« Si nous en découvrons dans notre processus d’immigration, ils seront refusés. » Ainsi s’exprimait le ministre canadien de l’Immigration, Chris Alexander, lors du dépôt mercredi, par le parti conservateur au pouvoir, d’un projet de loi visant à protéger les femmes et les filles contre la violence et la polygamie.
« L’intention du projet de loi est de mettre fin aux mariages précoces et forcés, de mettre fin à la polygamie, notamment dans le programme d’immigration. […] De détecter [les polygames] et d’obliger ces gens à quitter le pays. Aussi, les meurtres commis au nom de l’honneur seront traités comme des meurtres, et non pas comme des actes criminels avec une dimension culturelle qui doit adoucir la réponse », a précisé le ministre Alexander en conférence de presse.
Selon lui, il y a « au moins des centaines » de cas d’unions polygames chez les immigrants au Canada, mais ces changements législatifs vont augmenter la capacité des autorités d’immigration à sévir contre ces unions.
Plusieurs fois lors de son discours, le ministre a souligné que les valeurs canadiennes ne pouvaient accepter les « pratiques barbares ».
« Les Canadiens de souche et les nouveaux Canadiens savent qu’ils peuvent vivre en sécurité, car notre pays se fonde sur des principes familiers, que les Néo-Canadiens ne connaissent pas, mais dont ils ont faim : la primauté du droit, la liberté, ce respect de la dignité humaine que nous avons si fréquente ici. »— Chris Alexander

La nouvelle législation n’inclura toutefois pas la question des mariages arrangés.
Chris Alexander a notamment déploré l’affaire Shafia, très médiatisée, qui était liée à un crime d’honneur. Le père, la mère et le frère de la famille Shafia, originaires de l’Afghanistan, ont été reconnus coupables il y a près de trois ans d’avoir noyé les trois des filles du couple, Zainab, Sahar et Geeti ainsi que la première épouse de Mohammad Shafia.
Après avoir longuement parlé de l’importance des réalisations des femmes immigrantes pour leur pays d’accueil, le ministre a également rappelé les millions de dollars qui avaient été investis par son gouvernement pour aider les femmes immigrantes à sortir de la violence. Il a notamment donné comme exemple la réalisation d’un guide d’orientation, ainsi que la mise sur pied d’un groupe de travail interministériel sur le sujet.
« Nous allons nous tenir debout pour protéger l’intégrité physique et psychologique des femmes immigrantes, et même davantage, pour assurer leur essor et leur épanouissement sans limites, ici, sur le sol canadien », a lancé M. Alexander.

Mécontentement à l’international?
La nouvelle loi risque de ne pas être très bien reçue dans certains pays arabes et africains, selon ce que suggère une note d’information interne du gouvernement. La note rappelle que la polygamie est légale dans des dizaines de pays. Les nouvelles règles « vont certainement créer des irritants bilatéraux, la polygamie étant reconnue par le droit civil dans 50 pays (comme les Émirats arabes unis) et en vertu du droit coutumier dans 12 pays (comme en Afrique du Sud) », stipule le document.
RCI avec Radio-Canada et la Presse Canadienne
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