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Comment le conflit entre Amazon et Hachette affectera-t-il l’avenir du livre

Le duel entre Amazon et Hachette, l’un des plus gros éditeurs mondiaux s’est envenimé. Ce conflit risque de changer fondamentalement ce que vous pourez lire et l’avenir du livre en général.

En pleine discussion de renouvellement de contrat avec Hachette, éditeur et important fournisseur, Amazon a décidé de livrer les ouvrages de l’éditeur français à ses clients dans un délai de 2 ou 3 semaines plutôt qu’une journée ou deux, comme cela se fait habituellement grâce à son service « One click ». Les prix ont, de plus, été subitement majorés de quelques dollars.

De surcroît, Amazon propose sur son site, pour ceux qui cherchent des publications éditées par Hachette, des offres similaires à moindre prix publiées notamment par Amazon ou autopubliées et immédiatement disponibles!

L’auteur de best-sellers, le Canadien Malcolm Gladwell a remarqué que ses livres n’étaient plus offerts sur Amazon. Inquiet, Gladwell, s’est renseigné auprès d’Amazon qui lui a indiqué que c’est son éditeur, Hachette qui ne les avait pas livrés. Ce que dément ce dernier catégoriquement.

L’auteur de best-sellers, le Canadien Malcolm Gladwell a remarqué que ses livres n’étaient plus offerts sur Amazon

L’auteur de best-sellers, le Canadien Malcolm Gladwell a remarqué que ses livres n’étaient plus offerts sur Amazon

Sachant qu’Amazon, la plus grande librairie au monde, peut contrôler jusqu’à 65 % du marché de distribution de livre et compte tenu de l’effritement des réseaux de libraires indépendants, ce bras de fer entre Amazon et Hachette inquiète les auteurs, les pouvoirs publics, les lecteurs et les éditeurs. Plusieurs ont exprimé leur mécontentement devant « ces pressions et l’abus de position dominante » de la part d’Amazon. Ce dernier a d’ailleurs été accusé plusieurs fois d’abus de position dominante. La dernière en date : Amazon a retiré les boutons « acheter » des titres édités par Macmillan qui avait refusé de baisser ses prix sur la liseuse Kindle à 9.99 $.

« Comme tous les régimes totalitaires, Amazon veut contrôler complètement votre accès aux livres. » a écrit sur son compte Twitter, Sherman Alexie, un autre auteur publié par Hachette.

« Une nouvelle étape a été franchie par le groupe de vente en ligne. Faire du chantage aux éditeurs en restreignant l’accès du public aux livres de leurs catalogues pour leur imposer des conditions commerciales plus dures n’est pas tolérable. C’est une menace pour les éditeurs, mais aussi pour les lecteurs et les auteurs, pris en otage… » a déclaré Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication en France.

« Un livre n’est qu’un produit…comme un jus d’orange »

Amazon répond à ces accusations par son souci « de satisfaire pleinement les besoins et les désirs de ses clients, en matière de lecture… »

Un argument endossé en partie par le magazine Forbes, qui croit que cette pratique, devenue habituelle, relève plus de la volonté des distributeurs d’imposer leurs conditions sur les fournisseurs. Elle n’est pas différente de la relation entre un producteur de jus d’orange qui négocierait avec Wal-Mart!

« Or, le livre n’est pas un produit comme les autres ; il est le vecteur des idées et des pensées. En empêchant des précommandes ou en allongeant les délais d’attente, Amazon empêche tout simplement des lecteurs d’avoir accès aux textes de leur choix ! », s’indigne la ministre Filippetti.

Suivant cette logique, plusieurs éditeurs et auteurs estiment qu’Amazon va préférer les publications à moindre coût et de piètre qualité aux livres à sujets audacieux, plus fouillés et dont le prix de revient est plus élevé.

Amazon, qui veut, certes, plaire aux investisseurs de Wall Street – dont certains ont montré leur impatience devant ses résultats financiers- essaie d’arracher des éditeurs plus de commissions (versés en argent sonnant pour que leurs livres soient listés sur Amazon) et des prix toujours à la baisse. Dans ce duel, l’image de marque d’Amazon a été relativement écorchée dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Quant à Hachette, elle doit essuyer des pertes financières dues à la suppression des précommandes et la désaffection de potentiels clients à cause des longs délais de livraison. La crédibilité de l’éditeur vis-à-vis ses auteurs est affectée. Son pouvoir de négociation ainsi que celui d’autres éditeurs qui transigent avec Amazon sont mis à rude épreuve.

Plusieurs éditeurs croient que si Hachette perd ce duel avec Amazon, ils devront comme les lecteurs, se conformer aux conditions dictées par le géant américain.

À suivre!

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Zoubeir Jazi
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Catégories : Internet, sciences et technologies
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