Le maire Rob Ford a refusé de démissionner jeudi.
Photo Credit: CBC

Toronto : le maire Rob Ford refuse de démissionner

La maire de Toronto, Rob Ford, a affirmé jeudi qu’il n’avait « aucune raison de démissionner », malgré le fait que la police a mis la main sur la copie d’une vidéo sur laquelle il figure et qui le montrerait en train de consommer du crack.

M. Ford a dit qu’il « aimerait » pouvoir se défendre, mais qu’il ne pouvait le faire, parce que « l’affaire est toujours devant les tribunaux ». Le maire ne fait, toutefois, face à aucun chef d’accusation pour l’instant.

Il a ignoré les questions qu’hurlaient les journalistes à son endroit durant un court point de presse de moins d’une minute et demie devant son bureau à l’hôtel de ville.

« Je vais continuer de rappeler les résidents et  d’épargner de l’argent aux contribuables, ce pour quoi j’ai été élu. »— Rob Ford, maire de Toronto

Jeudi matin, le chef de police Bill Blair avait affirmé que son service avait récupéré une vidéo dont les « images corroborent celles qui ont précédemment été décrites dans la presse », en référence à la vidéo controversée que le Toronto Star et le site américain Gawker disent avoir vu en mai dernier dans laquelle on voyait un homme ressemblant au maire en train d’inhaler ce qui semble être du crack.

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Le chef de police de Toronto Bill Blair a annoncé jeudi une véritable bombe politique aux médias. © PC/Nathan Denette

Le maire a toujours nié consommer du crack et a affirmé qu’une telle vidéo n’existait pas. Il n’a pas encore été interrogé par la police. Le chef Bill Blair a précisé que rien dans la vidéo ne justifiait le dépôt d’accusations contre M. Ford.

Toutefois, son ami Alessandro Lisi, arrêté plus tôt ce mois-ci pour trafic de drogue, sera aussi accusé de tentative d’extorsion pour avoir tenté de « récupérer un enregistrement ». Le chef Bill Blair n’a pas voulu donner plus de détails. L’homme de 35 ans, qui avait été libéré sous caution, est maintenant en détention. La date de sa comparution n’a pas été dévoilée pour l’instant.

Le chef de police  Blair a paru ébranlé par moments lors de son point de presse jeudi matin. Il a lui-même vu la vidéo du maire.

« Je suis déçu en tant que citoyen de Toronto et pour la réputation de la ville. »— Bill Blair, chef de police de Toronto

La chef Blair a indiqué que la vidéo était sur un disque dur saisi dans le cadre d’une enquête sur le trafic de drogue. Elle avait été effacée, mais des experts de la police ont pu récupérer son contenu.

Rencontres étranges

Quelque 300 pages de documentation liées à l’arrestation de M. Lisi, plus tôt ce mois-ci, qui ont été dévoilées jeudi matin, révèlent également que la police de Toronto a observé une série de rencontres bizarres au cours des derniers mois entre le maire Rob Ford et son ami Alessandro Lisi, qui a été accusé plus tôt ce mois-ci de trafic de drogue, alors qu’il était sous surveillance.

Les policiers avaient lancé leur enquête, en mai dernier, après que des journalistes eurent affirmé avoir vu une vidéo d’un homme ressemblant au maire Rob Ford en train de fumer ce qui semblait être du crack. La police a alors pris la mesure extraordinaire d’instiguer une opération de surveillance des agissements du maire de la plus grande ville au pays, y compris à l’aide d’un avion.

Parmi les échanges douteux observés par la police, une rencontre le 26 juin dernier en bordure d’un terrain de soccer où le maire regardait un match.

« Il [Lisi] a récupéré un sac de plastique blanc à l’arrière du véhicule. Le sac contenait déjà des items. Lisi est allé dans le coffre, a pris des boîtes de jus Minute Maid et les a mises dans le même sac. Il a ensuite marché jusqu’à l’Escalade [VUS] du maire qui était stationné au nord du terrain de soccer et a placé le sac à l’intérieur. »— Documentation de la police de Toronto

Plusieurs personnes citées dans la documentation policière allèguent que M. Lisi founissait de la marijuana et peut-être aussi de la cocaïne au maire.

Du 18 mars au 24 juin dernier, les deux hommes se sont parlés près de 250 fois au téléphone, indique aussi la police.

Nombre d’experts s’étaient étonnés du fait que la police eut déposé quelque 480 pages de documentation pour obtenir des mandats de perquisition contre M. Lisi plus tôt ce mois-ci, et ce, pour une simple affaire de trafic de marijuana.

Démission ?

Au moins deux conseillères municipales demandent au maire de démissionner, du moins temporairement.

Gloria Lindsay Luby a affirmé que la situation était intenable, alors que sa collègue Shelley Carroll a soutenu qu’il devait quitter son poste pour « pour la bonne gouvernance de la ville ».

« Nous savons maintenant qu’il a un problème de dépendance. »— Shelley Carroll, conseillère municipale

Selon la conseillère Carroll, « ce genre de distraction ne va pas arrêter ».Sa collègue Paula Fletcher a dit que les révélations « dépassent tout entendement ».

Le conseiller Joe Mihevc a affirmé, lui, que le maire avait « fourni un mensonge » aux Torontois au cours des six derniers mois et qu’il devrait s’expliquer, mais sans exiger sa démission immédiate.

De son côté, la première ministre de l’Ontario, Kathleen Wynne,  a refusé de se mouiller, affirmant qu’il fallait laisser les procédures judiciaires suivre leur cours.

RCI avec Radio-Canada

Catégories : Politique, Société
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