Devant le Parlement du Canada la semaine dernière, Laurie Odjick exhibe une photo de sa fille disparue en même temps qu'une autre jeune fille, en 2008. Toutes deux étaient âgées de 16 ans. Photo Credit: PC / FRED CHARTRAND
Près d’une Canadienne sur quatre tuée chaque année est autochtone
La pression augmente pour la tenue d’une enquête nationale sur les meurtres des femmes autochtones au Canada.
Dans son rapport dévoilé vendredi dernier la Gendarmerie Royale du Canada (GRC) utilise les données de Statistique Canada, l’agence officielle de la statistique et de 300 services de police à travers le pays.
Le portrait statistique qui en découle est tout à fait horrible.
Les femmes autochtones du Canada représentent 4 % de toutes les Canadiennes. Mais entre 1980 et 2012, dans 16 % des cas où une femme était victime de meurtre au Canada, une femme autochtone était la victime..
Les femmes autochtones étaient aussi visées dans un peu plus de 11 % de tous les cas de disparitions de femmes survenus au Canada entre 1980 et 2012.
C’est maintenant pire aujourd’hui qu’il y a 30 ans
En examinant encore d’un peu plus près ces statistiques, on découvre que la situation s’est même aggravé en fait avec les années.
.
En 1980, les femmes autochtones au Canada représentaient 8 % des cas d’homicides. En 2012, elles représentent 23 % de tous les cas. Presqu’une Canadienne sur quatre tuée chaque année est donc autochtone.
ÉCOUTEZ NOTRE REPORTAGE
Les autochtones réclament une enquête spéciale nationale
Facteurs de risques plus élevés et défit de société
La GRC a identifié des « facteurs de vulnérabilité » au meurtre pour les femmes autochtones comme l’itinérance, l’autostop, le commerce du sexe, et la toxicomanie. Les policiers parlent d’un « défi sociétal » qui attend maintenant le Canada.
Ces facteurs de vulnérabilité « demandent des efforts plus larges que seulement ceux de la GRC », précise Kevin Brosseau, commandant de la GRC au Manitoba, où 49 % des victimes d’homicide entre 1980 et 2012 étaient des femmes autochtones.
Aide-mémoire
En juin 2012, les chefs autochtones ont lancé un ultimatum au gouvernement fédéral, exigeant la mise en place d’une commission d’enquête, sans quoi un mouvement national serait déclenché.
Ils ont par la suite répété la requête à plusieurs reprises, notamment à l’occasion d’une marche à Ottawa et lors d’une importante manifestation au Manitoba.
Plus récemment, des chefs de Premières Nations et des ministres provinciaux ont également participé à un sommet de deux jours sur le sujet. « L’autoroute des larmes » (the « Highway of Tears ») en Colombie-Britannique où plus d’une douzaine de jeunes femmes autochtones ont disparu depuis 1994. CBC
Un fléau qui mériterait une enquête nationale et une attention particulière
Shawn Atleo, le chef national démissionnaire de l’Assemblée des Premières Nations, disait souhaiter qu’une enquête se penche sur les femmes autochtones seulement et qu’elle permette de faire la lumière sur la façon dont les corps policiers du pays ont mené leurs investigations sur les cas impliquant ces femmes.
Il disait souhaiter aussi une analyse plus en profondeur des facteurs économiques et sociaux qui rendent les femmes autochtones plus susceptibles d’être victimes de violence.
Le gouvernement canadien affirme collaborer avec les provinces pour aider à régler le problème en finançant une base de données qui permet aux autorités policières de partager des informations sur ces cas de femmes disparues ou assassinées.
Centaines de femmes disparues ou assassinées (Mouvement Premiers Peuples)
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.