Eugene et Delicia Holman dans leur résidence de Port Coquiltam en Colombie-Britannique

Eugene et Delicia Holman dans leur résidence de Port Coquiltam en Colombie-Britannique
Photo Credit: Radio-Canada

Des enfants amérindiens retirés de leur famille d’accueil par les Squamish de Colombie-Britannique

Une famille de Port Coquiltam en Colombie-Britannique tente de récupérer la garde des trois enfants qu’elle gardait en foyer d’accueil alors qu’ils leur ont été retirés par des membres de la Première Nation Squamish de North Vancouver. Les enfants ont été depuis lors placés dans une autre famille d’accueil.

Delicia et Eugene Holman ont accueilli ces enfants – une fille de trois ans et deux garçons, l’un de quatre ans et l’autre de six ans – depuis presque leur naissance.

Le mois dernier des représentants de la nation Squamish les ont retirés aux Holman.

« Je croyais vraiment qu’ils seraient avec nous pour toujours » a déclaré Delicia Holman. Le couple est famille d’accueil depuis 2 000.

Eugene ajoute que « c’est comme de perdre un enfant. Ces enfants ont été avec nous toute leur vie à ce jour. C’est très dur.»

Une résurgence de notre culture

Les enfants ont été par le Ayas Men Men Child and Family Services, la composante d’aide à l’enfance de la nation Squamish.

La province de Colombie-Britannique a accordé soit des droits partiels, soit des droits complets à certaines nations autochtones sur son territoire en matière d’aide à l’enfance.

C’est le cas de la nation Squamish, la province lui ayant accordé un droit partiel en ce qui a trait aux enfants Sqwuamish qui vivent en foyers d’accueil.  Les Squamish par leur service d’aide à l’enfance approuvent le choix des familles d’accueil qui recevront leurs enfants dans le besoin. Par contre, ils ne peuvent pas faire enquête sur des cas d’abus ou de négligence ni intervenir dans ces situations. C’est la province qui le fait.

Les enfants ne sont pas rentrés chez les Holman après ce qui ne devait être qu’une nuit au sein de la communauté, afin de les préparer à un retour permanent au sein de la nation Squamish.

 Chef Ian Campbell de la nations Squamish de Colombie-Britannique
Chef Ian Campbell de la nations Squamish de Colombie-Britannique © Radio-Canada

Selon le chef Ian Campbell, être famille d’accueil pour des enfants des Premières Nations n’est pas une fin en soi et fait partie d’un processus de collaboration.

« Que les enfants reviennent dans leur communauté, c’est là notre but. Toujours. Ces enfants ne sont pas des étrangers ici. Le lien est maintenu et ils ne connaissent pas seulement ceux qui s’occupent d’eux.»

Le chef Campbell ajoute: « Nous tentons de faire revivre notre culture, malgré les impacts des années de colonialisme sur nos territoires. J’espère que nous arriverons à trouver un terrain d’entente dans ce dossier dans le meilleur intérêt des enfants. »

Des allégations d’abus et de gains financiers

Par contre, les Holman allèguent que c’est l’argent qui est au coeur du problème.

Pendant qu’ils reçoivent 1 800,00$ par mois de la province pour chacun des enfants, la nation Squamish reçoit aussi une somme don’t le montant n’est pas connu, dans la mesure où les enfants restent sous juridiction amérindienne.

Mais, les Holman ont déménagé de North Vancouver, où se trouve la réserve de la Première Nation Squamish, pour aller s’établir à Port Coquitlam à 25 kilomètres de là pour des raisons financières.

Selon eux, leur maison actuelle se trouve tout juste à la limite de juridiction de l’Ayas Men Men. Ils croient que la province peut prendre seule la charge des enfants et, de ce fait, couper les fonds versés à la nation.

Dans un document du ministère de l’Enfance et de la Famille de la province il est écrit que « dans le cas d’un changement de famille d’accueil,  les considérations géographiques et financières et les diverses compensations à accorder ne sont jamais des facteurs qui pris seuls peuvent décider du changement . »

Un cauchemar sociojuridique

Ce dossier soulève bien des questions légales. Où commencent les droits des Premières Nations  et où s’arrêtent-ils pour les familles d’accueil.

Me Lawyer Marnie Dunnaway pratique le Droit de la famille.

« Une enquête commence bien souvent par une série de plaintes plus ou moins insignifiantes, parfois mesquines. S’en suit une enquête pour abus. On se demande si tout est fait de bonne foi. J’ai beaucoup d’empathie pour la famille d’accueil, mais ce sont les enfants qui se retrouvent perdus dans ce dédale.»

Aujourd’hui, les trois enfants sont placés dans un autre foyer d’accueil, à North Vancouver. Ils se retrouvent en compagnie de trois cousins dans cette famille qui n’est pas amérindienne.

Les Holman promettent de se battre pour retrouver leurs enfants.

Catégories : Autochtones, Société
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