Pas besoin du bistouri à tous les coups.
Le cancer de la prostate est la forme de cancer la plus répandue chez les hommes au Canada (à l’exclusion des cancers de la peau autres que le mélanome). C’est la 3e principale cause de décès par cancer chez les Canadiens et ces cancers représentent 10 % de tous les décès par cancer chez l’homme en 2013.
Une équipe de chercheurs canadiens estime toutefois qu’il n’est pas nécessaire de traiter médicalement ces cancers de façon automatique. La nouvelle étude de l’Université McGill à Montréal révèle que le système de santé canadien géré par les provinces pourrait économiser dans son ensemble des centaines de millions de dollars en n’effectuant qu’un suivi de la progression maladie plutôt qu’en opérant immédiatement.
« Pour chaque cohorte annuelle qu’on diagnostique, on pourrait sur 5 ans arriver à des économies de 100 millions de dollars », soutient l’auteure de l’étude, Alice Dragomir, chercheuse au Centre universitaire de santé McGill. Une simple surveillance suffirait donc, conclut Alice Dragomir, car tous les cancers de la prostate ne s’avèrent pas ultimement fatals.
Le saviez-vous?
- Cette enquête canadienne en arrive à une conclusion qui prend forme depuis quelques années au sein du milieu médical dans le monde.
- Les oncologues découvrent qu’ils opèrent souvent inutilement les personnes atteintes de cette forme de cancer puisque ces pathologies développent en majorité très lentement.
- Depuis les années 1980, le dépistage sanguin permet de diagnostiquer un plus grand nombre de cas et a multiplié les opérations, mais la mortalité est restée stable.
Il n’est pas toujours nécessaire de le traiter – Reportage de Radio-Canada
Un simple suivi médical serait presque deux fois moins coûteux
La surveillance active du cancer de la prostate; tests sanguins et biopsies occasionnelles coûtent au Canada environ 6200 $ sur 5 ans. Une intervention immédiate incluant une chirurgie et de la radiothérapie coûtent elles 13 735 $ en moyenne.
Alice Dragomir, « on doit saisir l’opportunité d’évaluer chacun des cancers. Mais c’est sûr qu’il reste de la place pour optimiser le système de santé et justement arriver à des économies dans chacun des cancers ».
Tom Godber est porte-parole pour l’évènement Movember qui vise à amasser des fonds pour lutter contre le cancer de la prostate. Il appuie sans réserve les résultats de l’étude. Il a lui-même reçu un diagnostic du cancer de la prostate il y a 6 ans. « Dans 85 % des cancers de la prostate, c’est un cancer très lent, donc on peut faire un suivi, au lieu de faire peur aux hommes avec un traitement beaucoup trop agressif. »
Les séquelles de la chirurgie et de la radiothérapie de la prostate sont lourdes : impuissance dans 50 % à 60 % des cas, et incontinence dans 10 % à 15 %.
Aide-mémoire
- Depuis une quinzaine d’années, une grande controverse scientifique oppose les défenseurs et les détracteurs de test que l’on nomme APS.
- Ces tests sont administrés à des millions d’hommes nord-américains pour détecter un possible cancer de la prostate. Ils servent alors de base ou de prétextes d’interventions médicales et chirurgicales immédiates. Les urologues les défendent bec et ongles, même si des données récentes indiquent qu’il pourrait être responsable d’un très grand nombre de chirurgies inutiles.
Liens externes
Cancer de la prostate : une étude propose de limiter les opérations – Radio-Canada
Cancer de la prostate: un nouvel espoir pour lutter contre les cancers avancés – Huffington Post
Cancer de la prostate : le dépistage de masse, en dépit du bon sens – Le Point
.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.