Les abeilles de Terre-Neuve au Canada atlantique suscitent de plus en plus d’intérêt auprès des biologistes du monde entier en quête de réponses au déclin de plus en plus prononcé des populations apicoles.
«Il y a effectivement un intérêt marqué pour ce qui se passe ici, souligne Dave Jennings, un des cadres au ministère provincial des Ressouces naturelles. Il y a de moins en moins d’endroits sur terre qui sont à l’abri des maladies qui affectent les abeilles. Terre-Neuve est l’un des rares de ces lieux.»
Les abeilles jouent un rôle primordial dans la pollinisation des arbres fruitiers, des champs de légumes et autres récoltes. Mais, les ruches font face à des facteurs de stress partout sur la planète, qu’il s’agisse d’invasions de parasites tels que le Varroa (Varroa destructor), un parasite acarien, les changements climatiques et l’usage accru des pesticides.
Selon le Canadian Honey Council ( trad.: Conseil canadien du miel), la population d’abeilles a chute de 35% au pays en trois ans.
Par contre, il semble que sur l’île de Terre-Neuve, cette tendance ne se manifeste pas.
Il y aurait sur l’île près d’une quarantaine d’apiculteurs avec des centaines de colonies. Un intérêt se développe dans la partie continentale de la province, le Labrador, pour l’apiculture, mais les longs hivers rigoureux avec les froids extrêmes qu’on y rencontre posent problème.
Une petite industrie en croissance
L’apiculture ne représente qu’une infime partie de l’agriculture terre-neuvienne, encore plus infime si on la compare à l’apiculture en général au Canada, mais elle est en croissance constante.
Le miel de fleurs sauvages est entre autres très prisé des consommateurs de l’île.
On ne note aucun cas de contamination parasitaire chez les apiculteurs de l’île, qu’il s’agisse du Verroa ou encore du Nosema ceranae ( une espèce de champignon microscopique unicellulaire parasite d’origine asiatique) qui s’attaquent aux abeilles.

De plus, l’absence de grandes exploitations agricoles de maïs ou de soja sur l’île de roche qu’est Terre-Neuve, couplée à la relativement courte saison de pousse fait donc que très peu de pesticides néoicotinoïdes sont épandus.
Une équipe internationale de 50 chercheurs le Groupe de travail sur les pesticides systémiques (Task Force on Systemic Pesticides) a récemment associé ces pesticides, chimiquement comparables à de la nicotine, à l’usage du DDT au cours des années ’60.
Il est évident que ces pesticides tuent les abeilles, disent-ils dans une étude de grande échelle.
L’avantage de la distance et de l’isolement
Il en va ainsi des mites. La relative distance de Terre-Neuve du continent fait que les maladies qui affectent les abeilles ailleurs au pays se déclareraient su l’île seulement si importées.
«Essentiellement, il est impossible d’importer des abeilles à Terre-Neuve à moins d’un permis, ajoute Dave Jennings. Cette restriction est sévèrement appliquée».
Les autorités sanitaires provinciales font appel à la coopération des apiculteurs dans ce dossier. Il en va aussi de l’importation des bourdons, essentiels pour la pollinisation des champs de canneberges et de bleuets.
De très rares exceptions
Selon Geoff Williams, chercheur émérite associé à l’Institut de la Santé des Abeilles de l’Université de Berne en Suisse, li y a très peu d’endroits sur Terre où les parasites Varroa , Nosema ceranae et autres sont absents. «À Terre-Neuve, nous pouvons déterminer avec précision à quoi ressemblaient les populations d’abeilles avec tout ce carnage. »
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