Daryl Lacey, au centre, est garde-parc au Dhimurru Indigenous Protected Area dans les Territoires du Nord en Australie. Tous les rangers de la photo sont membre de la nation aborigène australienne Yolngu.

Daryl Lacey, au centre, est garde-parc au Dhimurru Indigenous Protected Area dans les Territoires du Nord en Australie. Tous les rangers de la photo sont membre de la nation aborigène australienne Yolngu.
Photo Credit: Daryl Lacey

Des aborigènes australiens parlent de stratégie environnementale dans les Territoires du Nord-Ouest

Daryl Lacey est bien au fait des défis qui se présentent quand contraintes environnementales et développement économique s’affrontent.

Il y a une vingtaine d’années, des aînés de la communauté d’origine de Daryl Lacey s’inquiétaient des impacts potentiels qui surviendraient dans la foulée du développement minier sur leurs terres ancestrales.

« Les employés de la mine roulaient partout, dans nos communautés, sur nos terres sacrées, là où ne voulions pas qu’ils aillent.»

Daryl Lacey est membre de la nation Yolngu des Territoires du Nord en Australie.

Les Yolngu ont mis sur pied une organisation appelée Dhimurru dont le mandat est de voir au maintien et au respect de leurs terres ancestrales dans le cadre du développement économique entrepris par le gouvernement territorial et par des entreprises minières.

Dhimurru est aussi le nom d’un des 60 territoires protégés (Indigenous Protected Areas) créés en partenariat avec le gouvernement de l’Australie. Ces territoires représentent une superficie de 48 millions d’hectares de tout le pays, soit un peu plus de 1% de l’ensemble du territoire. (L’Australie a une superficie totale de 7 692 024 kilomètres carrés).

Patrick O’Leary, qui travaille au Pew Charitable Trust, une ONG qui vient en aide aux populations autochtones dans la gestion des terres protégées, affirme que la désignation de « territoire protégé » est une décision volontaire qui doit être prise par les propriétaires traditionnels des terres désignées.

« Il n’y a pas de cession de terre, ni de don ni de bail ou location. Ce sont des terres à être gérées par eux-mêmes.»

Des autochtones des Territoires du Nord-Ouest ont manifesté un grand intérêt dans la méthode aborigène australienne de gestion de territoire protégé. Les TNO regorgent de diversité écologique et de richesses minières.

C’est pourquoi une équipe d’experts australiens, dont Patrick O’Leary et Daryl Lacey ont fait part de leurs expériences, réussites et défis la semaine dernière à Yellowknife et à Lutsel K’e (territoire déné) la semaine dernière.

logoLa Première Nation Lutsel K’e Dene négocie présentement avec les gouvernements, fédéral et territorial, la création d’un territoire protégé, Thaidene Nene—  terre des ancêtres – qui serait aussi un parc national canadien de 33 000 kilomètres carrés sur les rives de l’est du Grand Lac des Esclaves.

« Tout comme en Australie, les régions éloignées au Canada affichent des taux de chômage élevés, des problèmes sociaux afférents. Reste que les gens sont profondément attachés à leurs terres et en connaissent un bon bout en gestion territoriale. Il y a donc des parallèles intéressants à établir, » constate Patrick O’Leary.thaidene-nene-map-big

Dans le contexte d’une entente pour la création d’un territoire indigène protégé, les aborigènes gèrent la conservation de la biodiversité et des ressources culturelles en échange de fonds fédéraux australiens.

Par contre, ajoute Patrick Lacey, une entente du genre offre beaucoup plus que des gains en termes environnementaux et culturels. La gestion du territoire désigné permet aux communautés aborigènes d’afficher des gains en santé, en éducation et en emplois.

Dhimurru crée de l’emploi chez les Yolngu. Treize gardes-parcs et une vingtaine de personnes y travaillent à plein temps.

Les gardes-parcs (rangers) servent aussi d’exemple au sein des communautés Yolngu. De fait, un emploi stable apporte une certaine sécurité aux familles. En travaillant auprès d’autres rangers, aborigènes ou non, ils sont aussi des passeurs de traditions, qu’elles soient environnementales ou culturelles.

Certains aborigènes ont créé des entreprises touristiques. De plus, l’essentiel des fonds fédéraux australiens est dépensé localement, ce qui améliore les conditions d’emploi et d’entreprenariat au sein des communautés.

Ces rencontres se sont tenues une semaine avant le World Parks Congress en Australie, un congrès international où, jusqu’au 19 novembre, il sera question de programmes de protection territoriale et de partenariats dont celle du Thaidene Nene.

Catégories : Autochtones, Économie, Environnement et vie animale, International, Société
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