Le 14 septembre dernier en Irak : le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, observe les positions de l'État islamique depuis un poste avancé kurde à Kalak.

Le 14 septembre dernier en Irak : le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, observe les positions de l'État islamique depuis un poste avancé kurde à Kalak.
Photo Credit: PC / Ryan Remiorz

Le Canada glisserait vers l’escalade militaire en Irak selon un ancien premier ministre

Jean Chrétien qui a dirigé le Canada de 1993 à 2003, sous la bannière du Parti libéral s’inquiète de la décision du gouvernement conservateur de Stephen Harper d’envoyer des forces spéciales dans le nord de l’Irak pour aider à combattre l’État islamique.

Lors d’une entrevue accordée à la radio de la CBC, M. Chrétien a affirmé que le Canada non seulement pourrait être entraîné vers l’escalade, mais que notre pays est désormais pleinement impliqué dans la campagne menée contre l’EI.

Il a également déclaré qu’il trouvait « un peu inhabituel » l’empressement du gouvernement Harper à affirmer que l’aide canadienne n’était pas une mission de combat.

L'ancien premier ministre Jean Chrétien. M. Chrétien avait refusé d'engager le Canada aux côté des États-Unis dans la guerre en Irak en 2003.
L’ancien premier ministre Jean Chrétien. M. Chrétien avait refusé d’engager le Canada aux côté des États-Unis dans la guerre en Irak en 2003. © Adrian Wyld/Canadian Press

Comme le Vietnam…

Jean Chrétien estime que la situation actuelle en Irak est similaire à la guerre du Vietnam, puisque là aussi, les États-Unis avaient commencé leur intervention avec « quelques conseillers ».

« Vous ne pouvez pas y être seulement en partie. Vous êtes engagé, ou vous ne l’êtes pas, a poursuivi M. Chrétien. L’autre camp sait que nous en faisons partie. Bien sûr, si vous refusez d’agir, vos partenaires diront que vous ne respectez pas votre promesse. »

Des garanties du Canada pour minimiser les risques d’une escalade

L’actuel premier ministre du Canada Stephen Harper a assuré que l’engagement canadien était limité à 69 membres des forces spéciales qui ne serviront qu’à conseiller et assister les forces irakiennes et les combattants kurdes qui résistent à l’EI dans le nord du pays.

Ce déploiement doit être réévalué d’ici maintenant une période de 30 jours.

Écoutez
Le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird à Kalak, en Irak.
Le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird à Kalak, en Irak. © PC/Ryan Remiorz

Aide-mémoire… 
Le Canada n’est pas le seul à se ranger aux côtés des États-Unis

  • La France va livrer des armes aux Kurdes irakiens. Des forces spéciales sont déjà déployées dans le pays, et Paris envisage de se joindre à des frappes aériennes américaines.
  • Le Royaume-Uni entend livrer des mitrailleuses lourdes et des munitions aux combattants kurdes. Les Britanniques leur ont déjà livré une aide non létale, notamment des gilets pare-balles comme s’apprête à le faire le Canada.
  • L’Allemagne espère livrer aux peshmerga 30 roquettes antichars, plusieurs milliers de fusils d’assaut et des grenades, ainsi que du matériel de déminage, des lunettes de vision nocturne, des cuisines de campagne et des tentes, ce qui devrait permettre d’équiper environ 400 combattants.
  • D’autres pays européens, comme l’Italie, la Pologne, le Danemark, l’Estonie et l’Albanie, fournissent également de l’aide aux combattants kurdes.

Les « infidèles » du Canada doivent eux aussi mourir selon l’EI

Dans un fichier audio d’environ 42 minutes distribué sur Twitter, le porte-parole de l’État islamique Abu Muhammad Al-Adnani a appelé dimanche les musulmans du monde entier à s’en prendre aux civils dans les pays qui lui ont déclaré la guerre, dont le Canada.

« Si vous pouvez tuer un infidèle américain ou européen – surtout un méchant et dégoûtant Français – ou un Australien ou un Canadien, ou n’importe quel autre infidèle parmi les infidèles qui nous font la guerre, incluant les citoyens des pays qui font partie de la coalition contre l’État islamique, fiez-vous à Allah et tuez-le d’une façon ou d’une autre ».

La montée de l’État islamique sera d’ailleurs à l’ordre du jour à l’Assemblée générale de l’ONU cette semaine, à New York.

Un combattant de l'État islamique en Irak et au Levant  Photo :  Reuters

Un combattant de l’État islamique en Irak et au Levant Photo : Reuters

Liens externes

Harper défend ses livraisons d’armes à l’Irak pour lutter contre les islamistes – Radio-Canada

Jean Chrétien says Canada is all in on Iraq mission – CBC News

Le Canada est « bel et bien » engagé en Irak, soutient Jean Chrétien – Radio-Canada

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