Le caporal Ron Francis fume en uniforme une cigarette de marijuana.

Le caporal Ron Francis fume en uniforme une cigarette de marijuana.

Un policier de la GRC perd son uniforme puisqu’il fume du « pot » au travail

Victime de stress post-traumatique il cherche a se soigner

Le policier Ron Francis de la Gendarmerie Royale du Canada se dit bouleversé d’avoir reçu l’ordre hier de rendre à ses supérieurs ses uniformes de la GRC dans un délai de 24 heures, et ce après 21 ans de loyaux et même distingués services.

La GRC lui retire ses uniformes de caporal après qu’il ait décidé de fumer ouvertement à la vue de tous ses collègues des cigarettes de marijuana alors qu’il se trouvait au travail.

Il soutient que cette consommation n’a aucun effet négatif sur sa capacité de travailler, ajoutant avoir tenté d’autres méthodes alternatives, mais sans succès.

Le caporal Ron Francis réclame le droit de fumer de la marijuana thérapeutique pendant son travail.
Le caporal Ron Francis réclame le droit de fumer de la marijuana thérapeutique pendant son travail. © Evan Dyers/CBC

Fumer du cannabis s’inscrit dans le cadre de son traitement médical

Ce policier originaire d’Ottawa et qui exerce ses fonctions au détachement d’Oromocto dans la province du Nouveau-Brusnwick a obtenu au début de novembre une ordonnance médicale qui lui permet de consommer de la marijuana à des fins thérapeutiques. En fumant au travail, le caporal Francis tentait de faire valoir son droit de fumer même durant son quart de travail : « Aucune politique de la GRC ne m’interdit de fumer de la marijuana [médicale]. Aucune politique de la GRC ne m’interdit de fumer en public. J’ai le droit de fumer en uniforme »

Ron Francis fume trois joints par jour, au moment des repas, ce qui est moins que ce que sa prescription prévoit. Il pourrait en consommer davantage si son organisme s’habituait aux effets du THC (tétrahydrocannabinol), l’élément actif ayant des effets calmants sur le système nerveux. Son stress post-traumatique est une condition liée à son travail.

Ron Francis affirme que ses symptômes surviennent surtout depuis qu’il a été confronté à la misère des Inuits de Davis Inlet, au Labrador, où il a vu des enfants mourir en respirant des vapeurs d’essence.

Aide-mémoire
Les enfants de Davis Inlet

  • C’est un reportage télévisé de 1993 qui fait découvrir aux Canadiens les enfants de Davis Inlet s’intoxiquant à l’essence. Mais les problèmes des Innus Mushuau du Labrador ont commencé en fait dès 1967 alors qu’ils sont déracinés de leurs terres ancestrales et « relocalisés » par le gouvernement canadien à Davis Inlet.
  • Les conditions de vie y sont intolérables : les maisons sont insalubres, sans eau courante ni système d’évacuation. La consommation d’alcool et de drogue toucherait 80 % de la population, selon certains spécialistes, et le taux de suicide serait le plus élevé au monde, selon certaines études.
  • Après le passage d’une équipe de télévision, le Canada et le monde entier sont frappés en 1993 par des images d’horreur. Sur une vidéo tournée par l’agent de la GRC Simeon Jacobish et diffusée à travers le pays, on voit six jeunes Innus, à peine des adolescents, qui se sont enfermés dans un cabanon non chauffé par une température de moins 40 degrés, respirant des vapeurs d’essence et criant leur envie de mourir.
  • Encore aujourd’hui, les conditions des 700 et quelques résidents de Davis Inlet demeurent déplorables.

Vidéo indépendante tournée à David Inlet

Le point de vue des patrons au sujet du caporal Ron Francis

Tout en reconnaissant que le caporal Francis a le droit de consommer de la marijuana médicale, la GRC s’oppose à ce que cela se fasse en uniforme ou en public.

Le commissaire adjoint à la GRC, Gilles Moreau, note que la GRC a le devoir d’accommoder les besoins médicaux de ses employés, mais elle doit aussi en considérer les effets sur les collègues et sur les perceptions du public : « Ce ne serait pas avisé pour cet employé et ça n’enverrait pas le bon message à la population. Ce n’est pas quelque chose que nous appuyons ou que nous tolérons. »

Le commissaire adjoint à la GRC, Gilles Moreau
Le commissaire adjoint à la GRC, Gilles Moreau. © CBC

Dans un communiqué, la GRC précise en outre que « tout membre qui consomme une substance psychotrope – telle que la marijuana, l’OxyContin ou le Dilaudid – se voit interdire l’exercice de fonctions opérationnelles, y compris le port d’une arme à feu et la conduite d’un véhicule de police, en raison des risques qui peuvent en découler pour lui, pour un collègue ou pour la population. »

Le réseau anglophone de Radio-Canada, CBC, a appris qu’au moins deux autres employés de la GRC ont obtenu une prescription pour de la marijuana médicale.

Voyez l’entrevue en anglais accordé par Ron Francis à CBC

Catégories : Autochtones, Santé, Société
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