Un ours polaire en Arctique

Un ours polaire en Arctique
Photo Credit: IS / iStock

Un vrai casse-tête polaire: l’Arctique se réchauffe, un record pour les glaces antarctiques

C’est un vrai casse-tête auquel sont confrontés les chercheurs et climatologues: pourquoi les glaces arctiques en général sont-elles en fort recul alors qu’elles atteignent un sommet en Antarctique cette année?

Devant toute l’attention portée aux changements climatiques et au réchauffement planétaire, les données glaciaires de l’Antarctique de cette année semblent être carrément contre-intuitives.

Pas si vite, disent les scientifiques qui étudient les fluctuations des niveaux des glaces polaires.

« Nous devons considérer ces phénomènes dans le contexte global de ce qui est en train de se passer sur notre planète » de dire Mark Serreze, directeur du National Snow and Ice Data Centre (trad. : Centre national des données neigeuses et glaciaires) des États-Unis et professeur au département de Géographie de l’Université de Colorado Boulder.

Le centre qu’il dirige a rapporté que la surface couverte de glace en Arctique cette année est au sixième niveau le plus bas depuis que l’on a commencé à enregistrer des données satellitaires en 1979.

En date du 17 septembre, les glaces arctiques ne couvraient cette année que cinq millions de kilomètres carrés.

« La tendance lourde que nous observons va dans le sens d’une réduction de la couverture glaciaire en Arctique d’année en année. Il semble que l’océan Arctique sera libre de glaces en été vers le milieu du siècle et peut-être même aussi tôt qu’en 2030, » a déclaré monsieur Serreze.

Pendant ce temps, les glaces entourant le continent antarctique ont atteint une extension maximale, même au 22 septembre – début du printemps austral – atteignant  20, 1 million de kilomètres carrés, soit 1,54 million de kilomètres carrés de plus que la moyenne enregistrée des années 1981 à 2010.

Différences géographiques

« Les changements climatiques ont des effets percutants tant en Arctique qu’en Antarctique, notamment sur les conditions des glaces en eaux salées » souligne David Barber, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en Sciences des systèmes arctiques à l’Université du Manitoba.ceos_logo_2006

« La grande différence réside dans le fait que l’Arctique est un océan entouré de terres alors que l’Antarctique est un continent ceint d’un océan.»

Ironie glaciaire

L'Arctique est plus sombre à cause de la fonte des glaces.(Associated Press)

L’Arctique est plus sombre à cause de la fonte des glaces.(Associated Press)

Quand les chercheurs canadiens ont trouvé les épaves de deux vaisseaux de l’explorateur Franklin dans le Grand Nord canadien cet été, on peut affirmer que cette découverte s’est faite dans un contexte « d’ironie glacée » dans les eaux très froides du golfe de la Reine-Maud.

Des conditions glaciaires difficiles plus au nord dans le détroit de Victoria, là où les recherches devaient s’effectuer, ont forcé l’équipe de recherche à concerter ses efforts plus au sud, là où le NSM Erebus a finalement été trouvé.

« Il est intéressant de constater qu’aujourd’hui, tout comme à l’époque, nous faisons face aux caprices de la glace et des conditions météorologiques en Arctique » ajoute Mark Serreze du National Snow and Ice Data Centre des États-Unis.

« Sur plusieurs points, nous sommes aujourd’hui confrontés aux mêmes problèmes auxquels faisait face l’équipage de Franklin à son époque.»

Quand le couvert glaciaire se résorbe, la surface de l’eau libérée change de teinte, passant d’un blanc éclatant à un gris très foncé.

« Ainsi, plus d’énergie solaire peut pénétrer la surface de l’eau et se diriger vers les différentes couches d’eau de l’océan, ce qui accélère d’autant le processus de réchauffement » ajoute le professeur Barber de l’Université du Manitoba.

Par contre, en Antarctique, le scénario est différent.

« De fait, ce qui se passé en Antarctique nous cause une certaine surprise. Mais nous devons considérer toutes ces données dans leur ensemble, « ajoute Mark Serreze.

Arctique
Arctique © Presse canadienne

Quelles sont-elles?

Les variations de température de l’air sont en hausse; la température des océans est également à la hausse; les niveaux des océans aussi; les changements des types de végétation en Arctique et ailleurs.

« Nous constatons encore et encore un ensemble cohérent de changements qui nous disent tous que le climat se modifie, que la planète se réchauffe et que l’homme est la cause principale de tout ça,» martèle Mark Serreze.

« Celà dit, il y a encore des aspects de ces changements qui nous échappent. Ce qui se passe en Antarctique en est un exemple. »

Plusieurs théories

La science n’a peut-être pas toutes les réponses pour l’instant, mais de nombreuses théories et recherches tentent d’éclaircir le mystère.

Iceberg en Antarctique
Iceberg en Antarctique © IS/iStock

« Dans l’Antarctique, les changements climatiques ont deux effets évidents sur les glaces de l’océan, » souligne David Barber.

L’un d’eux est l’augmentation des volumes de neige qui se déposent sur le couvert glaciaire antarctique, ce qui a pour effet d’accroître le couvert de glace en son centre tout en causant une perte de masse glaciaire aux marges.

Il y a donc beaucoup plus d’icebergs autour du continent antarctique.

« Ces icebergs ralentissent le mouvement des glaces océanes, ainsi augmentant leur croissance si j’ose dire » ajoute le professeur Barber.

L’effet second constaté est une augmentation soutenue de la fonte en été, ce qui augmente la quantité d’eau douce qui se déverse dans l’océan.

« Cette eau douce gèle beaucoup facilement à l’automne en raison de sa faible salinité, souligne le professeur Barber. Donc, ce phénomène augmente la croissance de la glace en océan.»

Du même souffle, les deux chercheurs affirment que des données supplémentaires doivent être colligées afin d’arriver à comprendre comment les modèles météorologiques affectent le couvert glaciaire en Antarctique.

Pourquoi?

« Nous savons que des changements météorologiques s’opèrent en Antarctique et que ces changements concordent avec l’augmentation du couvert glaciaire, » dit le professeur Barber.

« La vraie question est de savoir pourquoi constatons-nous ces changements des profils météorologiques du pôle austral?»

« Quand je parle de profils météorologiques, je pense surtout aux vents. Les vents peuvent faire bouger les glaces; les vents peuvent être chauds ou froids. Ce sont des conditions qui affectent le couvert de glace. »

En Arctique, de dire l’américain Serreze, les scientifiques doivent focaliser leurs recherches sur des façons d’obtenir de meilleures prévisions saisonnières sur les aspects possibles des glaces.

« Il y a cette tendance à la réduction du couvert de glace en Arctique à laquelle nous devons ajouter un ensemble de variations tant à la hausse qu’à la baisse. Comme l’activité humaine est à la hausse en Arctique et que c’est une tendance lourde, nous devons comprendre toutes ces variations. »

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