

Le sénateur Patrick Brazeau, qui est aussi accusé d’agression sexuelle, a déjà été suspendu du Sénat plus tôt cette année, mais avec salaire.

Le Sénat ampute déjà une partie du salaire de Patrick Brazeau, depuis juillet, puisque le sénateur n’a pas remboursé à temps les 49 000 $ qui lui étaient réclamés. M. Brazeau a demandé des allocations de logement sans y avoir droit.

M. Brazeau est également accusé de voies de fait et d’agression sexuelle. Les procédures ne cessent toutefois d’être retardées. La cause a été reportée pour une troisième fois la semaine dernière, après que le sénateur eut été traité d’urgence pour détresse psychologique à l’hôpital de Gatineau. Les avocats devraient décider de la date du début du procès le 14 février 2014.

Le sénateur Brazeau
Le sénateur Brazeau © PC/Adrian Wyld

Le saviez-vous?

Le Sénat est la Chambre Haute du Parlement du Canada où siègent 105 sénateurs

  • Même si leur but est de représenter les provinces, les sénateurs sont sélectionnés par le premier ministre.
  • Pour devenir sénateur, on doit être âgé d’au moins trente ans, posséder une terre et l’habiter dans la province qu’on est censé représenter. Les sénateurs quittent dorénavant leur poste à l’âge de 75 ans.
  • Ils peuvent être démis de leurs fonctions s’ils omettent de se présenter à deux sessions consécutives du Parlement.
  • La constitution regroupe les provinces canadiennes en quatre divisions distinctes, avec un nombre égal de sénateurs: vingt-quatre pour le Québec, vingt-quatre pour l’Ontario, vingt-quatre pour les provinces maritimes et vingt-quatre autres pour l’Ouest canadien Terre-Neuve-et-Labrador, qui ne devint une province qu’en 1949, ne fait partie d’aucune division, mais est représentée par six sénateurs.
Catégories : Politique
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