En 1848, les derniers survivants de l’expédition britannique menée par Sir John Franklin pour découvrir le Passage du Nord-Ouest abandonnaient les navires Erebus et Terror, demeurés prisionniers des glaces dans l’Arctique pendant un an et demi.
Ces bombardiers, pourtant renforcés pour la navigation dans cette région, ont présumément coulé dans les eaux glaciales, où ils pourraient avoir été bien préservés.
Mais on ignore tout de leur sort, car bien que les épaves aient été déclarées lieux historiques nationaux par le gouvernement canadien en 1992, elles n’ont jamais été retrouvées.
Défi de taille
Cinq expéditions ont été entreprises depuis 2008 pour les repérer et une sixième mission commence demain — la plus ambitieuse de toutes, selon Ottawa, puisque quatre navires seront mis à contribution cette fois-ci, un nombre record.
Divers ministères et agences dont Parcs Canada, Pêches et Océans Canada, la Garde côtière canadienne et la Marine royale canadienne participent à l’opération, de même que des partenaires privés et à but non lucratif.
Marc-André Bernier, chef du service d’archéologie subaquatique de Parcs Canada, explique que la tâche est complexe.
«On connaît le point d’abandon des navires parce que les coordonnées ont été laissées dans un cairn, un monticule rocheux, par l’équipage qui partait à pied pour essayer de se sauver, mais à partir de là on a à peu près pas grand chose pour comprendre ce qui est arrivé. On a les témoignages inuits qui ont été recueillis au 19e siècle qui nous donnent des indications. Tout ce qu’on sait, pour l’un des navires, c’est à l’ouest de l’île du Roi-Guillaume.»
Les expéditions antérieures ont permis d’identifier 1 200 kilomètres carrés de «zones à haut potentiel» et à en cartographier la moitié.
En plus de devoir explorer un très vaste territoire, les équipes doivent composer avec des conditions météorologiques changeantes et qui posent parfois problème.
D’ailleurs, les glaces rendent la navigation difficile présentement dans le détroit de Victoria.
Cette fois-ci, la bonne?
Le premier ministre du Canada, Stephen Harper, qui effectue en ce moment sa tournée annuelle dans le Nord, s’est joint à l’équipage du NCSM Kingston cette fin de semaine.
Il est convaincu que l’Erebus et le Terror aparaîtront, un jour, sur les images captées par les sonars. «Un jour, nous allons tourner quelque part et il y aura ce navire, avec le squelette de Franklin prostré sur le gouvernail. Nous allons le trouver,» a-t-il dit.
Si les bateaux n’ont pas été broyés par les glaces, Marc-André Bernier croit que la découverte pourrait être surprenante. «On a de bonnes raisons de croire qu’on pourrait retrouver à peu près tout. Dans le cas du HMS Investigator, qui a été abandonné lors d’une expédition en 1953 à la recherche de Franklin, on a retrouvé le navire dans seulement dix mètres d’eau et son contenu est intact.»
Et la valeur de ce qui pourrait toujours être à bord serait inestimable, affirme-t-il. «On pourrait retrouver, par exemple, des échantillons de la faune et de la flore qu’ils [Franklin et ses hommes] ont documentés au fil des voyages.»
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