Selon une étude du Conseil économique des provinces de l’Atlantique, les travailleurs étrangers temporaires prennent de plus en plus de place sur le marché du travail dans cette région de l’est du Canada. Une hausse qui est surtout attribuable à la demande dans des secteurs requérant des travailleurs non qualifiés.
Entre 2005 et 2012, le nombre de travailleurs temporaires étrangers en Atlantique a triplé. En 7 ans, il est passé de 3 499 à 10 913. La hausse est particulièrement marquée dans les provinces de l’Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick.
Bien que le nombre absolu de professionnels ou d’employés hautement qualifiés originaires d’un autre pays ait augmenté durant cette période, particulièrement à Terre-Neuve-et-Labrador, la grande majorité des travailleurs sont employés dans les usines de transformation de produits de la mer, dans le secteur agricole ou dans la restauration.
L’embauche de travailleurs étrangers est devenue une solution pour contrer le manque de main-d’oeuvre, selon Nicole Druckman, une avocate spécialisée en immigration.
« C’est clair que nous sommes dans une région où c’est difficile de trouver des personnes qui font certains types d’emploi. À cause de cela, les employeurs dans les usines de poissonnerie, dans les hôtels, dans les restaurants, ils n’ont pas le choix s’ils veulent ouvrir leurs portes. »— Nicole Druckman, avocate spécialisée en immigration
Travailleurs étrangers temporaires : une solution en péril
Le programme de travailleurs étrangers temporaires permet aux employeurs d’embaucher des employés provenant d’un autre pays, si une main-d’oeuvre locale n’est pas disponible.
Nicole Druckman explique que malgré le haut taux de chômage de certaines régions rurales de l’Atlantique, les travailleurs étrangers sont parfois la seule solution.
« C’est triste, mais c’est la manière dont ça fonctionne. Il semble que certaines industries, même si les personnes sont au chômage, ce ne sont pas des emplois qu’ils peuvent gérer. Ils n’ont pas l’énergie, ou l’habileté de faire ce type d’emploi. » Nicole Druckman
Récemment, le programme a été mis sur la sellette à la suite d’allégations voulant que des employés canadiens aient été remplacés par des travailleurs étrangers temporaires. Ottawa a depuis annoncé un moratoire sur le programme dans le secteur de la restauration. Le fédéral veut également apporter des modifications au programme, qui obligeraient les employeurs à payer davantage les travailleurs étrangers, et qui compliqueraient l’embauche dans les régions où le taux de chômage est élevé.
Ces changements nuiront aux employeurs de l’Atlantique qui utilisent ce programme pour combler les postes vacants. Nicole Druckman estime que le ministre canadien du Travail, Jason Kenney, ne comprend pas les difficultés des employeurs en Atlantique, et que les changements inquiètent beaucoup les employeurs.
Les auteurs du rapport du Conseil économique des provinces de l’Atlantique disent également qu’il sera plus difficile pour des entreprises en Atlantique d’utiliser le programme, en raison des changements proposés récemment.
Malgré cette hausse rapide du nombre de travailleurs étrangers au Canada atlantique, ces employés représentent seulement 1% du nombre total des travailleurs, soit moins que la moyenne nationale qui s’établit à 1,9%.
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RCI et Radio-Canada
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