Les minorités visibles et les membres des Premières nations sont surreprésentés dans le milieu carcéral canadien, selon le rapport annuel du Bureau de l’enquêteur correctionnel, dont le 40e rapport vient d’être déposé au Parlement.
La population carcérale d’origine autochtone a augmenté de 46,4 % au cours des 10 dernières années, selon le rapport de l’enquêteur correctionnel Howard Sapers, pendant que les membres des minorités visibles – les Noirs, les Asiatiques et les Hispanophones – ont vu leur nombre exploser de 75 %.
Le nombre de détenus de race blanche a diminué de 3 % au cours de la même période.
Le nombre de Noirs a particulièrement augmenté de 80 % au cours des 10 dernières années. Ils représentent près de 10 % de la population carcérale canadienne (9,5 %) alors qu’ils représentent moins de 3 % de la population civile.
La situation est similaire chez les Autochtones qui représentent 23 % des détenus fédéraux alors qu’ils ne constituent que 4,3 % de la population canadienne. La situation est encore pire chez les femmes autochtones qui constituent le tiers de la population féminine du système carcéral au Canada.
« Ce sont des tendances inquiétantes qui soulèvent des questions sur l’égalité et le système de justice au Canada. »— Howard Sapers
M. Sapers dénonce le système carcéral canadien. Il souligne que non seulement les Noirs sont surreprésentés dans le milieu carcéral en général, mais que la discrimination se poursuit une fois derrière les barreaux. Ils sont surreprésentés dans les milieux à sécurité maximale et en isolement. Ils font également l’objet de plus d’accusations d’infractions disciplinaires et ils sont plus susceptibles d’être impliqués dans des incidents où il y a recours à la force.
Le rapport souligne qu’un comportement discriminatoire et des attitudes préjudiciables envers les détenus de race noire sont monnaie courante de la part de certains agents du Service correctionnel du Canada.
Une statistique sur la réhabilitation des détenus procure toutefois un peu d’espoir. Les détenus issus des minorités visibles sont moins nombreux à revenir en prison au terme d’une incarcération. Au cours des sept dernières années, une moyenne inférieure à 5 % des détenus issus des minorités visibles ont été réadmis dans les deux ans suivant leur libération, alors que le taux de réadmission de la population carcérale générale s’est élevé à 10,1 % au cours de la même période.
L’Enquêteur correctionnel recommande que le Service correctionnel du Canada mette sur pied un plan national de formation et de sensibilisation sur la diversité, afin d’offrir de la formation pratique et opérationnelle à ses membres.
M. Sapers recommande aussi la création d’un poste d’agent de liaison sur l’ethnicité dont le titulaire devra établir et maintenir des liens avec les organismes communautaires de différentes cultures.
RCI avec Radio-canada
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